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La Cerp Bretagne-Atlantique récolte les fruits de ses missions Covid-19
Saint-Brieuc # Commerce # Conjoncture

La Cerp Bretagne-Atlantique récolte les fruits de ses missions Covid-19

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La coopérative de pharmaciens Cerp Bretagne-Atlantique, basée à Saint-Brieuc, a vu son activité et celle de ses sociétaires bouleversées par la crise sanitaire. Des responsabilités supplémentaires, notamment de santé publique, ont entraîné des adaptations de son activité et des négociations avec l’État pour une meilleure rémunération de la gestion des médicaments.

Anthony Hurault (à gauche), directeur général, et Richard Odillard, président du directoire de Cerp Bretagne-Atlantique, sont arrivés à la tête de la coopérative en juin 2021 — Photo : DR

Dans le monde professionnel bien établi des répartiteurs pharmaceutiques, comme la Cerp Bretagne-Atlantique, la pandémie de la Covid-19 aura représenté une révolution d’une ampleur inédite.

En premier lieu, les sociétaires de la coopérative établie à Saint-Brieuc, les pharmaciens, ont vu leur métier bouleversé. "Les officines n’ont jamais été des commerces comme les autres. Pharmacien a toujours été un métier de services. Mais la crise sanitaire a multiplié les missions et notamment les missions de service public comme les tests, les vaccins, l’information sur la politique de santé publique ou encore les entretiens médicaux. La mission de santé publique est sortie des hôpitaux", explique Richard Odillard, président du directoire. Pour les accompagner, la Cerp BA leur a notamment proposé des formations, un outil de téléconsultation ou encore une solution pour le click and collect.

La logistique du dernier kilomètre de la Covid

En second lieu, la coopérative "créée il y a 83 ans par les pharmaciens pour les pharmaciens" a vu sa propre activité de logisticien bouleversée avec une ampleur comparable. "L’État a pensé un temps faire appel à des logisticiens internationaux pour assurer la logistique des masques et des vaccins. Mais nous avons montré que les grossistes répartiteurs étaient agiles et réactifs", se félicite Anthony Hurault, directeur général, arrivé comme Richard Odillard à la tête de l’entreprise en juin 2021, tous deux nommés par le conseil de surveillance présidé par Clément Lucas. "Nous avons assuré la logistique à la suite de Santé Publique France, celle du dernier kilomètre."

Une gestion des stocks d’État nouvelle et grande consommatrice d’énergie et de ressources. "L’État nous a fortement sollicités, nous avons travaillé pour lui, à l’aveugle. Nous avons reçu un premier versement pour les masques en août, nous recevrons le reste fin janvier. Pour les vaccins, nous avons les engagements de l’État mais rien n’a encore été réglé." Par ailleurs, ces missions exceptionnelles ont nécessité des investissements, comme, par exemple, l’achat de congélateurs pour chacune des douze agences de répartition de la coopérative, pour un coût de 200 000 euros. Et certaines ont généré des pertes. "On nous a demandé de proposer des masques alternatifs, qui n’ont pas fonctionné. Nous les avons a achetés à 60 centimes et ils ont été vendus à tarif réglementé à 50 centimes."

Bataille autour de la marge

Cet investissement et la réussite de cette mission qui s’est trouvée à la hauteur de l’enjeu, ont abouti, dans la logique économique, à la table des négociations. Les grossistes répartiteurs ont demandé une augmentation de ce qui constitue 90 % de leur rémunération : leur marge sur les médicaments et les dispositifs médicaux pris en charge par la Sécurité Sociale, dont ils assurent la répartition. Dès septembre 2020, l’État a augmenté cette marge de 6,68 % à 7,53 %, avec un plafond de rémunération passant de 30 à 43 euros. Une mesure valable quatre mois, d’octobre 2020 à janvier 2021. "Elle a permis d’injecter 30 millions d’euros pour le secteur", se félicite Richard Odillard. À partir de février 2021, la marge est passée à 6,93 % avec un plancher toujours fixé à 30 centimes par boîte de médicament et un plafond ramené à 32,50 euros.

La Cerp Bretagne-Atlantique, comme ses consœurs, pourrait également obtenir une diminution de la taxe sur les ventes en gros des médicaments, qui devrait connaître désormais trois paliers. Cette mesure, toujours en discussion, devrait être inscrite au budget de l’État de 2022 avec rétroactivité sur l’année 2021. Enfin, dernier point en négociation avec le gouvernement, un forfait de 0,66 centime d’euro par boîte est réclamé par les répartiteurs pour les médicaments nécessitant le respect de la chaîne du froid. "Ils sont encore peu nombreux mais leur nombre augmente et ils nécessitent une logistique particulière", souligne Anthony Hurault.

L’activité répartition de la Cerp Bretagne Atlantique représente 90 % de son chiffre d’affaires, le reste provenant du matériel médical et de la parapharmacie — Photo : DR

Une hausse des rémunérations de la coopérative qui va bien sûr profiter à l’ensemble de ses 2 600 sociétaires dans l’hexagone, et à ceux de l’Outre-Mer, où la Cerp Bretagne-Atlantique est présente en tant que répartiteur de médicaments en Guadeloupe, à la Réunion, à Mayotte et à Tahiti. La coopérative possède également des filiales en Afrique. La coopérative possède également douze agences de répartition et des agences de matériel médical (neuf unités) en Bretagne, là où tout a commencé en 1938, mais aussi en Nouvelle Aquitaine et dans les Pays de la Loire. "Dans notre zone de chalandise, nous occupons la position de leader avec une moyenne de 31 % de part de marché", se félicitent les deux hommes. Une concentration dans le Nord Ouest qui impose à la coopérative de chercher sans cesse de nouveaux sociétaires, ce qui passe notamment par une présence dans les facultés de pharmacie, les centres de formation pour préparateurs et l’accompagnement des jeunes diplômés.

Plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires

Les sociétaires hexagonaux se partagent les résultats d’une coopérative au chiffre d’affaires conséquent : un milliard d’euros en 2020, en hausse de 3,5 % sur l’année précédente. Le résultat net s’est élevé à 1,73 million d’euros. En 2021, le chiffre d'affaires est annoncé à 1,12 milliard d’euros pour 1 225 salariés, dont 650 en France métropolitaine.

Saint-Brieuc reste la tête de proue de l’ensemble. La cité costarmoricaine concentre le siège social de la Cerp Bretagne-Atlantique, une agence de répartition, la centrale d’achats Santralia et la filiale informatique du groupe, Sofirep, ainsi que Distrisanté, le dépositaire pharmaceutique spécialisé dans les médicaments génériques situé à Hillion. Un éventail des diversifications qui comprend également Aelia, un groupement de pharmaciens, alternative à la coopérative, qui compte 750 adhérents et travaille avec une centaine de laboratoires partenaires. Enfin, la coopérative a développé une filiale dans le domaine du matériel médical. Spécialiste du maintien à domicile, Madouest compte 2 000 officines partenaires et propose également des prestations médico-techniques à domicile.

L’ancrage local est un axe que les deux hommes, nommés tous les deux à la tête opérationnelle du directoire de la coopérative en juin, veulent continuer à développer, en lien avec l’esprit coopératif. "Nous avons 144 partenaires locaux, que ce soit dans le domaine du transport - une partie de nos livraisons est sous-traitée-, de la télécommunication, du voyage… Les pharmacies sont des acteurs de proximité, 4,3 millions de personnes franchissent la porte chaque jour d’une officine en France. Même si ça apporte des difficultés, puisque nous devons effectuer le même travail pour toutes les régions où nous nous trouvons, nous avons une vraie appétence pour les acteurs locaux."

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