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La Région Bretagne veut favoriser la relocalisation grâce aux achats des entreprises
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La Région Bretagne veut favoriser la relocalisation grâce aux achats des entreprises

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Une expérimentation est en cours depuis septembre 2022 en Bretagne afin d’aider des entreprises à se fournir davantage auprès de sociétés bretonnes. La Région Bretagne souhaite ainsi impulser une dynamique de relocation via des échanges entre décideurs et des formations notamment.

Frédéric Guémas (Publigraphic) et Viviane Barrais (Marinelec) ont témoigné sur la relocalisation de leurs achats lors du premier "rendez-vous de la relocalisation" de la Région Bretagne, dans le cadre d’une expérimentation pilotée par Loïc Hénaff, conseiller régional — Photo : Isabelle Jaffré

Douze entreprises bretonnes (Chancerelle, Marinelec, Publigraphic, Nautix, Manitou, Reuz Kitchen, ITGA, Lodi Group, Olmix, La Belle-Îloise, Sodimac et BSB Les Foyers) ont choisi de participer à l'expérimentation mise en place par la Région Bretagne depuis septembre 2022 sur le thème de la relocalisation. "Parfois, on ne connaît pas ses voisins ! L’idée est de mettre en relation fournisseurs et acheteurs pour créer une dynamique d’achats locaux et aller, à terme, vers une société bretonne de production", explique Loïc Hénaff. Le dirigeant du groupe Hénaff, également conseiller régional, s’est vu confier par le président de Région, Loïg Chesnais-Girard, ce dossier de la relocalisation piloté par Bretagne Développement Innovation (BDI). Pour les accompagner dans cette démarche, un cabinet spécialisé apporte son soutien dans l’identification des entreprises bretonnes pouvant devenir leurs fournisseurs.

Faire des choix

Le 28 juin, un premier "rendez-vous de la relocalisation" s’est tenu à Douarnenez, réunissant une trentaine de personnes issues des entreprises et collectivités du territoire. L’occasion pour trois des entreprises volontaires de témoigner sur ce qu’elles font déjà en termes d’achat local et les difficultés qui restent à contourner. "Déjà 90 % de nos sous-traitants sont à moins de 350 km de notre siège", témoigne ainsi Viviane Barrais, responsable des achats de Marinelec (18 salariés, 3,72 M€ de CA). Si le concepteur et fabricant d’équipements électroniques basé à Quimper fait fabriquer ses cartes électroniques en Bretagne, il lui est cependant impossible de trouver des composants français. "90 % des composants viennent de Taïwan, en attendant, pour 2026, une usine est en projet du côté de Grenoble", poursuit-elle.

Pour Phillipe Cloarec, directeur industriel de Chancerelle (600 salariés à Douarnenez, 184 M€ de CA en 2022), le spécialiste des conserves de poisson basé à Douarnenez, l’achat local est aussi une affaire de choix. "Nous avons déjà arrêté un produit car nous ne trouvions pas de fournisseurs sur un ingrédient qui correspondaient à nos critères", indique-t-il.

Chez Publigraphic à Pont-l’Abbé (15 salariés, 1,6 M€ de CA), le choix a été fait d’investir dans une machine fabriquée en Europe plutôt qu’en Asie. "Le montant à l’achat est deux fois plus élevé (300 000 euros, NDLR) mais pour un équipement qui durera plus longtemps, qui consomme moins d’énergie, et dont le service après-vente est assuré, détaille le gérant, Frédéric Guémas. C’est un choix de long terme."

Calculer le coût total de détention

"Il y a tout une éducation et une formation à assurer auprès des dirigeants sur les choix stratégiques d’achats, poursuit Loïc Hénaff. Et la formation est justement une compétence de la Région." Lors de la journée d’échanges à Douarnenez, le président du cabinet de conseil, Goodwill Management, a justement donné un atelier sur le calcul du "TCO" (total cost of ownership ou coût global de détention). "Il s’agit d’affiner le contrôle de gestion afin de prendre en compte le prix des matières premières mais aussi le coût environnemental, les coûts indirects, les coûts induits, etc. Et cela va jusqu’aux besoins en fonds de roulement. Par exemple, avec des taux d’intérêt qui remontent, garder un produit plusieurs semaines en stockage, ce n’est plus le même coût que quand les taux étaient proches de zéro !" Pour l’élu, "c’est le bon moment pour entamer ce virage à prendre. La Région est là pour impulser une dynamique mais c’est aux entreprises de se mettre des objectifs chiffrés."

La mission "Relocalisons" sera limitée dans le temps. La Cornouaille sera un territoire d’essai, notamment pour ces premiers échanges entre décideurs. "L’idée est d’affiner le format avant de le dupliquer à toute la Bretagne", précise Loïc Hénaff.

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