Dans le monde de plus en plus vaste du financement participatif, une année record semble en chasser une autre. Dans leur dernier baromètre annuel consacré au sujet, l’association professionnelle Financement Participatif France et le groupe d’audit Mazars révèlent que le crowdfunding a permis de lever 1,88 milliard d’euros en 2021, soit un bond de +84 % par rapport à l’année 2020, qui avait déjà dépassé la barre du milliard d’euros levés. Depuis 2015, les fonds collectés par le crowdfunding ont été multipliés par 11.
Le prêt populaire, l’immobilier reste leader
L’étude, qui fait état de 168 712 projets financés, permet aussi d’observer la diversification des mécanismes de collecte. Ainsi, le montant cumulé du crowdfunding en dons régresse légèrement (197 M€) mais représente toujours la grande majorité des projets financés (165 555), dont 20 % concentrés dans le secteur économique, en troisième place derrière les projets culturels (+ de 50 %) et sociaux (26 %).
Côté prêt, en revanche, le bond est spectaculaire, le volume des fonds levés en emprunts obligataires passant de 660,9 M€ en 2020 à 1,29 milliard en 2021, expliqué notamment par des projets de plus en plus importants (près de 1,1 M€ en montant moyen de collecte contre 403 466 euros en 2020). Le mécanisme du prêt rémunéré, permettant de financer des entreprises, tire aussi son épingle du jeu en passant de 56,1 M€ à 259,8 M€, avec un montant moyen emprunté de 175 435 euros. Malgré des débuts timides, le financement des prêts garantis par l’État progresse légèrement à 7,3 M€ (contre 4,9 M€ en 2020).
Dans le secteur économique, l’essentiel du volume de crowdfunding en prêt est capté par l’immobilier (73 %), très loin devant l’environnement et les énergies renouvelables (12 %) ou le commerce et les services (10 %). À noter également que 101,9 M€ ont été collectés en investissement dans le capital des entreprises, essentiellement dans l’environnement (50,9 M€), suivi de près et pour la première fois par le secteur numérique (28,5 M€).
Vers un marché européen
Le baromètre dévoile aussi une forte tendance qui pourrait s’accélérer avec l’évolution réglementaire des plateformes : la ruée des fonds d’investissement. "De plus en plus de fonds de type FPS (Fonds professionnel spécialisé) ou FCPR (Fonds commun de placement à risque) viennent alimenter les collectes, il y a une imbrication plus nette entre le crowdfunding et l’asset management (gestion d’actifs)", confirme Bertrand Desportes, associé du cabinet Mazars, "à la fois pour assurer le succès de la collecte et permettre aux investisseurs de rentrer plus simplement dans les différents projets", explique-t-il.
Le nouvel agrément de Prestataire de services de financement participatif (PSFP), entré en vigueur en novembre 2021 et auquel les plateformes ont un an pour se conformer, vise à cadrer davantage cette source de financement pour les PME et leur faciliter l’accès au marché européen. "C’est donc un phénomène que l’on va peut-être voir se développer car il permet aux plateformes d’adresser des projets significatifs", analyse Florence de Maupeou, directrice générale de Financement Participatif France. "C’est d’autant plus intéressant qu’elles seront contraintes à lever moins puisque la collecte sera limitée à cinq millions d’euros au lieu de huit". L’association reste optimiste sur les tendances à venir, s'attendant à ce que le crowdfunding se rapproche des trois milliards d'euros dès l’an prochain.
