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Le Roscanvec : L'amère incertitude continue
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Le Roscanvec : L'amère incertitude continue

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Surprise de taille pour le chef étoilé Thierry Seychelles à Vannes. Alors qu'il a obtenu les accords administratifs et qu'il finalise l'acquisition, auprès de la Ville, de l'Hôtel de Roscanvec, surgit l'opposition de Vannes Agglo qui défend un autre projet, public cette fois.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Chambre de Commerce et d'Industrie, Udem-Medef, Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie, CPME, Chambre des Métiers et de l'Artisanat... Les soutiens économiques se multiplient autour du chef étoilé Thierry Seychelles (Le Roscanvec), dans le vieux Vannes. En cause ? Le projet de rachat de l'hôtel de Roscanvec, voisin immédiat du restaurant rue des Halles, déjà bien avancé, contré in extremis par Vannes Agglomération. Alors que le restaurateur a bouclé pour 70.000 euros d'études (sol, urbanisme, étude de marché, architecte...) et qu'il a reçu le feu vert des Bâtiments de France, voilà qu'a surgi, par la voix de son président Pierre Le Bodo, un projet de rachat de ce même hôtel particulier du XVIIe siècle, afin d'y créer un centre d'interprétation du patrimoine. « Mon projet vise à créer quatre emplois, à doter mon restaurant de cuisines bien dimensionnées, permettant d'y développer l'apprentissage, de répondre aux dernières normes, notamment en matière de poubelles réfrigérées, et à créer à l'étage quatre chambres d'hôtes ainsi qu'une salle de réception pour cérémonies, mariages... Il n'existe pas de telles infrastructures dans le centre de Vannes et le projet allie totalement restauration du patrimoine et développement touristique », s'étonne Thierry Seychelles.

« On barre la route à un talent local et emblématique »

Alertée il y a deux semaines par le restaurateur, l'Umih 56 a aussitôt pris la mesure du défi : « C'est aberrant, tance Bruno Kerdal, le président de l'Umih 56. Voilà plus d'un an que Thierry Seychelles planche activement sur ce projet, deux ans qu'il y réfléchit. Et au moment où tout est acquis pour finaliser le projet, voilà que surgit ce projet qui n'est, à mon sens, que le produit d'une guéguerre politique entre la Ville de Vannes, qui soutient le projet de M. Seychelles, et Vannes Agglo ». Président de la CCI du Morbihan, Pierre Montel résume l'élan de solidarité des différentes confédérations et institutions professionnelles : « On n'est même pas dans du projet-contre-projet. Les opposants se réveillent du jour au lendemain, sans avoir jamais rencontré M. Seychelles, et sur une réflexion très en amont ! » Ce dernier mobiliserait trois fois plus de fonds « aux frais du contribuable, alors que ce projet privé [près de 3 millions d'euros NDLR] respecte totalement la vocation urbanistique et touristique du centre historique de Vannes ». « Nous sommes prêts à soutenir un autre site pour le Centre d'interprétation du patrimoine. Il existe des solutions, on parle de l'Hermine, de l'ancien office de tourisme... Mais pourquoi barrer la route à ce stade à un créateur privé ? Nous craignions que l'opposition de l'agglomération qui a surgi tout à coup ne soit que le bras armé de l'association des Amis de Vannes », poursuit Bruno Kerdal. Le projet du Roscanvec permettrait de porter, à l'issue des neuf mois de travaux, de six à dix l'effectif de l'entreprise. « L'accord des Bâtiments de France démontre que M. Seychelles est bien dans un projet urbanistique fort et respectueux pour le centre historique de la ville », ajoute Pierre Montel.

Pas de position publique avant début mai

Les contacts pris avec les élus de Vannes Agglo, à ce stade, laissent apparaître une certaine division. Yves Bleunven a laissé entrevoir une issue favorable au projet de Thierry Seychelles. « Le chef d'entreprise présente un dossier quasi bouclé et un accord de financement, il n'a pas le loisir d'attendre (...). Les Amis de Vannes défendent la protection du patrimoine vannetais, mais qu'a-t-elle attendu toutes ces années pour promouvoir ce lieu ? », concluent les soutiens à Thierry Seychelles. Fin avril, aucune réaction publique n'a filtré de la part du président de Vannes Agglo. Bruno Kerdal s'en étonne : « Ce n'est pas très réactif. On a l'impression que l'on cherche à jouer la montre. On attend qu'il dévoile ses intentions rapidement » Une réunion première semaine de mai, à Vannes Agglo, devrait néanmoins aborder le dossier.

Contact : 02 97 47 15 96

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