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Le luxe s'épanouit dans l'Eure
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Le luxe s'épanouit dans l'Eure

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Le luxe s’épanouit en Normandie et particulièrement dans l’Eure, avec l’installation et le développement de nombreux acteurs du secteur. Parmi ceux-ci, le sellier Hermès a depuis plusieurs décennies posé ses malles dans l’Eure avec quatre sites industriels et l’annonce d’un cinquième d’ici 2026. Mais le territoire normand peut aussi compter sur un terreau fertile de PME et d’artisans.

Après celle de 2017 à Val-de-Reuil, Hermès a inauguré en avril 2023 une seconde maroquinerie à Louviers, constituant le Pôle des maroquineries de Normandie du sellier — Photo : DR

Le luxe a posé ses malles depuis quelques décennies en Normandie. Le secteur s’y épanouit et connait un essor continu avec 250 sociétés qui emploient 20 000 salariés sur le territoire normand. Un écosystème du luxe et des métiers d’arts qui prend sa source en 1977, avec l’implantation du premier site industriel du groupe Hermès au Vaudreuil, et que Bernard Leroy, président de l’agglomération Seine Eure, alors premier adjoint à la mairie du Vaudreuil, n’aura de cesse de développer. "Il y a 25 ans, nous avons créé un écosystème autour de l’industrie pharmaceutique sur notre territoire qui a permis de passer de 2 000 à 10 000 emplois. C’est une démarche qui prend du temps mais qui marche. À partir de 2014, l’idée a été de lancer un second écosystème autour du luxe et des métiers d’arts, avec une approche complète, en partant de l’implantation du site d’Hermès. C’est un secteur très exportateur et porteur, avec de bons salaires et une véritable valeur ajoutée pour le territoire", explique l’élu.

Et depuis, plusieurs PME ont emboîté le sabot du sellier français pour s’installer et constituer l’écosystème attendu. À l’image de la maroquinerie de luxe Cuir du Vaudreuil (sacs et petite maroquinerie), une société de 60 salariés installée au Vaudreuil à partir de 1984. Et qui après plusieurs déménagements va poser ses valises, d’ici mi-2024 sur l’Ecoparc d’Heudebouville avec un nouveau site de 3400 m2 qui doit lui permettre de booster son activité et de pouvoir embaucher, à terme, jusqu’à plus de 200 nouveaux collaborateurs. Des effectifs qui seront formés et recrutés en partenariat avec la Région Normandie, le Greta et France Travail (ex-Pôle emploi). Un investissement de 4 millions d’euros auquel s’ajoute un million d’euros pour le matériel.

De son côté, La Malle Bernard, spécialiste de la fabrication artisanale de malles de luxe (pour des prix variant de 15 000 à 50 000 euros), implantée dans l’Eure à Coudres depuis 1994, a choisi de s’installer sur un nouvel emplacement à Louviers, depuis juin 2023, au cœur du site du Hub 4.0. Avec à la clé la création d’une dizaine de nouveaux emplois et la mise en place d’un diplôme de malletier dispensé au sein même de l’entreprise.

Terre d’Hermès

Annoncée par le président de la communauté d’agglomération Seine Eure, lors de ses vœux de janvier dernier, l’implantation d’un nouveau site de la maison Hermès (19 700 salariés dont 12 400 en France, 54 sites de production et de formation) vient compléter une installation industrielle déjà forte de 4 sites, avec deux maroquineries (à Val-de-Reuil depuis 2017 et à Louviers depuis 2023), une école des savoir-faire (également à Louviers) ainsi que le site Hermès Parfums qui a ouvert ses portes au Vaudreuil depuis 1977.

Pour son nouveau site, prévu d’ici 2026, la marque de luxe française va réhabiliter une friche industrielle à Pîtres dans l’Eure, sur les 15 hectares de l’ancienne implantation de Bonna Sabla (groupe spécialiste du béton préfabriqué), désaffectée depuis le milieu des années 2010 et propriété de l’agglomération depuis 2020, afin d’y créer un second site dédié à ses parfums. Comptant déjà plus de 800 emplois sur ses quatre premiers sites, Hermès devrait passer le cap des 1 000 salariés au total avec l’ouverture de son futur site, devenant ainsi le second employeur du territoire après Sanofi.

Un premier atelier dédié à l’équitation

Après celle de 2017 à Val-de-Reuil, Hermès a inauguré en avril 2023 une seconde maroquinerie à Louviers, constituant le Pôle des maroquineries de Normandie du sellier. Avec l’objectif de "renforcer l’ancrage territorial de la maison et son attachement à créer des emplois pérennes, à former aux métiers d’excellence et à développer ses savoir-faire artisanaux", souligne la direction du groupe de luxe.

La maroquinerie qui compte déjà 170 employés, devrait employer, à terme, 260 artisans maroquiniers et selliers, et des collaborateurs dans des fonctions d’encadrement, de logistique, ou encore de ressources humaines… Avec une activité dédiée à la fabrication des sacs, de la petite maroquinerie, des selles et des brides, cette nouvelle entité de 6 200 m2 a pour particularité d’être le premier atelier équitation à être installé en région. Métier historique d’Hermès, la sellerie a été placée au cœur du site.

Et pour pourvoir les centaines d’emplois annoncés, Hermès mène une stratégie de recrutement et de formation en collaboration avec Pôle emploi, le Greta de l’Eure, le lycée Augustin-Boismard (à Brionne) et le Haras national du Pin (dans l’Orne). "Il s’agit de notre premier atelier sellerie hors de Paris. Depuis toujours, la sellerie se trouve rue du Faubourg St-Honoré. Nous y étions à l’étroit. Installer un deuxième atelier en Normandie, terre d’équitation, a du sens", assure Emmanuel Pommier, directeur général du pôle artisanal Hermès maroquinerie sellerie.

L’ensemble des artisans recrutés seront formés au sein de l’École Hermès des savoir-faire de Louviers, ouverte en 2022, "à l’excellence dans leur métier et au développement de leur polycompétence", souligne la direction d’Hermès. L’école Hermès est un centre de formation d’apprentis (CFA) agréé par l’Éducation nationale qui délivre le CAP Maroquinerie et forme 120 maroquiniers chaque année.

Le Carré Saint Cyr accueille les artisans d’art

Le Carré Saint Cyr a ouvert ses portes au Vaudreuil en mai 2023 après un investissement de 3 millions d'euros. Un lieu unique en Normandie de 1 000 m2 dédié à l'artisanat d'art — Photo : DR

Au-delà des entreprises et PME, les artisans indépendants font aussi vivre les traditions et savoir-faire du luxe à la française. C’est pour les attirer et les retenir que le Carré Saint Cyr, porté par l’agglomération Seine Eure, a ouvert ses portes au Vaudreuil en mai 2023 après un investissement de 3 millions d’euros. Un lieu unique en Normandie de 1 000 m2 dédiés à l’artisanat d’art. Huit artisans d’art (quatre artisans confirmés et quatre jeunes) peuvent ainsi s’installer pendant trois années avec un loyer progressif. "L’objectif est ensuite de leur trouver un endroit où s’installer sur notre territoire", précise Bernard Leroy. Lieu de travail et d’échange, le Carré Saint Cyr dispose d’un atelier mutualisé avec imprimante 3D, découpe laser, ou encore four à céramique.

Un espace d’expo dans une église XVIe siècle

Une église désacralisée du XVIe siècle (Saint Cyr du Vaudreuil) a également été transformée en lieu d’exposition pour les artisans d’art de l’ensemble de la Normandie. L’initiative a été remarquée au plus haut niveau, puisque le lieu a reçu en juin 2023 le prix Sésame de la Fondation du Patrimoine, des mains de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak. "C’est donc tout un environnement autour du beau et de la création qui prend forme, auquel s’ajoutera un volet restauration et conservation au château de Gaillon d’ici deux ans", se félicite le président de l’agglomération Seine Eure.

Une église désacralisée du XVIe siècle (Saint Cyr du Vaudreuil) a également été transformée en lieu d'exposition pour les artisans d'art de l'ensemble de la Normandie. Une initiative remarquée au plus haut niveau, puisque le lieu a reçu en juin 2023 le prix Sésame de la Fondation du Patrimoine, des mains de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak — Photo : DR

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