C’est la plus imposante de Loire-Atlantique. La société Enerdigit vient d’installer sa première batterie sur un site du port de Nantes Saint-Nazaire, et plus précisément sous le pont de Cheviré. "Le réseau électrique doit faire face à des pics de consommation, souvent entre 8 heures et 9 heures le matin, et vers 18 heures le soir, expose Alexandre Cailleux, directeur commercial d’Enerdigit. L’objectif de cette batterie est de réguler le réseau électrique, en injectant de l’énergie lorsque la demande est plus forte, ou en soutirant de l’électricité lors des creux de consommation". Branchée directement au réseau et d’une capacité d’environ 2 MWh, cette batterie entrera en exploitation d’ici avril 2024.
Des contrats d’effacement avec les industriels
Cette nouvelle activité pour Enerdigit est en lien direct avec son cœur de métier : l’effacement électrique. Créée en 2015, l’entreprise stabilise le réseau grâce à des contrats d’effacement noués avec des industriels, comme l’entreprise de travaux publics Charier. "Nous leur proposons une rémunération, avec une part fixe et variable, et eux aident le réseau en coupant leurs machines lors des pics de consommation trop importants", détaille Alexandre Cailleux. Contractuellement, les industriels s’engagent sur environ une centaine d’heures d’effacement possible sur l’année. "Dans les faits, en 2023 il y a seulement eu 2 heures d’effacement décidées par RTE. En 2022, c’était 6 heures", souligne le directeur commercial.
Un marché en plein boom grâce à RTE
Le modèle économique d’Enerdigit repose en partie sur un appel d’offres annuel émis par RTE (Réseau de Transport d’Électricité, filiale à 100 % d’EDF), qui finance les forces d’effacement en France. Et le système semble efficace. Avec une vingtaine d’employés, Enerdigit a contractualisé environ 300 industriels, soit 1 000 sites en France, et voit son chiffre d’affaires atteindre les 20 millions d’euros. "Nous le doublons presque tous les ans, et sommes en train de recruter, notamment des commerciaux", appuie Alexandre Cailleux. Il y a environ une dizaine d’acteurs sur le territoire. Et le marché ne semble pas près de saturer. Déjà parce que RTE espère des capacités d’effacement de plus en plus fortes. "En 2023, les capacités françaises étaient de 3,9 GW. En 2028, elles devraient montrer à 6,5 GW", s’enthousiasme le directeur commercial. De plus, les coefficients RTE qui déterminent le prix d’un MW d’effacement ont presque triplé entre 2017 et 2024. "La valorisation de l'effacement rend le système rentable même pour les plus petites PME. Notre gisement d’entreprises concernées augmente", poursuit-il.
Du concept à l’industrialisation
Qu’il s’agisse de sa nouvelle batterie ou de ses contrats d’effacement, Enerdigit suivra le même principe économique. En contrepartie du service rendu au réseau, l'entreprise touchera une rémunération fixe et une rémunération variable. "Cette première batterie reste au stade de la preuve de concept. Il est donc important d’être à proximité", note le directeur commercial. Mais une fois que celle-ci aura démontré son utilité, Enerdigit ne cache pas son ambition d’en répandre d’autres sur le territoire national.