Les ports lorrains se sont trouvés un avenir en commun
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Les ports lorrains se sont trouvés un avenir en commun

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Croissance du trafic de 2% par an, investissement de 30 millions d'euros sur dix ans : en décrochant la gestion des 11 ports sur la Moselle canalisée, la CCI Grand Nancy Métropole, alliée à ArcelorMittal et CFNR Transport, veut redonner toute sa place à la voie d'eau en Lorraine.

Pour relancer le trafic, la société des Ports de Lorraine compte notamment sur le développement des conteneurs — Photo : © VNF

Le 1er janvier 2021, le long des 160 kilomètres de la Moselle canalisée, les onze ports lorrains seront pilotés par un opérateur unique, la société des Ports de Lorraine, instance opérationnelle détenue à 55 % par la CCI Grand Nancy Métropole, à 30 % par CFNR Transport, filiale du groupe allemand Rhenus Logistics, et 15 % par le sidérurgiste ArcelorMittal.

Une évidence pour relancer le trafic fluvial sur un axe où la quantité de marchandises manutentionnées a été divisée par deux en dix ans, pour atteindre 4,2 millions de tonnes ? « C’est une opération sans précédent en France », affirme Jean-Marc Thomas, le directeur général de CFNR Transport : un coup d’œil de l’autre côté de la frontière, en Allemagne, montre que des opérations mêlant public et privé ont donné des résultats. « Ailleurs, ça a fonctionné. Maintenant, il faut aller au-delà des différences culturelles et des plans d’affaires. Il faut arriver à se faire confiance », estime Jean-Marc Thomas.

De la confiance bâtie sur un montage complexe, dans lequel les Voies navigables de France (VNF) ont voulu laisser les mains libres aux opérateurs privés. L’opérateur économique, la société des Ports de Lorraine, disposera de 51 % des parts de la Société d’économie mixte à opération unique, la Semop, instance de gouvernance qui devra gérer le foncier et investir dans la modernisation des équipements. Au capital de cette Semop, en plus de la société des Ports de Lorraine, se trouvent la Caisse des Dépôts et Consignations (15 % des parts) ainsi que le Syndicat mixte de gestion des Ports Lorrains (34 %), l’instance politique composée de la Région Grand Est et des VNF qui a attribué la délégation de service public à la Semop.

30 millions d’euros d’investissement

Lancé il y a plus de deux ans et demi, le processus lancé par les Voies navigables de France (VNF) et la Région Grand Est avait une ambition : mettre fin à la concurrence stérile entre les ports lorrains sur la Moselle pour, au contraire, jouer les complémentarités. Aujourd’hui, les neuf ports publics et les deux privés, appartenant au groupe ArcelorMital, ont désormais des objectifs en commun : une croissance de 2 % par an du trafic pendant les 30 ans de la durée de la concession, soit un trafic ramené à près de 8 millions de tonnes par an.

« C’est tout à fait possible », estime Pascal Gauthier, le directeur des VNF pour le Grand Est. « On pourrait tripler les volumes sur la Moselle à grand gabarit sans problème. » Pour tenir son objectif, la société des Ports de Lorraine a prévu d’investir 30 millions d’euros sur dix ans, dans la modernisation des installations et la création d’équipements.

Rappelant que le développement de la plateforme multimodale de Champigneulles (Meurthe-et-Moselle), relancée par la CCI, a permis d’éviter la circulation sur l’A31 d’environ 40 000 camions par an, le président de la CCI Grand Nancy Métropole, François Pélissier, s’est montré confiant dans le succès de l’opération : « Le transport fluvial, c’est moins de CO2, c’est être en phase avec les attentes de la population ».

La société des Ports de Lorraine va employer environ 70 personnes, pour un chiffre d’affaires annuel qui devra tourner autour de 10 millions d’euros. « Mais l’effet de levier sur l’activité générée va être important, puisqu’on devrait atteindre les 120 à 130 millions d’euros », précise Jean-Marc Thomas. Impliqué dans le consortium visant à promouvoir les ports lorrains, le dirigeant des Transports Vigneron, Joël Vigneron, s’est impliqué dans le développement de la plateforme multimodale de Champigneulles et estime aujourd’hui « fantastique » de relancer la voie d’eau : « Pendant des années, on a perdu de l’argent avec le train. Maintenant, ça commence à bien marcher, donc il faut y croire et être patient ».

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