E4V anticipe la production de 10 000 batteries électriques par an
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E4V anticipe la production de 10 000 batteries électriques par an

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Le fabricant de batteries pour véhicules électriques vient d’inaugurer un nouveau site de plus de 3 000 m² au Mans. En cinq ans, E4V a triplé ses effectifs locaux et entend doubler sa production à horizon 2022.

— Photo : Florent Godard

Le fabricant de batteries électriques E4V surfe sur un « marché exponentielle », dixit Vincent Lemonnier, le directeur industriel de cette PME mancelle. Un marché dopé par l’expansion du véhicule électrique, capable aujourd’hui de répondre à une myriade d’applications.

E4V a créé 70 emplois en 5 ans

Ce boom, la direction d’E4V l’illustre par des chiffres éloquents. « L’entreprise emploie environ 100 salariés aujourd’hui, contre 30 en 2014 », indique son patron, Denys Gounot. La plupart en Sarthe, excepté une douzaine d’employées sur son centre de R&D « électronique et software » à Bordeaux, qui travaillent sur les cartes électroniques contenant l’intelligence embarquée dans les batteries.

Denys Gounot évoque également un chiffre d’affaires 2019 situé entre 18 et 19 millions d’euros. « Il a été multiplié par cinq en cinq ans. Et il n’est pas exclu qu’on reproduise cette performance à l’avenir », s’enthousiasme le dirigeant. Du côté de l’atelier, la cadence augmente. « Environ 5 000 batteries ont été fabriquées en 2019. Et la production pourrait atteindre les 10 000 unités par an d’ici à 2022 », calcule Vincent Lemonnier.

Un nouveau site de 3 300 m²

Pour répondre à la demande, E4V vient d’inaugurer une nouvelle usine flambant neuve de 3 300 m², siège et bureaux compris, Zac du Ribay, non loin de l’Université du Mans. Une construction pilotée par le groupe Dirob, dont E4V sera locataire sur le long terme. L'entreprise disposait de 1 200 m² sur son ancien site. De quoi donc tripler au moins ses capacités de production, le foncier de 8 000 m² laissant la possibilité d’agrandir encore le site à l’avenir, si besoin.

Mais l’enjeu consiste tout autant à diversifier ses marchés qu’à augmenter la production. Positionnée en dehors du marché des voitures particulières, occupé par les grands constructeurs, la PME sarthoise cible surtout les petits véhicules urbains et les utilitaires. Du tricycle électrique utilisé par les facteurs, aux tracteurs, comme les enjambeurs de vigne, jusqu’aux engins de manutention avec des solutions d’une capacité de 200 kWh de batteries. Elle compte actuellement une trentaine de clients, comme Ligier, qui fournit les tricycles de La Poste, Goupil, qui livre par exemple les petits véhicules servant aux travaux paysagers et au ramassage de déchets utilisés par les collectivités, ou encore Aixam-Mega. Prochain objectif : équiper davantage de véhicules spécifiques et d’engins de manutention, dans l’industrie, la logistique ou encore le monde agricole.

Réemploi de batteries

E4V s’est également lancé dans les solutions de « batteries stationnaires », afin notamment de pouvoir stocker l’énergie produite par les énergies renouvelables. « Par exemple, stocker, dans la cave du bâtiment, l’énergie issue des panneaux solaires posés sur un immeuble d’habitation ou sur une entreprise », illustre Vincent Lemonnier. Un moyen d’éviter qu’une partie de cette énergie soit perdue, si elle n’est pas utilisée à l’instant T. « Un moyen aussi de donner une seconde vie à une batterie », ajoute le directeur industriel. Comprendre : une batterie ancienne peut afficher une capacité trop faible pour équiper un véhicule, mais garder une capacité suffisante pour stocker de l’énergie renouvelable.

Une seconde vie avant une troisième vie… E4V souligne en effet que ses batteries sont recyclables. Et grâce à leur technologie Lithium ion phosphate de fer, elles n’utilisent pas de terres rares, comme le manganèse ou le cobalt, qu’on retrouve chez d’autres concurrents.

Discussions autour du projet « d’Airbus des batteries »

La réussite d’E4V va-t-elle l’amener à intégrer le consortium européen en création autour de la fabrication de batteries pour l’automobile ? Un projet « d’Airbus des batteries », dans lequel la France et l’Allemagne sont très impliquées et qui est appuyé par la Commission européenne. Pourquoi pas… « Pour l’instant, nous sommes en discussion pour comprendre quelle pourrait être notre place en son sein », confie Denys Gounot.

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