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Le spécialiste des produits d’hygiène Saraya maintient son investissement dans la Meuse
Meuse # Industrie # Investissement

Le spécialiste des produits d’hygiène Saraya maintient son investissement dans la Meuse

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L’investissement de 10 à 15 millions d’euros planifié sur le site de Saraya Europe à Velaines (Meuse) devrait conduire l’entreprise à doubler ses effectifs d’ici fin 2021. Le dirigeant de cette PME de 63 salariés a eu la clairvoyance d’arrimer sa société à un groupe familial japonais spécialiste de l’hygiène des produits de désinfection des hôpitaux et de l'hygiène publique au Japon.

Les ateliers de l’entreprise devraient passer de 15 000 à 20 000 m² à l’horizon fin 2021 — Photo : © Google

La crise sanitaire ne bouleverse pas les plans du spécialiste des produits d’hygiène Saraya Europe à Velaines, dans la Meuse. Bien au contraire. L’épidémie de coronavirus a même donné un coup d’accélérateur au programme de 10 à 15 millions d’euros d’investissement porté par cette PME de 63 salariés. Elle anticipe un doublement de ses effectifs au cours des dix-huit prochains mois. En toile de fond, c’est une étonnante success story industrielle ou comment l’entreprise Avenir Détergence Lorraine s’est arrimée il y a trois ans au groupe familial Saraya (3 000 personnes) un des leaders des produits de désinfection des hôpitaux et de l’hygiène publique au Japon.

L’entreprise est plutôt discrète : pourtant ses lessives, liquides vaisselles, nettoyants multi-usages, sont disponibles en grandes surfaces sous ses marques Actae et Actae Verde, mais également en marques de distributeurs. Les détergents de Saraya sont également très présents dans la distribution professionnelle. Par ailleurs, l’entreprise lorraine s’est dernièrement diversifiée dans la production de désinfectants de surface et de savons à base végétale en grands conditionnements.

La production de solutions hydroalcooliques figurait dans les cartons de la filiale meusienne. Mais la mise en route des chaînes de fabrication n’était pas planifiée avant 2021. « Dès l’entrée en phase de confinement, le 17 mars, nous avons intégré les mesures barrière et la totalité des personnels ont accepté de rester à leur poste malgré le contexte hyperanxiogène », salue Richard Clutier, le président de Saraya Europe.

Pedigree japonais

Dans l’urgence, les ateliers de Velaines ont ainsi pu être adaptés afin de transformer et conditionner quotidiennement 80 000 litres de produits antiseptiques pour le nettoyage des mains. Objectifs : produire de gros conditionnements de 20 à 1 000 litres, mais également des moyens formats de 500 millilitres.

« L’effort a atteint son maximum début avril. Aujourd’hui, nous constatons un engorgement du marché, dans la mesure où un décret est venu lever les barrières réglementaires encadrant la production de biocides en France. Ce texte visait à autoriser un grand nombre d’acteurs à fabriquer des solutions hydroalcooliques dans le contexte d’état d’urgence sanitaire. Le marché devrait se recentrer fin août avec la levée du décret », poursuit le dirigeant. Parallèlement, Saraya Europe accompagne la montée en puissance des ventes de distributeurs sans contact de savons et produits d’hygiène. En un mois, Saraya Europe a atteint ses chiffres 2019. Au point que sa maison mère souhaite désormais que sa filiale trouve un partenaire européen pour fabriquer ce produit importé d’Asie.

Les chantiers ne manquent pas pour le site meusien qui joue à plein la carte de son pedigree japonais, un pays mondialement réputé pour le degré d’hygiène de sa population. « L’adjonction d’agents gélifiants n’est pas nécessaire dans les solutions hydroalcooliques. Il y a certes un côté pratique lorsqu’on conserve un flacon dans son sac à main. Mais les agents gélifiants présentent le désavantage de rester sur les mains après usage et sont susceptibles de créer un terrain plus propice au développement de nouvelles bactéries. C’est pourquoi, Saraya préconise l’usage de produits contenant les ingrédients strictement nécessaires », expose Richard Clutier.

D’une épidémie à l’autre

L’enveloppe de 10 à 15 millions d’euros mise sur la table par Saraya pour développer sa filiale européenne vise à accroître l’ensemble de ses gammes via l’extension de 15 à 20 000 m² de ses ateliers prévus d’ici un an et demi. Elle va également lui permettre de s’engager sur le marché à haute valeur ajoutée de la désinfection de matériels médicaux et chirurgicaux.

Le groupe Saraya a vu le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour combattre une crise sanitaire, celle liée aux lacunes d’assainissement, aime rappeler Richard Clutier, en écho à la situation épidémique actuelle. L’adossement de sa société fondée en 1995 à son aînée asiatique est une histoire de rencontre. Le président d’Avenir Détergence Lorraine cherchait en effet à donner un nouveau souffle à son entreprise de 30 salariés un peu à l’étroit sur son marché des détergents pour le linge, la vaisselle, le linge, le nettoyage des surfaces. « Notre activité très dépendante de la distribution se résumait à une guerre des prix. Il était important de nous déployer dans des secteurs plus techniques, impliquant un savoir-faire reconnu, moins accessible », analyse-t-il.

De son côté, le groupe familial de 3 000 salariés pour un milliard de chiffre d’affaires, était en quête de marges de croissance en dehors du Japon, en plein recul démographique. Après avoir créé des filiales en Asie Pacifique, ainsi qu’aux États-Unis, son président Yusuke Saraya recherchait un pied à terre en Europe. Après la prise de participation majoritaire dans Avenir Détergence Lorraine en 2017, il a également acquis une société en Pologne. Dans la Meuse, le groupe devrait atteindre fin 2020 une capacité de production de 70 millions de litres de produits d’hygiène.

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