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Fabrice Le Saché (Medef) : « En matière de transformation numérique, la France est en retard »
Interview Nice # Informatique

Fabrice Le Saché porte-parole et vice-président du Medef national Fabrice Le Saché (Medef) : « En matière de transformation numérique, la France est en retard »

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Il est l’un des nouveaux visages du Medef national. PDG d'Aera, Fabrice Le Saché, 36 ans, est porte-parole et vice-président du mouvement patronal. Il était l’invité d’honneur des 17e Entrepreneuriales, un rendez-vous organisé par l’UPE06 qui est revenu cette année sur la transformation numérique des entreprises françaises. Pour Fabrice Le Saché, celles-ci ne doivent pas prendre davantage de retard.

Pour Fabrice Le Saché, entrepreneur et vice-président du MEDEF, il faut accélérer la transformation numérique des entreprises — Photo : Olivia Oreggia

Le Journal des Entreprises : Un patron de PME dispose-t-il de tous les outils pour réussir sa transformation digitale ?

Fabrice Le Saché : C’est vrai que la France est en retard. Nos PME en particulier ont du mal à se saisir des nouveaux outils numériques, alors que ce sont elles qui créent le plus d’emplois ! Il faut les accompagner. Aujourd’hui, nous sommes derrière l'Allemagne, les Etats-Unis ou la Chine. Le secteur du numérique ne représente que 5,5 % du PIB, alors qu'il est de 10 % aux Etats-Unis.

Pour quelles raisons ?

F. L. S. : D'abord à cause de la pénurie de compétences. Nous sommes dans une situation ubuesque, où le taux de chômage est très élevé et où, dans le même temps, 300 000 emplois ne trouvent pas « preneurs ». Et ce chiffre serait minoré, la réalité serait plus proche des 400 000. Il y a un énorme travail à faire notamment sur l’apprentissage et sur la formation continue. C'est pour cette raison que le Medef a créé le CFA numérique à Lyon. Il permet l’acquisition, en quelques mois, d’un seuil de compétences et de former très vite des gens « employables ». Le secteur du numérique va recruter 80 000 personnes d'ici 2020. Cela concernera toutes les grilles de salaires. Il ne s’agira pas seulement de cadres et d’ingénieurs !

« Il faut prendre ce sujet de la transformation numérique dans une approche très locale : c'est une transformation de proximité. »

Autre problème : la mobilité géographique. La transformation numérique, c'est sur tout le territoire. Pour les sirops Monin, à Bourges, ou pour la métallurgie à Charleville-Mézières, par exemple, ce n’est pas simple de recruter. Enfin, il y a la question de la fiscalité. Il faut des capitaux en volumes importants. Or, quand on parle robotisation ou cobotisation, il faut des marges pour pouvoir investir et innover.

Sur cette question précise, y a-t-il, selon vous, un schisme entre Paris et le reste du pays ?

F. L. S. : Je ne crois pas. A Bordeaux, à Nantes, à Lille, Rennes, Nice ou Aix-en-Provence, il y a de gros écosystèmes numériques. Mais il ne faut pas segmenter le numérique qu'aux entreprises du numérique. Les ETI, elles, se transforment toutes. Le numérique, c'est le bâtiment, le tourisme, le commerce, les services... le numérique est partout !

Comment amorcer sa transformation numérique, quand on est dirigeant de PME ?

F. L. S. : C'est un thème transversal. Il irrigue toutes les entreprises, sur tous les territoires. Mais il faut prendre ce sujet dans une approche très locale. C'est une transformation de proximité. Elle se joue à l'échelle de l'entreprise et touche tous les secteurs : la paie, les RH, la gestion des stocks, les flux, la relation client, la communication interne, l'engagement des collaborateurs... C'est notre quotidien !

On a basculé dans une ère de la donnée, qu’il faut collecter, raffiner, exploiter, distribuer et éventuellement monétiser. C’est le trait commun de beaucoup de nos entreprises aujourd'hui. La donnée, c’est le pétrole brut de notre siècle. Renault s'associe à Google, parce qu'il y a une perspective sur la donnée des utilisateurs et des usages. Criteo, l'une des trois licornes françaises, a construit son modèle sur l'analyse de la donnée des utilisateurs navigant sur le web. La niçoise MyCoach, ici à l'Allianz Riviera, améliore les performances individuelles et collectives des sportifs, en analysant et collectant la donnée des entraînements et des matches.

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