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La start-up Carbiolice plonge dans le bain du plastique compostable
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La start-up Carbiolice plonge dans le bain du plastique compostable

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La jeune entreprise puydomoise Carbiolice, cofondée par Limagrain, Carbios et Bpifrance, a mis au point un additif destiné à rendre totalement compostable le plastique d’origine végétale. Une innovation maintes fois brevetée, qui s’apprête à entrer dans le processus de fabrication des plasturgistes.

La jeune entreprise Carbiolice a mis au point un additif pour rendre 100 % compostable les plastiques d'origine végétale — Photo : Carbiolice

Une vingtaine de brevets, près de 29 millions d’euros investis en recherche & développement depuis 2010 dont 7 millions depuis la création de l’entreprise en 2016 : Carbiolice (900 000 € de CA en 2019 ; 25 salariés) suscite une forte attente. En particulier pour sa dirigeante, Nadia Auclair, ancienne directrice de l’activité bioplastiques chez Limagrain (1,9 Md € de CA en 2018 ; 10 000 salariés). Spécialisée dans la chimie verte, la coentreprise de Limagrain, Carbios (1,5 M€ de CA en 2019) et Bpifrance, a finalisé les dernières validations industrielles de son produit. Une étape clé réalisée pendant le confinement qui préfigure le lancement de la commercialisation de son additif au mois de septembre. « Nous sommes en pleine phase de production et de constitution des stocks pour pouvoir lancer les ventes à la rentrée. Nous produisons entre 10 et 20 tonnes par semaine pour monter en puissance à l’automne avec une capacité de production de 50 tonnes », dévoile Nadia Auclair.

Rendre le bioplastique 100 % compostable

Photo : Carbiolice

Carbiolice a mis au point une solution enzymatique permettant d’assurer la totalité du processus de compostage du plastique d’origine végétale. « Notre innovation baptisée Evanesto est un additif sous forme de résine encapsulée dans de l’acide polyactique (PLA), un polymère biodégradable qui intervient dans la fabrication des plastiques à usage unique : vaisselle jetable, dosettes de café, pots de yaourt, sacs de caisse ou les films alimentaires », explique la fondatrice. Elle s’approvisionne d’ailleurs exclusivement auprès du leader mondial de production d’enzymes, le danois Novozymes, avec lequel Carbillice a conclu un partenariat d’approvisionnement exclusif.

Concrètement, l’additif ajouté lors de la fabrication du plastique permettra de catalyser le processus de décomposition du plastique. « Dans un compost domestique, on atteint une décomposition et une biodégradabilité totale en 200 jours, ce qui nous permet de diviser par deux le temps de dégradation », note-t-elle.

La société réalise, en parallèle, un test grandeur nature avec le groupe Barbier (CA 2018 : 278 M€ / 700 salariés) spécialisé dans les films pour l’agriculture en déployant en conditions réelles 1 000 m² de son film de paillage biodégradable. « Les résultats sont attendus l’année prochaine et nous espérons lancer la commercialisation en 2022 », précise la dirigeante.

Ligne industrielle chez Limagrain

Spin-off après 4 ans de recherche collaborative entre Carbios qui recycle le plastique PET et Limagrain, semencier agricole, qui, dès les années 2000, avait développé un fil de paillage biodégradable, Carbiolice n’a pas coupé les ponts avec le groupe auvergnat qui l’héberge toujours à Riom (Puy-de-Dôme). « Nous avons une ligne de production pour produire près de 4 000 tonnes d’additif permettant de produire 80 000 tonnes de bioplastiques », précise-t-elle. Le marché mondial du plastique végétal est estimé à 1,5 million de tonnes.

La société qui possède également une halle technique regroupant des unités pilotes de test pour ses clients, est désormais un peu à l’étroit. Et songe à déménager sans s’éloigner de l’écosystème qui l’a vu naître. D’ici là, Carbiolice aura dû convaincre ses premiers clients, des plasturgistes ou des marques, exigeants sur la finalité de leurs emballages.

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