Le nouveau directeur peut sourire. "Si Ima Bois n’avait pas opéré ce changement, nous aurions dû constater un chiffre d’affaires en baisse de 30 à 35 % compte tenu de l’état du secteur de la maison individuelle. Au lieu de cela, il est en croissance de 40 %." De 2,9 millions d’euros il a bondi à 4,7 millions d’euros, pour un effectif quasi constant d’une vingtaine de salariés. La recette miracle ? Un revirement de stratégie l’an dernier. Quand Yohan Girardin a pris son poste en avril 2022, c’est à dessein. À l’époque le président du groupe toulousain MMC (140 salariés, 30 M€ de CA) auquel Ima Bois appartient depuis 2017, sait que le vent a tourné.
Ima Bois n’est alors "que" l’usine chargée d’alimenter en murs et planchers en ossature bois le vaisseau amiral Ami Bois, constructeur de maisons individuelles (jusqu’à 200 par an). "C’était 90 % de notre chiffre d’affaires", confirme Yohan Girardin, ancien de Michelin qui a fait de l’optimisation économique et opérationnelle sa spécialité.
Le vaste marché de la rénovation
L’audit interne confirme qu’Ima Bois (ex-Gascogne Wood) est dotée d’une capacité de production "impressionnante", avec du matériel déjà automatisé qui lui permet de répondre sans tarder à des marchés d’envergure. "Notre priorité était de diversifier nos clients et pas seulement dans la maison individuelle, même si elle alimente encore entre 40 et 50 % du chiffre d’affaires", notamment grâce aux chantiers récupérés de feu Geoxia (Maisons Phoenix). "Nous avons vite participé à des gros projets comme des lycées, à Bordeaux, Libourne, Marseille. Le bureau d’études, qui gère la conception, a fourni un énorme travail." Pour de la construction et surtout pour de la rénovation énergétique.
"Nous avons beaucoup de demandes en isolation par l’extérieur, surtout de la part de bailleurs sociaux. Certains acteurs majeurs affichent une ambition de croissance du bois dans leur production de 30 %." Encouragée par des marchés publics toujours plus exigeants en matériaux biosourcés, s’appuyant sur le cahier des charges de la nouvelle réglementation, la RE2020.
D’où - aussi - le panel élargi en fournitures (paille, fermacell®, fibres de bois…). Autre corde supplémentaire à son arc, Ima Bois assure désormais les charpentes, intègre les menuiseries et accepte des prestations de délestage de charge, assemblant des structures avec du matériel fourni. "C’est un nouveau marché pour lequel les clients cherchent à terminer un chantier rapidement. Ce qui nous démarque c’est précisément notre capacité en volume et notre respect des délais", assure le dirigeant.
Un projet à 1,4 million d’euros
"Le bouche à oreille a bien fonctionné" et permis à l’entreprise de sortir du Sud-Ouest qui concentrait l’essentiel de ses activités. De 25 000 m2 produits chaque année, elle atteint 40 000 m2 en quelques mois. Son plan à trois ans prévoit 90 000 m2, moyennant qu’elle parvienne à financer son projet de modernisation de 1,4 million d’euros, qui doit lui permettre aussi d’intégrer davantage de matériaux biosourcés.
"On ne s’attendait pas à une telle demande aussi rapidement", avoue le directeur, prudent par ailleurs. "Il faut pérenniser l’an prochain et embaucher. On va gérer en bon père de famille", assure-t-il tout en lorgnant fortement sur les bâtiments voisins, à l’abandon depuis la faste époque de Gascogne Wood.
