Chez Asobo, on est des coureurs de fond. Et il en a fallu du souffle aux deux dirigeants, Sebastian Wloch et David Dedeine. En 2002, avec 10 autres salariés de Kalisto (le studio de jeux vidéo, créé par Nicolas Gaume, mis en liquidation judiciaire après 12 ans d'existence, ndlr), ils rachètent les droits de SuperFarm, le jeu sur lequel ils travaillaient. Asobo est né. Seize ans plus tard, le petit studio bordelais est devenu grand ! Il affiche 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et 140 salariés en 2017. Et il s'apprête à recruter 40 personnes supplémentaires en 2018.
Le début de la collaboration avec Microsoft
Le véritable virage, Asobo l'a négocié avec adresse en 2012 lorsque Microsoft rachète les droits de plusieurs jeux vidéo à Pixar. Ce dernier conseille alors au géant de Redmond d'aller voir une petite boîte française qui a déjà développé cinq jeux pour eux. Conforté par les succès de ces produits (notamment le carton de « Ratatouille » écoulé à 2,5 millions d'exemplaires) Microsoft confie à Asobo le développement de son jeu « Kinect Hero ». Puis met le studio dans la confidence : il planche sur un casque de « réalité mixte », à mi-chemin entre la réalité virtuelle et la réalité augmentée, destiné aux grandes entreprises et aux développeurs. Asobo devient alors le seul partenaire de Microsoft sur le projet « Hololens » et produit deux jeux, offerts avec le casque à sa sortie en 2016.
Le tournant Holoforge
C’est le début d’une nouvelle aventure pour le Bordelais. « A ce moment-là, nous avons commencé à recevoir de nombreux appels d’entreprises, nous avons décidé de répondre à leurs sollicitations en créant Holoforge, notre division B2B », raconte Aurélie Belzanne, responsable des relations publiques d’Asobo. Depuis, les partenariats se multiplient : Naval group (ex DCNS), Areva NP, Vinci Autoroutes… Le tout premier Français à avoir été séduit est le laboratoire pharmaceutique Upsa. Holoforge a développé pour lui une application qui permet de former les opérateurs sur une chaîne de production, sans l’arrêter. « Avec notre solution, en 5 minutes d’utilisation, c’est comme avoir lu un manuel de 50 pages une première fois », assure Aurélie Belzanne. Dernièrement le studio bordelais a collaboré avec le CNRS sur une application qui permettrait aux archéologues de présenter leurs travaux au grand public. La démonstration est faite sur un buste d’Akhénaton. La superposition d'hologrammes sur le buste permet de visualiser l’œuvre originale. L'observateur, muni du casque de Microsoft, peut l’examiner sous toutes les coutures.
Mais Asobo n’oublie pas son cœur de métier pour autant, les jeux vidéo représentant encore la grande majorité de ses revenus. La deuxième création originale du studio sortira fin 2018, en partenariat avec l’éditeur français Focus. Le studio travaille aussi sur « The Crew 2 », en collaboration avec Ubisoft. Quant aux deux autres projets qui occuperont une grande partie des nouveaux recrutés… nous n’en saurons pas plus pour le moment !