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Geneo : " Nous apportons d'abord du capital humain avant le capital financier "
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Fanny Letier et François Rivolier cofondateurs de Geneo Capital Entrepreneur Fanny Letier et François Rivolier cofondateurs de Geneo Capital Entrepreneur " Nous apportons d'abord du capital humain avant le capital financier "

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La société d’investissement Geneo Capital Entrepreneur vient de fêter ses deux années d’existence et son dixième investissement en capital dans une entreprise familiale française : le groupe Piscines Magiline de Troyes. Avec 230 millions d’euros de fonds levés auprès de dirigeants d’entreprise et de familles d’entrepreneurs, Geneo consolide sa démarche d’accompagnement de la croissance des PME pour en faire des ETI.

Fanny Letier et François Rivolier cofondateurs de GENEO accompagnent les entreprises dans des stratégies de croissance forte et durable — Photo : Nathalie Oundjian

En quoi Geneo Capital Entrepreneur est-il différent des autres fonds de capital développement de la place ?

Fanny Letier : Geneo investit dans les PME et ETI ambitieuses, engagées dans des stratégies de croissance forte et durable. Nous ne sommes pas un fonds mais une société d’investissement dont les statuts reflètent la raison d’être : la mise à disposition d’une finance positive pour l’économie réelle. Les piliers de notre action sont la maîtrise du temps en nous adaptant au temps de l’entrepreneur et de l’entreprise ; l’apport en capital humain avant le capital financier avec le déploiement d’une méthodologie spécifique et l’accompagnement du dirigeant par quelque 70 experts ; notre attachement au partage de la valeur entre nos actionnaires et l’entreprise en promouvant la mise en place de dispositifs ad hoc comme l’actionnariat salarié.

François Rivolier : Pour cela, nous aidons les entreprises dans lesquelles nous investissons à mettre en place des actions de RSE, à devenir des sociétés à impact. Par ailleurs, un tiers de notre carried interest (intéressement versé aux gestionnaires des fonds de capital-investissement - en moyenne 20 % des plus-values enregistrées - après atteinte par les investisseurs financiers d’un taux de rendement interne, NDLR) va à un fonds de dotation qui soutient l’emploi dans les territoires défavorisés et la réinsertion de jeunes décrochés scolaires dans l’emploi.

Comment ces engagements se traduisent-ils concrètement dans votre action ?

F.R. : Nous travaillons sur le long terme à la façon des fonds d’investissement " evergreen ", sans avoir de date prédéterminée de sortie, nous sommes là pour 5 ans, 7 ans, 10 ans en fonction des besoins de l’entreprise.

F.L. : Nous sommes également dans une logique de coaching pour aider les dirigeants des entreprises dans lesquelles nous sommes investis à exécuter au mieux leur business plan. Nous avons levé des capitaux auprès de 130 actionnaires : deux investisseurs institutionnels mais surtout des entrepreneurs et des familles d’entrepreneurs, dans toutes les régions et dans d’autres pays européens : en Suisse, au Luxembourg, en Belgique, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie. Tous expriment un ancrage territorial très fort et sont prêts à partager leur expérience.

Comment choisissez-vous les entreprises dans lesquelles vous investissez ?

F.R. : Nous réalisons des augmentations de capital tous les deux mois avec des tickets minimaux de 500 000 euros. Nous gérons aujourd’hui 230 millions d’euros dont seulement 80 millions d’euros ont à ce jour été investis dans 10 sociétés. Nous examinons chaque année environ 200 dossiers d’investissements potentiels et nous tenons compte de différents critères : position forte de l’entreprise sur son marché avec potentiellement une place de leader national, européen ou mondial ; capacité d’innovation ; capacité à mixer croissance organique et croissance externe ; identification des éléments clefs pour réussir : les risques à maîtriser, les opportunités à consolider…

F.L. : Nos investissements initiaux vont de 3 à 15 millions d’euros, en moyenne 8 millions d’euros. Nous aimons bien investir avec d’autres, des fonds d’investissement déjà présents dans l’entreprise, des fonds spécialisés du point de vue sectoriel, des acteurs régionaux. Nous sommes toujours dans une logique de positionnement minoritaire même si quelques fois l’ensemble des investisseurs est majoritaire dans le capital.

Comment s’est comportée votre activité depuis l’an passé ?

F.R. : Nous avons eu un très bon deal flow début 2020 puis l’activité a fléchi entre mars et juillet et elle a redémarré assez fortement depuis septembre. Nous anticipons une forte demande de fonds propres de la part d’entreprises qui veulent retrouver une capacité à réinvestir, pour consolider leur position ou accélérer leur croissance.

Allez-vous être partie du dispositif annoncé par le gouvernement pour des prêts participatifs et des obligations subordonnées adossés à une garantie de l’État ?

F.L. : Je siège au conseil d’administration de France Invest qui porte ce dispositif avec l’État. C’est le résultat d’un engagement de toute la profession et donc évidemment Geneo sera également mobilisé. L’enveloppe globale est de 20 milliards d’euros avec 14 milliards de prêts participatifs bancaires et 6 milliards d’obligations. Le principe de la garantie de l’État a été acté. Nous devons à présent travailler avec les assureurs pour les emmener à nos côtés, mais il est encore trop tôt pour parler des montants qui seront investis et de leur répartition.

Comment s’exprime la dimension sociétale de votre action ?

F.L. : Nous avons créé un fonds de dotation communautaire au lendemain du premier confinement avec pour ambition de financer des actions de création d’emplois pour des publics de jeunes décrocheurs. Ce fonds sera alimenté par notre carried interest tous les 5 ans. D’ores et déjà nous avons mis en œuvre une première action sur les fonds propres de Geneo en cofinançant, pour trois ans, les frais de solidarité d’une École de Production à Lens dans les Hauts de France pour un CAP de maintenance automobile. Les Écoles de Production sont des établissements privés d’enseignement technique, reconnus par l’État, qui proposent à des jeunes de 15 à 18 ans des formations qualifiantes en apprentissage sur des métiers en tension avec un taux de 100 % d’insertion professionnelle en fin de cursus. Nous avons réalisé cette première action en partenariat avec une famille qui fait partie de nos actionnaires. C’est la logique de notre engagement.

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