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Ford Blanquefort : pourquoi la décision ne passe pas auprès des pouvoirs publics
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Ford Blanquefort : pourquoi la décision ne passe pas auprès des pouvoirs publics

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"Un choc", "une trahison"... Les mots sont durs après l'annonce de la direction de Ford de ne pas produire sa nouvelle boîte de vitesse dans son usine mécanique de Blanquefort (Gironde). Le constat est d'autant plus amer que les pouvoirs publics s'étaient déjà mobilisés pour le sauvetage de l'usine en 2013. 915 emplois sont menacés.

Photo : Ford

« La fabrication de la nouvelle transmission 8 vitesses à Ford Aquitaine Industries (FAI) n'était pas économiquement viable ». La décision de Ford Motor Company est tombée comme un couperet, mardi 27 février. Le constructeur automobile n'investira plus sur le site de Blanquefort (Gironde), son unique usine sur le territoire français.

Dans un communiqué diffusé à l'issue d'une rencontre avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, la direction de Ford France tente de rassurer : « Nous rappelons notre engagement à chercher une solution viable et pérenne au maintien de l’emploi sur le site. Nous souhaitons travailler avec les pouvoirs publics, les services de l’Etat, les collectivités locales et les partenaires sociaux afin de rechercher de nouvelles possibilités pour l’usine ». L'une des solutions envisagées étant évidemment la recherche d'un potentiel repreneur.

L'hypothèse du véhicule électrique

Les longs mois de doute ont donc laissé place à une certitude douloureuse pour les 915 salariés du site. Même si « ce n'est ni un scoop ni une surprise tant Ford depuis des années n'a cessé de montrer sa mauvaise volonté pour trouver les moyens de pérenniser l'activité », accuse la CGT du site girondin dans un communiqué. « Ford a tout ce qu'il faut pour produire à Bordeaux. Il n'y a plus de crise de l'automobile, au contraire les profits sont à un très haut niveau (plus de 8 milliards de dollars en 2017), des dividendes très bien distribués, les ventes en hausse, les ambitions de gains de parts de marché, les projets de nouveaux véhicules (une quarantaine pour les cinq prochaines années) », plaide le syndicat.

« En fait ce serait complètement rationnel de maintenir en vie la seule usine de transmissions automatiques de Ford en Europe plutôt que de produire des transmissions pour le marché européen en Amérique, ce qui irait à l'encontre du besoin de diminuer les transports inutiles », développe la CGT qui rappelle que l'usine devait déjà fermer en 2010.

"Ce désengagement sonne comme une trahison"

La pilule est difficile à avaler aussi pour les pouvoir publics qui se sont engagés auprès du constructeur automobile ces dernières années. « C'est un véritable choc pour notre territoire », a commenté Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde. « Cette annonce est d’autant plus inacceptable que le bénéfice net de Ford a fait un bond de 65,4 % en 2017 pour s’établir à 7,6 milliards de dollars et que le groupe a bénéficié par le passé de nombreuses aides publiques ».

Rappelons que les collectivités territoriales et l'Etat s'étaient mobilisées pour le sauvetage de l'usine en 2013 et avaient mis 25 millions d'euros sur la table pour convaincre Ford de pérenniser l'activité du site. En retour, le constructeur s'était engagé à maintenir 1 000 emplois sur le site pendant au moins cinq ans. L'accord courait donc jusqu'en 2018... « Annoncé tout juste au terme de ses obligations contractuelles, ce désengagement de Ford sonne comme une trahison pour les élus et les collectivités locales qui se sont toujours mobilisés pour maintenir l’activité sur le site. Par ailleurs, dans un contexte de reprise du marché automobile européen, cette décision s’inscrit à contre-courant des prévisions économiques pour le secteur », tempête Jean-Luc Gleyze.

Reconversion d'un site emblématique

Même constat amer pour le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et Bordeaux Métropole : « les collectivités territoriales, aux côtés de l'Etat, ont tout fait pour conforter ce site industriel depuis des années ». Ces derniers mois, la Région a notamment tenté de proposer aux dirigeants de Ford d'opérer un pivot vers le véhicule électrique. « Des solutions de diversification auxquelles l'usine Ford aurait pu prendre toute sa part », regrettent conjointement le conseil régional et Bordeaux Métropole. « Il est de la responsabilité de l'industriel d'offrir une alternative de retournement du site », insistent-ils tout en assurant qu'ils « veilleront à accompagner des solutions de nouvelles fabrications ou de reconversion pour ce site emblématique de l'industrie girondine et de la Nouvelle-Aquitaine ».

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