Le girondin Ceva Santé Animale injecte 8 millions d'euros dans son laboratoire angevin
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Le girondin Ceva Santé Animale injecte 8 millions d'euros dans son laboratoire angevin

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Le groupe girondin Ceva Santé Animale a investi plus de 8 millions d’euros pour créer une nouvelle usine pharmaceutique près d’Angers. Celle-ci fournira des « autovaccins » contre les bactéries, destinés aux élevages de porcs et volailles principalement. Un moyen de réduire le recours aux antibiotiques dans les exploitations agricoles.

Le groupe girondin Ceva Santé Animale investit 8 millions d'euros dans son laboratoire angevin. Un site qui ambitionne de doubler son chiffre d'affaires sous cinq ans — Photo : Ceva Santé Animale

Ceva Biovac s’apprête à ouvrir une véritable « usine pharmaceutique » à Beaucouzé, dans l’agglomération d’Angers. Exit son « laboratoire » actuel, devenu trop exigu. Un nouveau bâtiment deux fois plus grand (1 500 m² au sol) est récemment sorti de terre, sur une parcelle toute proche. Il servira à fabriquer des « autovaccins » contre les bactéries pathogènes menaçant les animaux d’élevage, destinés notamment aux porcelets en période de sevrage ou encore aux volailles. L’une des spécialités de Ceva Biovac, avec « la production d’allergènes pour la désensibilisation des chiens et des chats ». Déménagement prévu à partir de fin octobre. Avec l’ambition d’avoir un site 100 % opérationnel d’ici à fin 2020.

8 millions d’euros investis

Le site angevin de Ceva Santé Animale va passer dans les prochaines années de 80 à plus de 100 salariés — Photo : Ceva Santé Animale

Pour cela, le groupe Ceva Santé Animale a massivement investi dans sa filiale angevine, qui emploie 80 salariés pour 10 millions d’euros de chiffre d’affaires générés par les produits du site. L’enveloppe débloquée ces dernières années s’élève à plus de 8 millions d’euros, financés à hauteur de 16 % par le Conseil régional des Pays de la Loire. L’inauguration récente du laboratoire angevin du groupe Ceva Santé Animale trouve un écho particulier en période d’épidémie de coronavirus. « On considère qu’en traitant l’animal, on protège l’homme et l’environnement. Tout est lié. D’une certaine façon, on le voit à nos dépens aujourd’hui, explique le Dr Marc Prikazsky, président du groupe girondin, basé à Libourne. 75 % des maladies infectieuses humaines - comme Ebola ou la Covid - sont d’origine animale. »

L’autovaccin, « une alternative crédible » aux antibiotiques

L’un des moteurs de l’activité du site angevin reste la réduction de la consommation d’antibiotiques dans les élevages (notamment via les objectifs du plan Ecoantibio, lancé par de l’État). Afin d’éviter l’émergence de bactéries ultrarésistantes, qui inquiètent les autorités sanitaires. Un chiffre : en 2018, les ventes d’antibiotiques affichaient une diminution de 48,2 % en volume, par rapport à 2011, note l’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation). « L’autovaccin devient une alternative crédible », insiste Alain Schrumpf, le directeur de Ceva Biovac à Beaucouzé. Ici, on élabore des « autovaccins » qui viennent s’ajouter à la vaccination classique. Concrètement, il s’agit de vaccins plus spécifiques que les grands vaccins commerciaux, fabriqués directement à partir de souches prélevées sur des animaux malades au sein d’un élevage donné.

« Santé humaine et animale sont liées. 75 % des maladies infectieuses humaines - comme Ebola ou la Covid - sont d’origine animale. »

Pour faire court, le vétérinaire va d’abord identifier un élément pathogène sur l’exploitation agricole. Le laboratoire angevin vient l’aider dans cette tâche et récupère les souches néfastes, qu’il stocke dans un congélateur à - 80°C. Plus tard, les techniciens y piocheront leur matière première, afin de réaliser un premier repiquage, puis de « faire pousser » ces souches dans une étuve ou dans une solution liquide, via un fermenteur. S’ensuit tout un travail pour inactiver les bactéries, conserver les antigènes utiles pour déclencher une réaction immunitaire, etc. Au total, plus de 80 espèces bactériennes sont travaillées sur place. Ces vaccins spécifiques qui luttent contre les bactéries sortent par petits lots, de 1 litre à 200 litres pour un élevage. La nouvelle usine triplera les capacités de production actuelles, de 100 à 300 lots par semaine.

Embauches prévues

De quoi espérer des retombées économiques locales. « Les effectifs devraient passer de 80 salariés à une centaine dans les toutes prochaines années, prévoit Alain Schrumpf. Et on ambitionne de doubler le chiffre d’affaires d’ici cinq ans. » Avec cet équipement « rare en Europe », Ceva Biovac compte alimenter un marché international. Un tiers de ses livraisons partent déjà vers l’étranger. L’usine angevine peut s’appuyer sur un groupe fort de 6 000 salariés (dont 1 600 en France) pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros en 2019, et qui revendique la place de premier laboratoire vétérinaire français. Au total, celui-ci possède 46 filiales et plusieurs unités de production d’autovaccins, dans l’Hexagone mais aussi Allemagne, au Royaume-Uni, au Canada et aux Etats-Unis.

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