Le soutien des acteurs de l’économie normande a été au centre des préoccupations de la Caisse d’Épargne Normandie (CEN) en 2020. L'année dernière, la banque coopérative a accordé 2 513 prêts garantis par l’État (PGE), soit plus de 10 % des PGE octroyés en Normandie, pour un montant total de 274 millions d'euros, dont 155 millions d'euros pour les entreprises et 119 millions d'euros pour les clients professionnels.
Sur 130 000 entreprises en Normandie, seules 20 000 ont souhaité bénéficier d’un PGE (notamment les petites entreprises). "Nous estimons qu’il y a entre 5 à 7 % de PGE en difficulté, souligne Bruno Goré, président du directoire de la CEN. Et les premières difficultés que l’on observe sont plutôt liées à des chefs d’entreprises seuls et peu accompagnés. C’est pourquoi nous mettons en place des plans d’accompagnement avec l’Agence de développement Normandie."
Renforcer les fonds propres des entreprises fragilisées
Autre axe de soutien à l’économie pour la CEN : le report d’échéances de crédit avec 8 354 reports accordés en 2020 (jusqu’à six mois pour les professionnels et les entreprises) pour un montant de 65,8 millions d'euros. Des reports prolongés de six mois pour les clients du secteur du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. La CEN s’est également associée à la Région Normandie pour créer le fonds d’investissement Normandie Rebond destiné à soutenir les PME normandes saines mais fragilisées par la crise en renforçant leurs fonds propres : "L’idée est de donner un coup de pouce au-delà du crédit pour aider à passer un cap lors de difficultés transitoires", précise Bruno Goré.
Au total, le fonds Normandie Rebond est doté d’un capital de 30 millions d'euros dont près de 10 millions d'euros apportés par la CEN. Une nouvelle étape de soutien aux entreprises doit débuter en avril via le lancement des prêts participatifs, avec le soutien de l’État. "Des prêts en quasi-fonds propres à dix ans avec un différé de remboursement sur quatre ans. Cela donnera un soutien supplémentaire pour investir et se redresser", assure le président du directoire.
Des résultats financiers préservés
Cette période de crise n’a pas fait vaciller la Caisse d’Épargne Normandie, qui affiche une progression des encours de crédit de 8,7 % à 14,35 milliards d’euros et une progression des encours de collecte de 4,9 %. Avec 353,8 millions d'euros, la CEN a maintenu son produit net bancaire (l'équivalent du chiffre d’affaires) au-delà de son budget prévisionnel, "malgré la baisse de marge nette d’intérêts dans un contexte de taux longs négatifs", explique Christophe Descos, membre du directoire de la CEN. La solvabilité de l’établissement bancaire reste élevée, à 27 % (le taux réglementaire étant de 10 %), et son coefficient d’exploitation, ratio-clé pour mesurer la rentabilité opérationnelle d’un établissement, a bien résisté pour atteindre 61,9 %. La banque affiche un résultat net de 81,5 millions d'euros, en baisse de 8,5 % par rapport à 2019 mais "conforme aux prévisions", selon la direction.
La banque régionale a également structuré ses activités de capital-investissement avec 36 millions d'euros investis dans le capital d’entreprises, mais aussi d’ingénierie financière pour augmenter ses capacités d’intervention notamment sur les financements d’infrastructures comme l’éolien offshore (Saint-Nazaire, Fécamp…). Des activités qui ont pesé, en 2020, pour 300 millions d'euros de crédit dont 20 % sur des projets liés à la transition énergétique.
Une dynamique commerciale soutenue
L'année 2020 marque un record en terme de collecte d'Épargne et de dépôts pour la banque de détail (marché des particuliers, professionnels, petites entreprises) avec un excédent de 403 M€ porté par l'épargne liquide versée notamment sur le Livret A (près de 203 M€) et le Livret régional (plus de 122 M€). " La crise avec ses périodes de confinement notamment a favorisé l'épargne de précaution plutôt qu'incité à la consommation malgré le rebond observé à la sortie du 1er confinement. Face à ces dépôts en forte hausse, nous avons une dynamique forte sur le crédit, avec un crédit immobilier qui est resté soutenu en dépit des incertitudes de la crise ", précise Bruno Goré. Au total, pour la banque de détail, les versements de crédits ont représenté 2,2 milliards d'euros (hors PGE), grâce à une activité soutenue pour les crédits immobiliers, encouragés par le maintien de taux de marché bas. Par contre, les versements de crédits à la consommation et l'équipement des professionnels sont en recul sur la période. Enfin, du côté de la banque du développement régional (marché des grandes entreprises et économie sociale, des collectivités, du logement social, de l'immobilier professionnel), les versements de crédits atteignent 568 M€ (hors PGE) avec une progression sur les marchés HLM (+37 M€) " qui compense en partie le repli enregistré sur les marchés des entreprises et du secteur public territorial ", souligne le président du directoire de la CEN.
Les jeunes au cœur de la stratégie de recrutement
Face à la crise, la CEN a poursuivi son programme de recrutements avec 165 embauches en CDI en 2020, dont 30 % ont concerné des jeunes de moins de 26 ans. Pour renforcer son aide auprès des jeunes, la banque annonce la création de son propre centre de formation des apprentis avec l’objectif de doubler les contrats d’apprentissage et contrats de professionnalisation pour passer à 70 jeunes alternants dans l’entreprise.
