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« La présence de Casino à Saint-Etienne doit être utile à tous »
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Claude Risac directeur des relations extérieures de Casino « La présence de Casino à Saint-Etienne doit être utile à tous »

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Claude Risac est le directeur des relations extérieures de Casino depuis dix ans. "Monsieur Casino" s'est pris au jeu stéphanois et a endossé, en 2015, la casquette de président du Conseil de développement de Saint-Étienne. Un engagement personnel fort.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Savez-vous qu'à Saint-Étienne, vous êtes surnommé " Monsieur Casino ". Ce titre vous convient-il ?

Ah non..., je ne le savais pas mais c'est très bien car cela illustre exactement mon rôle de directeur des relations extérieures. Casino est né et a son siège à Saint-Étienne. L'entreprise a donc un lien tout à fait particulier avec la ville. 2.500 personnes travaillent pour Casino ici, plus de 3.500 sur l'ensemble du département.

Que signifie exactement directeur des relations extérieures ?

Je crois que le terme est assez explicite. Je représente par exemple mon groupe à la FCD (Fédération du commerce et de la distribution NDLR) dont je préside d'ailleurs l'antenne rhônalpine. À ce titre, je représente la profession au sein du Medef Auvergne-Rhône-Alpes. Ce sont des missions importantes. Je me charge aussi des relations avec le monde agricole, avec les syndicats industriels, avec les élus.

Quel a été votre parcours professionnel avant d'arriver chez Casino ?

J'ai fait des études qui auraient dû me mener aux Ressources Humaines dans l'industrie. Je suis titulaire d'un diplôme de psychosociologie des organisations industrielles et de mercatique industrielle. Finalement, je n'ai rien fait de tout ça. J'ai démarré ma carrière professionnelle à Radio France, dans la production audiovisuelle puis au cabinet du président. J'ai notamment participé à l'aventure de la création de France Info et au développement des radios locales. Cela s'est fait par hasard, j'ai saisi une opportunité via un journaliste que j'avais rencontré, Philippe Caloni. Je garde de cette période un souvenir extraordinaire. J'ai ensuite été dir com'puis directeur des affaires publiques de Pernod Ricard pendant dix ans auprès de Patrick Ricard. C'est là que j'ai fait mes premiers pas dans la vie syndicale patronale en prenant la casquette de président du syndicat des spiritueux. Cela représente un moment important dans ma carrière puisque j'ai pris conscience de l'importance de l'action collective. J'ai ensuite pris la direction, pendant huit ans, de l'interprofession du sucre. J'ai finalement rejoint le groupe Casino il y a dix ans.

Vous vous targuez d'être Stéphanois alors que vous êtes Vosgien...

Je vais lever le malentendu. Je suis originaire d'un village qui s'appelle Saint-Étienne lès Remiremont. Donc oui, je peux dire que je suis stéphanois. Mais Stéphanois des Vosges, pas Stéphanois de la Loire...

Cela fait maintenant dix ans que vous êtes installé ici, à Saint-Étienne, vous êtes impliqué dans de nombreux organismes, le Medef Loire, la CCI métropolitaine etc. quelle est votre vision de ce territoire ?

J'ai été immédiatement séduit. Il y a de la chaleur humaine ici, on vous accueille, on vous intègre. C'est un territoire à potentiel. Saint-Étienne a connu de nombreuses crises mais l'excellence et les savoirs-faire y sont toujours bien présents. Il y a encore beaucoup de choses à faire ; c'est un territoire riche de promesses.

Séduit au point de prendre début 2015 la casquette de président du conseil de développement de Saint-Étienne...

Je connaissais le conseil de développement mais je n'avais pas imaginé m'impliquer dans cette organisation. J'ai été surpris quand Gaël Perdriau m'a sollicité.

En tant que président du conseil de développement, que doit faire Saint-Étienne pour devenir attractive selon vous ?

Je vous arrête ! Saint-Étienne est déjà attractive. Elle doit avoir confiance en elle. Elle a des atouts qu'elle a peur de perdre. Or, la question n'est pas de conserver mais de conquérir.

Imaginons qu'on vous donne une baguette magique afin de changer trois choses à Saint-Étienne. Que faites-vous ?

C'est une question abstraite parce que l'action collective est plus efficace qu'une baguette magique. Mais soit, essayons. Je dirais que l'évolution du centre-ville est primordiale. Des actions ont déjà été entreprises avec des démolitions, des projets de logements neufs... Il faut aussi trouver des espaces pour les entreprises, en musclant nos capacités d'accueil. Et enfin, je crois que nous devons mener une action forte sur la vallée du Gier. Le Conseil de développement s'est d'ailleurs emparé du dossier depuis plusieurs années. Il y a énormément de choses à faire sur le Gier en collectif. Il faudrait également valoriser les atouts distinctifs du territoire en obtenant qu'ils soient reconnus au plan régional. C'est ici et nulle part ailleurs si je puis dire. Par exemple, le gérontopole, le design, le pôle sport/médecine... Cultivons nos points forts.

Au moment de cette prise de fonction au Conseil de développement, quelques voix, discrètes c'est vrai, s'étaient élevées pour souligner que Casino avançait là un pion supplémentaire dans son emprise sur la ville. Est-ce que la direction de Casino vous influence dans ce sens ?

Absolument pas ! Contrairement à ce que certains peuvent penser, Casino ne fait pas de lobbying ici. À mon arrivée, Antoine Guichard m'a dit " quand on a du poids dans une ville, il faut savoir ne pas être pesant ". J'ai toujours veillé à cela en tant qu'ambassadeur du groupe. Il faut être respectueux. Ce n'est pas parce que nous nous appelons Casino que nous pouvons influer sur tout. Sachant que notre situation est très différente de celle de Michelin à Clermont-Ferrand par exemple. Michelin est une entreprise industrielle, avec de multiples sous-traitants dans la région. Michelin a toujours été la grosse entreprise de Clermont. Pas nous. Il y a quelques décennies, Saint-Étienne hébergeait des entreprises bien plus grosses que Casino. Je ne dis pas que nous ne sommes pas importants ici, simplement que notre influence est plus diffuse que celle de Michelin. De toute façon, que pourrions-nous demander, pourquoi Casino ferait du lobbying ? À quel sujet ? Quel serait l'intérêt ?

Par exemple, Casino avait menacé de quitter Saint-Étienne si la ligne de tram n'arrivait pas jusqu'à son nouveau siège social. Ne pensez-vous pas que la desserte de la gare de Chateaucreux était un argument suffisant, sans doute plus important que celui du siège de Casino ? Quand on me demande, les élus notamment, ce qu'ils peuvent faire pour Casino, je leur réponds, " faites-nous une belle ville, une ville agréable pour nos cadres. Pour le reste, nous nous débrouillons ". Par exemple, l'ouverture prochaine d'une classe internationale, sera un facteur d'attractivité pour des cadres !

En tant que directeur des relations extérieures de Casino, vous devez être sursollicité pour du mécénat, du sponsoring etc ?

C'est vrai que ce point est compliqué. Nous essayons déjà de maintenir ce qui existe : le lien fort avec le Musée d'Art moderne dont le bâtiment avait été construit par un Guichard, avec la Comédie, avec l'Opéra, avec la Cité du Design, des festivals locaux et surtout avec l'Université de Saint-Étienne. Quand je suis arrivé il y a 10 ans, je me suis rendu compte que dans la ville qui avait inventé le commerce moderne, il n'y avait aucune formation pour le commerce de détail. Nous avons créé la filière avec Khaled Bouabdallah (président de l'Université de Lyon). J'en suis très fier ! Nous apportons par ailleurs chaque année une belle contribution avec la taxe d'apprentissage. Nous sommes par ailleurs membre fondateur de la fondation de l'Université. Ce partenariat est vraiment le plus fort que nous ayons ici. Vous voyez, quand on parle de l'influence de Casino sur la ville, c'est aussi une présence utile à tous !

Dans le même esprit : le rachat de la laiterie de Sauvain qui était en difficulté l'année dernière et le réinvestissement de trois millions d'euros pour sa rénovation. C'était une première pour Casino. C'est aussi notre rôle.

Quel est le montant de la ligne financière de l'engagement de Casino pour le territoire ?

Je ne souhaite pas vous en donner le montant mais la ligne est conséquente.

Avec toutes ces occupations, avez-vous un peu de temps pour vous ?

Oui bien sûr. Je vis entre Saint-Étienne (quartier de la Vivaraize) et Paris. J'aime la musique, je vais beaucoup à l'Opera, j'écoute des disques. D'ailleurs, j'en profite pour signaler qu'on a ici une maison d'opéra de très grande qualité. J'aime aussi aller voir les matches de l'ASSE. Saint-Étienne est une ville où il fait bon vivre. J'en profite !

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