Levées de fonds : La recette gagnante des PME morbihannaises

Levées de fonds : La recette gagnante des PME morbihannaises

S'abonner
Tiwal, Ocean Serenity, Localismarket, et 727 Sailbags ont un point commun. Au moment de financer leur croissance, leurs dirigeants ont opté pour la levée de fonds. Une tendance forte dans le Morbihan. Zoom sur les facteurs clés et les écueils à éviter pour réussir.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Créer, se développer, croître et se financer oui mais comment ? Dans le Morbihan, plusieurs entreprises montantes, ont opté pour la levée de fonds. Ces entrepreneurs locaux ont ainsi financé leur développement. Ils nous livrent leurs conseils et les erreurs à éviter.




L'amorçage en local

Jeune pousse, Ocean Serenity est spécialisée dans la location de voiliers via une plateforme web. Son développement est rythmé par les levées de fonds. Après avoir levé 100.000 € l'été dernier auprès d'actionnaires privés. La start-up vannetaise a réalisé une seconde levée de fonds de 90.000 € auprès des mêmes actionnaires. Et déjà, elle se prépare à aller plus loin « Nous venons de renforcer nos fonds initiaux et nous visons un troisième tour de table financier cet hiver. L'objectif est de lever entre 200 et 300.000 € soit auprès de business angels ou d'investisseurs privés », dévoile Alex Picot, président de la start-up. Pour son premier exercice, l'entreprise vise un CA avoisinant les 100.000 €.






Une levée de fonds... sur le fil

La société Tiwal, basée à Vannes a bouclé sa première levée de fonds en mars. Elle a sollicité Newfund, un fonds d'investissement à hauteur de 500.000 €. La PME produit un dériveur gonflable innovant, le Tiwal 3.2. Si elle a multiplié par six son CA (650.000 € prévus en 2014) en un an, l'entreprise a toutefois frôlé la ligne rouge. « Nous avions besoin de stocks. Je devais acheter de quoi fabriquer mes dériveurs pour affronter l'afflux de commandes de la saison. À quelques semaines près, ça passait ou ça cassait, » affirme Emmanuel Bertrand, fondateur de la société avec Marion Excoffon. « Nous avons commencé nos recherches d'investisseurs en juin 2013, et nous pensions boucler l'opération à l'automne. Mais aucun investisseur privé n'a manifesté d'intérêt pour notre projet. Pourtant nous avons fait le tour de la place. Nous avons un dossier béton : les commandes sont là, les prix et récompenses aussi, et les perspectives sont alléchantes. Nous prévoyons de multiplier par trois notre CA l'an prochain. C'est grâce à un contact du Réseau Entreprendre que nous avons réussi. » Question de montant, de risque, ou tout simplement de conjoncture ? « Un peu de tout cela, mais je distingue une mode chez les financiers. Malgré le caractère innovant de notre produit, nous restons sur un schéma industriel "classique", avec un taux de rentabilité "normal". Or les financeurs cherchent de plus en plus à miser sur un gros jackpot, plutôt que d'investir dans plusieurs projets », déplore Emmanuel Bertrand. Le dirigeant distingue un autre phénomène que connaissent les entreprises, et que le gotha financier appelle : la Vallée de la mort. Il s'agit des levées de fonds comprises entre 300.000 et 500.000 €. « C'est simple, il n'y a personne qui veut s'y aventurer. » Devant la frilosité des banques, Tiwal pense diversifier ses interlocuteurs bancaires et émet quelques regrets. « Si c'était à refaire, j'irai directement aux Etats-Unis avec le projet », assène Emmanuel Bertrand. Il vient d'ailleurs d'y ouvrir une filiale, Tiwal Corp.




Patience est gage de levée

Parfois, tout ne se passe pas aussi rapidement que prévu. À Lorient, Localismarket, la plate-forme web qui rassemble des commerçants en favorisant la proximité, pensait clore son troisième tour de table cet été. « Nous voulons lever entre 700.000 € et 1,5 M€. Ce sera sans doute pour la fin de l'année », confie Christophe Fournier, P-dg de Localismarket. La raison ? Outre la torpeur estivale, le montant du ticket visé nécessite de s'adresser à une autre cible d'investisseurs. « Nos partenaires historiques que sont Bretagne Sud Angels, Kreizhig et Octave II, sont locaux. Là, nous nous adressons à des régionaux comme Go Capital ou des fonds parisiens. C'est plus long, ils veulent plus de garanties. »

Et qui dit contretemps dit aussi ajustements. « En ce qui nous concerne, c'est plus compliqué en terme de trésorerie. C'est un vrai travail d'équilibriste. » Sagement, la start-up a revu certaines ambitions comme des dépenses en marketing qu'elle ne fera pas dans l'immédiat. « Cette levée de fonds est importante. Il n'y a pas beaucoup d'exemples de réussite dans les start-up sans levées de fonds. »






Partie remise chez 727

Chez Greensails, la société détentrice de la marque 727 Sailbags, on temporise. La levée de fonds, prévu pour la fin de l'été, n'a pas encore abouti. Mais ce n'est que partie remise, et Erwann Goullin, dirigeant de la société aux côtés d'Anna Beyou et Jean-Baptiste Roger, compte la boucler d'ici l'automne. La PME (1,46 millions d'euros de chiffre d'affaires, 20 salariés), spécialisée dans le recyclage de voiles de bateaux en accessoires et mobiliers, cherche à collecter 1,5 M€, en deux étapes. Cette somme vise à développer l'export, la production et le pôle commercial, densifier le réseau de revendeurs, les franchises et les boutiques en propre, et embaucher. Erwann Goullin regrette « qu'on ne fasse pas assez confiance aux jeunes dirigeants. Pourtant notre société est rentable et reconnue. »