À Saint-Amand-les-Eaux (Nord), dans la zone du Moulin Blanc, les ouvriers de Metal Technologies Manufacturing (MTM), très spécialisés, "découpent des pièces dans de la tôle au laser, les plient et les soudent ensemble", schématise le directeur adjoint, Guillaume Janssens. Le résultat de ce travail d’une grande technicité est visible du grand public sur les quais des gares : "Le ferroviaire est notre spécialité, détaille-t-il. Il représente 80 % de notre chiffre d’affaires. Toute la carcasse métallique extérieure d’un train, hormis les portes et les fenêtres peut être réalisée chez nous. Ça va de la toiture du train jusqu’aux bas-côtés en passant par les absorbeurs de chocs et des pièces intérieures".
Carnet de commandes plein jusqu’en 2025
Principal client de cette PME fondée en 2015 : les deux constructeurs Alstom et Bombardier, qui ont fusionné en début d’année. "Grâce à cette sous-traitance historique, notre carnet de commandes est plein au moins jusqu’en 2025", annonce Guillaume Janssens. Via ce partenaire, MTM travaille actuellement pour les trains de la SNCB (chemins de fer belges). Le futur matériel roulant MF19 du métro parisien est en phase de prototype et il est déjà acquis que MTM en fabriquera plusieurs pièces. Voilà qui dégage l’horizon économique de la société encore plus loin. "Le reste de notre activité se fait avec Nordtole, Bossard ou encore Stratiforme", précise le dirigeant.
Des difficultés à recruter
Cette hausse des volumes de production a permis à la société MTM d’ouvrir un second site de production, début 2021, à Denain (Nord). "Nous sommes ainsi passés de 64 salariés en 2017 à 150 aujourd’hui, on a gagné en surface afin de produire avec toujours plus de qualité et de sécurité et être prêts à relever nos défis." Néanmoins, MTM peine parfois à trouver de la main-d’œuvre : "Ça a été très compliqué, notamment quand nous étions en phase de recrutement intensif, explique Guillaume Janssens, les soudeurs sont une denrée rare. C’est un métier passion. Il faut aimer ça, avoir le coup de patte. C’est un travail trop difficile pour le faire uniquement dans le but de toucher sa paie. Nous mettons donc en place des plans de formation avec Pôle Emploi et la Région mais neuf fois sur dix les candidats abandonnent au cours de leur formation ou durant leur premier CDD."
Diversification
Profitant d’une très faible concurrence en France, et venant principalement des pays de l’Est, MTM semble promis à un bel avenir. En 2021, la société table sur un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros, en hausse constante depuis 2018 mais freiné en 2020 par la crise sanitaire et les fermetures temporaires de sites. Enjeux stratégiques pour la société, à moyen et long terme : réduire la part représentée par le ferroviaire dans son chiffre d’affaires, "afin de ne pas être trop dépendants d’Alstom", et relancer la diversification, "comme à une époque, où l'entreprise avait une grosse activité avec le BTP, le matériel agricole et les armées", ce qui permettrait à MTM de grappiller trois ou quatre millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires.
