C’est en 2003 que Nathalie Hagege, après un doctorat en biologie moléculaire à Luminy, réalise une étude pour le groupe Dodo, leader français des couettes et oreillers, sur ses produits de traitement antiacariens. « Il s’est avéré que les traitements utilisés n’étaient pas bons pour la santé. Le groupe a donc choisi d’arrêter ce procédé et m’a demandé de travailler sur une solution alternative avec des actifs non nocifs », rappelle-t-elle. Elle découvre alors les vertus du margousier, un arbre venu d’Inde, et de l’huile naturelle de Neem qui en est extraite. « J’ai fait des tests et ayant travaillé au cours de mes études sur les techniques de microencapsulation, j’ai appliqué cette technique afin de rendre l’actif résistant au lavage », poursuit-elle. Un actif anti acariens qu’elle baptise Proneem. Elle dépose alors un brevet et crée sa propre structure puis commence à travailler avec Carrefour, La Redoute, des distributeurs et des fabricants d’oreillers et couettes. En 2012, elle décide d’intégrer la production et commence à structurer l’entreprise en recrutant des salariés et en décidant de s’installer dans des locaux à Marseille. Proneem compte aujourd’hui 17 salariés et enregistre un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros.
Nathalie Hagege a, depuis, développé une gamme de traitements résistants aux lavages : anti acariens, anti punaises de lit, antibactérien, anti transpiration, hydratant, relaxant… « Je souhaite que la mention Proneem soit comme un label de qualité que les fabricants appliquent sur leurs produits. En 2018, nous avons obtenu la première autorisation européenne de mise sur le marché pour notre actif antiacarien qui est donc désormais le seul produit biocide au monde dans l’industrie du textile à être validé par la Commission européenne », poursuit-elle.
Combattre les punaises de lit
La société a lancé à l’été 2019 son actif anti punaises de lit. « Nous y pensons depuis 2012. Nous avons travaillé avec le fabricant américain Simmons. Les punaises de lit sont un véritable problème de santé publique que la France ne prend pas assez au sérieux à la différence d’autres pays. Il faut traiter les lits avec des produits non toxiques. Cela concerne le particulier, mais également les hôtels, les hôpitaux, les logements en Airbnb… », détaille-t-elle. La société a ainsi sorti un produit baptisé Block Bedbugs, distribué via Amazon, Cdiscount ou encore Monsieur Bricolage et destiné au grand public, mais elle envisage de se tourner maintenant vers les chaînes hôtelières ou les croisiéristes. « Nous allons viser l’autorisation de mise sur le marché, comme pour notre produit antiacarien et nous devrions connaître le même développement ».
Proneem réalise près de 60 % de son activité sur les marchés étrangers, principalement l’Asie, l’Inde, le Paskistan… Un bureau en Chine a été ouvert il y a trois ans afin d’être au plus près des fabricants de textile qui vont les traiter avec les actifs de la société marseillaise et donc contrôler le suivi industriel. « Nous sommes sur un métier atypique, sans réel concurrent. Nous apportons au consommateur une garantie », conclut la dirigeante, qui par ailleurs préside depuis 2019, l’association d’exportateurs Apex.
