Un virage vers la transition verte du numérique. Après six mois de recherche et développement, l’agence de conseil communication Infra (CA 2023 : 2,5 M€, 25 salariés), basée à Bischheim (Bas-Rhin) a mis au point une méthode de développement de sites web relevant de l’écoconception. Ces derniers sont optimisés pour limiter l’impact du numérique des entreprises sur l’environnement, un sujet analysé dans le scope 3 du Bilan Carbone®. L’agence de communication strasbourgeoise, créée en 1979, est la première à se spécialiser dans l’écoconception des sites web dans le Grand Est.
L’expérience de l’utilisateur au cœur de la méthode
"L’écoconception ajoute une couche de réflexion sur l’impact environnemental à chaque étape", affirme Anne-Sophie Pascal-Lebet, co-dirigeante d’Infra. Avec sa méthode Green UX®, qui comporte 150 critères d’écoconception, l’agence de communication propose un processus de six ateliers avec ses clients pour réfléchir à l’élaboration de leur site. "Avant toute chose, nous nous assurons que la création du site est nécessaire. Si c’est le cas, notre travail de développement s’articule ensuite autour des parcours utilisateurs. Il y a aussi tout un travail sur l’ergonomie et le design pour limiter la consommation d’énergie. C’est une véritable inversion de la philosophie dans la création des sites web", poursuit-elle.
Les pages d’un site éco-conçu peuvent peser en moyenne jusqu’à huit fois moins lourd que celles d’un site classique. "Le client doit faire des choix pour respecter son budget environnemental, soit l’objectif de poids moyen des pages de son futur site éco-conçu". Plus légers, ils sont ainsi mieux référencés sur les moteurs de recherche. Pour ce qui est de l’hébergement, l’agence travaille avec deux data center, un français et un suisse, les deux seuls à répondre aux critères Green UX®.
Faire de la pédagogie auprès des clients
L’agence Infra a décidé de réaliser uniquement des sites éco-conçus à l’avenir, quitte à rediriger des clients vers d’autres entreprises s’ils souhaitent un site classique. "Les clients ont des appréhensions, notamment sur le design. C’est comme le début de toutes les nouveautés, il faut faire de la pédagogie", souligne Anne-Sophie Pascal-Lebet. Avec Green UX®, elle affirme que le prix de la prestation n’a pas évolué : "Les clients payent davantage en conseil et en accompagnement, mais cela est compensé par le coût plus faible du site puisqu’il y a moins de choses à développer".
L’écoconception en manque de référentiel
Alors que le numérique représente 10 % de la consommation électrique annuelle française, l’absence de législation sur l’écoconception des sites web inquiète la co-dirigeante d’Infra : "Il n’y a pas de référentiel, pas de label. Il faut une ligne sur laquelle tout le monde peut se baser, sinon c’est la porte ouverte au greenwashing. Chaque entreprise peut aujourd’hui proposer la création de site éco-conçu selon ses propres critères, qui ne sont pas forcément très exigeants. Il faut vraiment encadrer tout ça". En France, moins d’une dizaine d’entreprises proposent la création de site web éco-conçu.
