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La start-up Toopi Organics valorise l'urine pour une agriculture vertueuse
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La start-up Toopi Organics valorise l'urine pour une agriculture vertueuse

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À Loupiac-de-la-Réole, Toopi Organics a inauguré sa première unité de recyclage et de production de fertilisants à base d’urine. Pour traiter 1 % des 30 milliards de litres annuels français, Toopi Organics développe des partenariats avec des acteurs du BTP, des transports et de l’agriculture, les uns s'engageant sur la collecte, les autres sur la distribution du précieux liquide. Très sollicitée, la start-up veut se déployer.

Michael Roes, président fondateur de Toopi Organics ambitionne de déployer de 200 à 300 unités de valorisation comme celle de Loupiac-de-la-Réole, ouverte en juin 2020. — Photo : JDE

Parmi les conséquences de la crise sanitaire et des interdictions frappant les rassemblements festifs, il en est une pour le moins inattendue. Les festivals en pause, la collecte d’urine associée n’a pas été réalisée. Soit environ 300 mètres cubes pour Toopi Organics. Ainsi, c’est une des sources d’approvisionnement en matière première de la start-up, qui se trouve encore aujourd’hui tarie. Une goutte d’eau toutefois : Toopi déploie activement ses autres lieux de collecte et a, par ailleurs bouclé sa première levée de fonds pendant le confinement. La famille Mulliez (Auchan) y participe au travers de son fonds Creadev. " Au-delà de ce million d’euros levé, cette période nous a renforcés dans nos convictions. Chacun s’est aperçu de la fragilité de notre chaîne nationale d’approvisionnement. Quand on importe 70 % de nos engrais, on peut se questionner sur notre souveraineté alimentaire ", rappelle Michael Roes, fondateur et président de la green-tech de huit salariés.

Basée depuis juin au sein de la zone d’activités de l’écopôle de Loupiac-de-la-Réole, la start-up fabrique ses fertilisants en enrichissant l’urine en micro-organismes. Collectée dans un rayon de cinquante kilomètres, l’urine traitée est distribuée localement auprès d’exploitations agricoles dans un même périmètre. Toopi, pour "to pee" en anglais, signifie "faire pipi". Le jeu de mots fait aussi référence à la toupie et donc à l’économie circulaire qui donne tout son sens au projet. " Nous sommes une low tech, notre technologie ne réclamant que peu d’énergie, de ressources et de main-d’œuvre. Ça n’aurait aucun sens d’entreprendre de longs trajets avec un liquide composé à 98 % d’eau", indique le dirigeant.

Une unité parisienne

Côté collecte, parmi les premiers partenaires de la jeune pousse, on compte des laboratoires d’analyses médicales, des loueurs de toilettes sèches sur les chantiers et les stades et des maisons de retraite. En 2021, Toopi Organics se positionnera sur un marché de la ville de Paris pour la valorisation de l’urine produite dans 500 toilettes, ce, dans le cadre d’un consortium aux côtés, entre autres, d’Eurovia, major du BTP. Une unité de transformation sera installée en région parisienne. "Pour les collectivités, il faut bien comprendre que le traitement de l’urine coûte des fortunes. C’est d’ailleurs le plus gros poste du marché de l’assainissement. Notre solution soulage les stations d’épuration, leur confère une durée de vie plus longue ", ajoute Michael Roes. Le Stade de France, Bouygues, la SNCF, Eurotunnel se sont également montrés intéressés.

Des demandes du monde entier

La suite, s’écrit à grande vitesse. Les produits font actuellement l’objet d’une demande d’autorisation de mise sur le marché. Pour traiter 1 % des 30 milliards de litres annuels d’urine humaine française, 200 à 300 unités devront être créées. La rentabilité interviendrait sous deux à trois ans. De l’étranger aussi, des demandes affluent chaque semaine. Une filiale belge est dès lors actée pour 2021. "Franchises ou pas ? Licences de brevet ? Nous n’avons pas encore tranché quant à notre stratégie, un prestataire travaille sur ces marchés", confie le trentenaire, qui recherche actuellement trois postes de cadres pour accompagner les futurs recrutements et une deuxième levée de fonds prévue fin 2021. " Nous sommes sous l’eau. Les sollicitations arrivent de tous les continents. Nous ne pouvons pas tout traiter". Un comble pour ces champions de la valorisation.

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