"Cette année, nous changeons d'échelle avec une bascule à l'international", annonce fièrement Loïc Tamarelle, président et cofondateur d'Eurekam. La start-up rochelaise, qui a démarré en 2009, fabrique des machines pour contrôler et sécuriser le dosage des médicaments utilisés dans les protocoles de chimiothérapie. D'un salarié à ses débuts, elle est passée à 20 employés en 2023 et négocie désormais avec les pays d’Outre-Atlantique.
En dix ans, son chiffre d'affaires a progressé de quelques centaines de milliers d'euros à 2,4 millions en 2023. L'entreprise ambitionne d'atteindre les 3 millions fin 2024. Une bascule permise par une levée de fonds de 6,4 millions d’euros en 2022, qui ont financé à la fois les embauches nécessaires à la conquête de nouveaux marchés et la recherche et développement.
Eurekam doit son succès entrepreneurial à la prise de risque de ses fondateurs, Loïc Tamarelle et Benoît Lefranc, qui ont choisi de cibler un secteur de niche de la santé. "À l’époque où l’intelligence artificielle n’était pas encore démocratisée, nous nous sommes dit qu’elle pouvait être une aide à la santé, en particulier dans le cadre de la préparation des traitements pointus comme ceux du cancer, où une erreur de dosage peut avoir des conséquences terribles pour le patient", explique Loïc Tamarelle. Pharmacien au centre hospitalier de La Rochelle, Benoît Lefranc connaît bien la problématique.
Éviter des erreurs chaque semaine
Avec son partenaire en affaires, il a créé une machine nommée Drugcam, pourvue "d’une suite de logiciels analysant les images vidéo de la préparation en cours, étape par étape". À l’aide de caméras, l’IA détecte et signale en temps réels les erreurs de dosage et de manipulation, et propose une solution. "Nos machines évitent environ deux erreurs par semaine et par client, sur les 1 500 000 doses qui passent par notre dispositif chaque année", assure Loïc Tamarelle. Préparateurs mais aussi pharmaciens de centres de cancérologie se disent plus sereins avec la machine. Si elle assiste le préparateur dans sa conception, elle assure également au pharmacien la traçabilité du produit et fournit un rapport précis en temps réel du stockage disponible, pour anticiper les besoins.
Europe, Émirats, Amérique et Asie
La première machine Eurekam a été testée à l’hôpital de La Rochelle à partir de 2017. Aujourd’hui, 300 machines se sont fait une place en centres de cancérologie et en hôpitaux de France et d’Europe, comme au CHU de Poitiers ou à la Pitié-Salpétrière à Paris. Après avoir signé dernièrement en Italie, Eurekam vient de répondre à un appel d’offres en Angleterre. Des négociations sont en cours aux Émirats arabes unis et en Espagne. La PME cible aussi le Canada pour fin 2024, puis les Etats-Unis, le Japon et la Corée.
La deuxième génération de Drugcam s’ouvre à d’autres médicaments
La deuxième génération de Drugcam est en cours de déploiement chez les premiers clients de l’entreprise, en France et dans les pays voisins. Après avoir servi à doser les vaccins durant la campagne contre le Covid-19, la machine d’Eurekam devient polyvalente : elle sera aussi utilisée pour contrôler les dosages des antidouleurs, collyres, antibiotiques et poches d'alimentation liquide.
