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Airbus stoppe son projet de fabrication de nouvelles nacelles à Nantes
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Airbus stoppe son projet de fabrication de nouvelles nacelles à Nantes

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La crise liée à la pandémie du coronavirus met un coup d'arrêt à l'un des projets du site Airbus de Nantes. Il ne fabriquera finalement pas les nouvelles nacelles d'entrée d'air des A320 néo. C'était pourtant l'un des projets phare de l'usine nantaise du constructeur aéronautique.

— Photo : JDE

C’est la conséquence directe de la crise du Covid-19. Le site Airbus Nantes ne fabriquera pas les nouvelles entrées d’air de nacelles moteur des A320 néo, ces pièces qui entourent les réacteurs et limitent le bruit au décollage, comme prévu avant la crise. « Compte tenu de notre baisse d’activité de 40 %, nous avons décidé d’annuler le développement de cette activité. Nous avons décidé, étant donné la crise actuelle, d’arrêter les projets qui n’ont pas un impact positif pour les clients », indique la direction d’Airbus, qui confirme une information dévoilée par le Ceser Occitanie le 19 juin.

Airbus a donc décidé de prolonger de 10 ans le contrat passé avec United Technologies Corporation (UTC) qui fabrique les nacelles des moteurs des moteurs Pratt & Whitney. L’arrêt de ce programme ne devrait pas avoir de conséquences sur l’emploi assure la direction. « Les équipes mobilisées en interne seront réaffectées sur d’autres projets », assure Airbus. Selon les syndicats, le projet mobilisait déjà 350 personnes dans sa phase de développement, pour l’essentiel des ingénieurs et techniciens des équipes R & D d’Airbus, ainsi que des personnels de l’IRT Jules Verne de Nantes.

Internaliser pour économiser 1,7 M€ par avion

Le groupe aéronautique réalisait depuis deux ans des tests pour fabriquer elles-mêmes ces pièces qu’elles sous-traitent aujourd’hui à Safran pour les moteurs CFM et à UTC pour les moteurs Prat & Witney. La production aurait dû commencer cette année, comme l’a confié le directeur du site Airbus de Nantes François Paynot : « C’est un vecteur de compétitivité pour le site, qui a en plus une vraie expertise sur ce sujet de l’acoustique. On se prépare pour monter en puissance. Aujourd’hui, les entrées d’air des moteurs représentent 20 % de notre production, elles devraient peser 30 % de l’activité de l’usine nantaise d’ici à deux ans », expliquait-il alors il y a un an, en avril 2019. À la clé, il y avait alors la création de plusieurs centaines d’emplois sur le site de Nantes, et des économies substantielles estimées à 1,7 million d’euros par appareil par rapport aux prix actuels des fournisseurs, selon les informations fournies par les syndicats.

Pourquoi alors avoir arrêté le développement des nacelles ? « On nous objecte qu’il fallait encore investir 100 millions d’euros pour faire aboutir le projet : un argument fallacieux car cette somme aurait été remboursée au bout de 60 ventes, sur un carnet de commandes de 8 000 avions commerciaux, indique Jean-François Knepper, délégué syndical central Force Ouvrière. Nous pensons plutôt que la direction d’Airbus a décidé de troquer ses avancées technologiques avec les fournisseurs, en échange de rabais sur leur prix. »

L’aéronautique sur la voie de l’automobile ?

Très remonté, le responsable syndical dénonce « des calculs de court terme » qui verraient Airbus financer sa recherche sur fonds publics, sans investir en interne sur les hommes et les machines pouvant porter ses productions. « On se rend compte que l’aéronautique est en train de prendre la voie de l’automobile, avec une recherche à tous crins de l’externalisation, poursuit Jean-François Knepper. C’est cette stratégie qui a abouti à faire disparaître en trente ans la moitié de l’emploi industriel en France. » D’ici le début du mois de juillet, plusieurs réunions sont prévues entre la direction et les organisations syndicales aux niveaux européen et national, qui pourraient préfigurer le vaste plan de restructuration annoncé par le P.-D.G. d’Airbus Guillaume Faury la semaine dernière dans un courrier aux salariés.

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