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Le groupe Mounès préfigure la concession automobile de demain
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Le groupe Mounès préfigure la concession automobile de demain

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L’entreprise familiale, qui célèbre 50 ans de fidélité à Peugeot en 2024, trouve ses fondations dans l'histoire d'un homme, Georges Mounès. Ses fils Alain et Eric, et désormais son petit-fils Arnaud, ont pris le relais pour en faire un concessionnaire multimarque, tourné à l'avenir vers l'électrification, les nouvelles technologies et la mobilité.

Alain, Arnaud et Eric Mounès (de gauche à droite) : le trio a fait du groupe Mounès un poids lourd de la concession automobile en Ariège et dans la Haute-Garonne — Photo : Groupe Mounès

Lavelanet-de-Comminges, dans les années 1950, village rural de 500 habitants à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Toulouse. Fraîchement entré dans l’âge adulte, Georges Mounès crée son garage de mécanique et de vente de véhicules d’occasion. “Il achetait les voitures à Paris, parce que c’est là qu’on en trouvait, raconte son fils Eric Mounès, 59 ans, président du groupe éponyme. Il les ramenait par la route ou par le train. Il les réparait, les vendait et repartait quand il n’y en avait plus. Il aimait ça. Il fallait aussi faire vivre une famille de quatre enfants, en complément du salaire de notre mère (Huguette, décédée en décembre 2023), institutrice. Il n’aurait jamais imaginé qu’on en arriverait là où nous en sommes.”

En 1968, Georges Mounès, qui a fêté ses 91 ans en janvier 2024, déménage à Muret, construit son garage de mécanique et de carrosserie dans la zone industrielle Joffrery sur le terrain qui abrite aussi sa maison, et poursuit son négoce de véhicules d’occasion. Fort de 21 concessions réparties dans 7 villes de l’Ariège (Foix, Pamiers, Saint-Girons) et de la Haute-Garonne (Cazères, Muret, Roques, Saint-Gaudens), le groupe Mounès (marque de la holding familiale Sonoma Animation et Gestion) réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros et emploie 270 collaborateurs.

1974 : entrée dans la galaxie Peugeot

En 1974, Georges Mounès devient associé minoritaire du garage Peugeot de Muret, avant d’en prendre les rênes à la suite du départ des autres associés. Il met sa première affaire en gérance et loue une partie de ses locaux de la zone Joffrery à l’entreprise voisine, Mecaprotec. C’est le point de départ de 50 ans de fidélité à la marque au lion. Six ans plus tard, il rachète la concession Peugeot de Saint-Gaudens, en difficulté, à la demande du constructeur. Il faut dire que les résultats de Georges Mounès plaident pour lui.

Il gère son business avec des principes sains. “Pour faire tourner une entreprise, il faut travailler sérieusement et honnêtement, dans le respect du fournisseur et du client”, synthétise son fils Alain Mounès, 65 ans, qui a intégré le groupe en 1981 avant d’en prendre la direction lors du départ à la retraite de son père en 1994. “Et pour gagner de l’argent, ajoute-t-il, il faut essayer de vendre plus cher que ce qu’on a acheté.” Le leitmotiv du fondateur ? Humilité et discrétion. On ne distribue pas les dividendes, l’argent reste dans le groupe. Eric Mounès rejoint son frère aîné en 1988. Il fait ses armes puis part s’occuper de l’affaire de Saint-Gaudens, toujours fragile, en 1991. “À l’époque, le maillage du territoire était assez éclaté, se souvient ce dernier. Certains concessionnaires avaient déjà plusieurs affaires mais la notion de groupe automobile n’existait pas vraiment.”

2003 : la naissance du groupe

Pour la famille Mounès, elle commence à prendre forme en 2003. Incitée par Peugeot, elle rachète cette année-là la concession de Saint-Girons, avec le soutien de ses partenaires financiers. “L’ancien propriétaire voulait garder ses locaux pour les transformer en supermarché, relève Eric Mounès. Nous avons donc acquis un terrain et fait construire une nouvelle concession en 2004.” En 2004, elle met aussi la main sur la concession de Foix, transférée dans celle de Pamiers en 2006, construite sur un terrain acquis par la famille. “Ces opérations ne sont possibles qu’avec l’accord du constructeur, insiste Alain Mounès, puisque le contrat de concession est un contrat intuitu personae. Quand le concessionnaire vend, le contrat tombe et il faut en conclure un nouveau.” Deux nouvelles constructions surviennent encore : à Roques, en 2006, sur un terrain de 24 000 m2, et à Cazères en 2010.

La cohérence géographique est pensée : les affaires doivent rester dans un rayon distant d’une heure et quart de route au maximum. Les Mounès s’attachent par ailleurs à maîtriser leur immobilier. Les biens sont regroupés dans la SCI familiale à laquelle les concessions versent un loyer. Celle-ci est gérée par Jean-François Mounès, ingénieur et aîné de la fratrie où figure aussi Dominique, pharmacienne. “S’il y a un coup de mou à l’exploitation sur une affaire, on baisse les loyers, indique Alain Mounès, avant de les remonter quand ça va mieux, autour d’une clause juridique de retour à meilleure fortune. C’est une souplesse appréciable pour nous, les exploitants, et précieuse aussi pour le constructeur.”

2019 : Citroën, premier pas vers le multimarquisme

Après avoir établi une nouvelle concession à Saint-Gaudens en 2018, le groupe Mounès rachète les quatre sites (Foix, Pamiers, Saint-Girons et Lavelanet) des marques Citroën et DS Automobiles à la famille Grau le 1er janvier 2019. En mai de la même année, Arnaud Mounès, fils d’Alain, rejoint le groupe familial en tant que directeur général adjoint, après une expérience significative de cadre chez Renault en région parisienne. Sorti de la période Covid en ayant réussi à maintenir de bons résultats d’exploitation, le groupe Mounès tremble lors de la création de Stellantis (issu de la fusion de PSA et Fiat Chrysler Automobiles en janvier 2021). “On s’est même demandé si on allait vendre”, se souvient Eric Mounès.

“En mai 2021, tous les réseaux européens des marques de Stellantis ont été résiliés moyennant un préavis de deux ans, raconte-t-il. Certains ont appris qu’ils ne seraient plus garagistes en 2023. Comme nous avions des résultats performants, nous avons pu continuer.” Les nouveaux contrats signés en 2023 comportent néanmoins des baisses de marges pour les concessionnaires, au profit de Stellantis. Afin de compenser ces baisses, Mounès se lance à corps perdu dans le multimarque pour soutenir son chiffre d’affaires. En 2022, il rachète ainsi à la famille Tariol-Wamain les concessions Opel de Saint-Gaudens, Saint-Girons et Pamiers, de même que la concession Kia de Pamiers à la famille Stival. Adoubé par Stellantis, il devient aussi concessionnaire Fiat à Pamiers et Saint-Gaudens. En 2023, il acquiert Citroën à Saint-Gaudens tandis qu’il intègre la marque Jeep à Pamiers.

La feuille de route du groupe Mounès est désormais tracée. “Nous axons notre développement autour de quatre piliers : le multimarquisme, l’électrification, les nouvelles technologies et les nouvelles mobilités”, situe Arnaud Mounès, 35 ans, qui sera rejoint en 2026 par deux de ses cousins trentenaires.

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