Ille-et-Vilaine
Les escaliers Hallou en ordre de marche pour remonter la pente
Ille-et-Vilaine # Industrie

Les escaliers Hallou en ordre de marche pour remonter la pente

S'abonner

La société Hallou, à Saint-Aubin-du-Cormier, fabrique des escaliers sur-mesure depuis 1930. Reprise à la barre du tribunal en 2018 par le groupe Evolem, la PME bretillienne investit pour se remettre en ordre de marche et renouer avec la croissance.

Hallou fabrique des escaliers sur-mesure haut de gamme — Photo : © Virginie Monvoisin

Hallou, à Saint-Aubin-du-Cormier, s’apprête à passer d’un modèle artisanal à un modèle plus industriel. Ce qui ne veut pas dire pour autant que la PME va multiplier le nombre d’escaliers qu’elle produit chaque année. « Nous fabriquons entre 400 et 500 escaliers sur mesure par an. Mais ce sont des objets haut de gamme, qui nécessitent beaucoup de temps de travail et un savoir-faire manuel, explique Frédérik Flament, le nouveau directeur général de l’entreprise, arrivé à sa tête en janvier 2019. Notre objectif est d’abord de changer nos process pour assurer nos délais et maîtriser nos prix ».

L’entreprise, qui emploie 23 salariés, a en effet derrière elle un passif compliqué. Créée près de Fougères en 1930, Hallou a d’abord travaillé le bois pour fabriquer des roues de charrettes et des tonneaux. Puis, elle s’est spécialisée dans la fabrication d’escaliers, pour lesquels elle façonne un bois arrivé brut (chêne, frêne, hévéa…). Mais avec le temps, et malgré son savoir-faire, elle passe entre les mains de plusieurs dirigeants au gré de liquidations judiciaires… De nouveau dans la difficulté, elle est finalement rachetée à la barre du tribunal de commerce en juillet 2018, par la société d’investissement lyonnaise Evolem (holding industriel employant 8 300 salariés pour un chiffre d’affaires d'1,4 milliards d’euros). Celle-ci avait déjà fait l’acquisition, il y a quelques années, des escaliers Magnin (40 salariés ; 5 M€ de CA), dans la Loire. « Ils proposent des produits d’entrée de gamme, souligne Frédérik Flament. Leur activité est donc complémentaire de la nôtre, puisque nous nous positionnons sur des escaliers haut de gamme, atypiques et sur-mesure. Evolem va nous permettre de travailler en synergie. Mais ce n’est pas la seule raison qui a poussé le lyonnais à reprendre Hallou. Il a aussi cru en notre savoir-faire. »

Un savoir-faire de menuisiers

Au sein de l’entreprise bretillienne, les 10 collaborateurs qui travaillent en atelier sont tous menuisiers, ce qui est assez rare dans le secteur, où les machines à commande numérique ont souvent remplacé les petites mains… C’est d’ailleurs en partie ce qui a perdu Hallou dans le passé. « Il y a les compétences, mais l’organisation manquait, ce qui entraînait un non-respect des délais », analyse Frédérik Flament, bien décidé à remettre de l’ordre dans la fabrication. C’est, selon lui, la première étape à franchir pour retrouver le chemin de la croissance.

« Nous avons revu tous nos processus, depuis le bureau d’études jusqu’à la production, en passant par l’ordonnancement des affaires, détaille le dirigeant. Nous fonctionnons en équipe, programmons des réunions de planification demandant l’implication de tous, du menuisier au commercial, jusqu’à la direction. L’objectif est, à tout prix, d’assurer les délais. Les clients ont du mal à nous refaire confiance car il y a un passif. À nous de leur redonner cette confiance. » Pour y parvenir, un nouveau logiciel commercial a, par exemple, été intégré. Il est en cours de déploiement. « Une fois que l’ensemble des briques seront construites, nous pourrons y saisir les commandes, et calculer le prix de revient très précisément, en lien avec le travail du bureau d’études ». À la clé : une production plus efficace et des marges maîtrisées.

Élargir les cibles géographiques

Hallou a également remis en état son outil de production, en investissant dans ses machines. Un passage obligé, qui a demandé « plusieurs centaines de milliers d’euros à fin 2019, indique Frédérik Flament. 30 000 euros sont également nécessaires sur 2020 pour la partie marketing et la refonte de notre site internet notamment, pour augmenter le nombre d’appels entrants ». La reconquête de clients passera aussi par un travail de communication autour de la marque Hallou et de ses produits. L’entreprise veut atteindre différents marchés, avec une image unifiée et retravaillée. Elle s’adresse à des particuliers (65 % de son activité), mais aussi à des architectes, architectes d’intérieur, constructeurs de maisons individuelles, menuisiers. « Pour les gagner, nous devons gommer le côté « artisanat » pour communiquer sur notre compétence en sur-mesure, sur nos escaliers en bois et/ou métal haut de gamme », estime le DG.

Hallou travaille à 80 % en Ille-et-Vilaine et en limitrophe, mais affiche « de belles références à Paris sur les Champs-Élysées et dans des ministères. Notre positionnement haut de gamme réduit la potentialité de la clientèle locale. Nous allons donc chercher à élargir notre cible dans l’Ouest et à Paris. » Un commercial vient notamment d’être embauché en Ile-de-France. Fin 2019, Hallou a déjà stabilisé son activité, à 1,7 million d’euros de chiffre d’affaires. L’objectif est désormais de croître, marche par marche, avec le support du groupe Evolem, pour atteindre les 2 millions cette année, et une rentabilité dès 2021.

Ille-et-Vilaine # Industrie