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Inès Le Bihan (Facebook) : « Armor-Lux et Henriot se renouvellent de façon incroyable »
Interview Nantes # Industrie # Innovation

Inès Le Bihan designer industrielle chez Facebook Inès Le Bihan (Facebook) : « Armor-Lux et Henriot se renouvellent de façon incroyable »

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Designer industrielle chez Facebook, aux États-Unis, Inès Le Bihan, 29 ans, a été élue « Bretonne expatriée de l’année » aux West Web Awards 2019. Originaire de Combrit, dans le Finistère, elle était de retour en Bretagne cet été et a présenté son parcours atypique au West Web Festival, à Carhaix.

La Finistérienne Inès Le Bihan, designer industrielle chez Facebook aux États-Unis, a été élue "Bretonne expatriée de l’année" aux West Web Awards 2019 — Photo : © Isabelle Jaffré

Le Journal des Entreprises : Aujourd’hui designer industrielle aux États-Unis, vous êtes passée par l’École de design de Nantes-Atlantique. C’est un métier que vous avez toujours voulu faire ?

Inès Le Bihan : Je ne pense pas qu’on puisse choisir ce domaine par défaut. Au lycée, à Quimper, j’avais davantage l’idée de faire du web, du design d’interaction, de la 2D plutôt que la 3D ! L’École de design de Nantes offrait la possibilité de tester plusieurs options. J’ai ainsi pu tester le graphisme, l’interactivité, l’espace, etc. J’aime beaucoup le produit, mais ça me paraissait inaccessible, parce que très différent de ce que j’avais déjà pu faire. Je n’avais rien fait en rapport avec le design lié à l’objet. Par exemple, je ne savais pas dessiner - je ne sais toujours pas d’ailleurs ! C’est à Nantes que j’ai pu explorer cet aspect du design.

Quel a été votre parcours, après votre diplôme en 2013 ?

I.L.B. : Je suis allée à l’étranger : Chine, Italie, Japon et enfin aux États-Unis depuis cinq ans. En Italie, je travaillais dans un accélérateur de start-up. J’essayais d’apporter des compétences en design sur les produits, mais aussi les process. J’étais là pour dire : « Et l’utilisateur, qu’est-ce qu’il en pense ? » Le rôle du designer est de rappeler qu’il y a un utilisateur derrière. J’amenais les start-up à penser davantage à l’expérience utilisateur.

Au Japon, j’ai travaillé un an pour Nendo, une agence de design reconnue. C’était très dur, car ils sont très exigeants et n’ont aucune limite. Ils sont capables de créer énormément d’objets très différents et d’en faire une collection, comme si c’était une seule famille.

Vous êtes ensuite partie aux États-Unis il y a cinq ans. Qu’y avez-vous fait ?

I.L.B. : Je suis d’abord entrée chez HTC, à San Francisco. Designer industrielle, je travaillais sur les téléphones et tablettes Nexus pour Google.

Puis je suis passée aux objets connectés. Je suis ensuite partie chez le chinois Xiaomi, toujours à San Francisco. Ils sont impressionnants. En fabrication, personne ne peut faire ce qu’ils font. Après avoir travaillé sur les bracelets connectés notamment, j’ai pu évoluer dans le groupe, qui s’est beaucoup diversifié au fil des ans. J’ai intégré une branche qui montait en puissance : Nio. Ce constructeur de voitures électriques travaille sur le véhicule autonome. Je travaillais sur les radars extérieurs et sur l’intérieur de la voiture. Avec une réflexion sur ce que le conducteur va faire, une fois qu’il n'aura plus la voiture à conduire.

Comment êtes-vous arrivée chez Facebook à Seattle ?

I.L.B. : Ils m’ont invité à un petit-déjeuner. J’y suis allée pour voir. Il est toujours intéressant de les rencontrer. Je ne m’y attendais pas, mais j’ai fini par présenter mon portfolio à toute une équipe ! J’ai ainsi rejoint l’équipe du laboratoire de recherche à Seattle.

Le design industriel chez Facebook, c’est très particulier. L’équipe est très petite. Nous travaillons sur les quelques produits avec composants de Facebook : l’Oculus (casque de réalité virtuelle), Portal (tablette)… Nous essayons d’identifier ce que nous pourrions faire dans le futur avec les connaissances dont Facebook dispose. Il n’y a rien de très précis mais Facebook fait partie des entreprises qui ont compris que l’innovation est importante pour dans dix ans ou peut-être jamais. Facebook est capable de tout créer, du composant à l’objet.

Avez-vous encore des liens avec la Bretagne ?

I.L.B. : Bien sûr ! J’ai gardé un lien fort avec la mer dans ce que je fais. J’aime donner des noms français à ce que je crée. Je regarde aussi un peu ce qui se fait ici. Je suis bien sûr le mouvement French Tech. Étant donné mon cursus à Nantes, je suis davantage ce qui s’y fait, mais je regarde aussi la Bretagne.

J’aime, par exemple, beaucoup ce que font Armor-Lux et la faïencerie Henriot. Ils se renouvellent de façon incroyable. Armor-Lux fait des choses assez folles à travers ses partenariats. Quand je travaillais sur un bracelet connecté en céramique, j’ai aussi beaucoup observé Henriot, qui a créé une gamme de bijoux en céramique.

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Après toutes ces expériences dans des grands groupes, avez-vous l’envie d’entreprendre ?

I.L.B. : Je pense qu’un jour je le ferai ! Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est réussir à amener un projet que j’aime bien vers une entreprise. Je n’ai pas envie de créer une table et la fabriquer moi-même. Je veux le faire avec des moyens industriels. Je mène déjà mes propres projets en parallèle, comme une lampe pour Ligne Roset avec Thomas Droze.

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