E-commerce : Les Morbihannais en pointe
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E-commerce : Les Morbihannais en pointe

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Commerce en ligne. L'e-commerce séduit les entreprises du territoire. 102 e-commerçants ont été recensés dans le département. Parmi elles, Livrenpoche, Vitalya et KerJeanne. Trois cas différents, mais qui partagent les mêmes problématiques techniques et économiques.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Président de la fédération E-commerce 56, Benjamin Duquesne est un précurseur parmi les 17 adhérents de son association. En 2002, il décide de créer son entreprise de vente d'ouvrages d'occasion en ligne, Livrenpoche. « J'ai commencé juste après l'éclatement de la bulle Internet. Je m'y suis mis par hasard, » avoue le gérant, installé dans la zone d'activités du Braigno, à Kervignac.




Des exemples locaux variés

Une société 100 % en ligne, c'est un exemple quasi-unique dans le département. Pour d'autres, il s'agit d'un service supplémentaire. À Belz, la pâtisserie KerJeanne a développé, en 2009, un site Internet pour vendre ses gâteaux, biscuits et produits bretons. Vitalya, l'entreprise de parapharmacie compte une boutique, zone de Keryado, à Lorient.




Un marché sans frontières

Dans les trois cas, se lancer dans une plate-forme en ligne suppose que ces entreprises changent d'échelle de marché, du local au national, voire mondialisé. « Avec Internet, on pénètre des marchés qu'on ne pouvait pas attendre auparavant », explique Alexandre Autrou, fondateur de Vitalya, pour qui la dimension locale n'a pas beaucoup d'importance. « Nous avons beaucoup de clients dans toute la France Nous ne vivons pas en local », affirme en effet Emmanuel Dumaire, cogérant de KerJeanne avec sa femme. Pour autant, les plates-formes en ligne dépendent de la saisonnalité. « Les ventes sur le site diminuent en été. Quand il fait beau, les gens ne sont pas sur Internet, mais dans les magasins, » précise le responsable de la parapharmacie.




Concurrence : à armes inégales

Mais qui dit nouveau marché, dit nouvelle concurrence. Benjamin Duquesne doit lutter avec des poids lourds de l'e-commerce, tels qu'Amazon, la Fnac, Cdiscount... « Nous n'avons pas les mêmes moyens. Ce serait une erreur de rivaliser. » Même constat pour Vitalya, qui doit composer avec la parapharmacie E.Leclerc de Lanester. « Cela devient plus compliqué pour les indépendants, car les gros acteurs ont investi sur le marché, concède Alexandre Autrou. Le problème épineux reste la marge sur Internet. » Si elles croient que « le service client, l'accessibilité et la disponibilité » font leur différence, les entreprises doivent se battre pour être bien référencées en ligne. Livrenpoche et KerJeanne ont la chance d'être identifiables sur Internet, d'autant que le second a appelé son site Pâtisserie-bretonne.fr. Cependant, ses produits sont difficilement visibles sur les moteurs de recherche. « Aujourd'hui, quand vous tapez kouign-amann, vous tombez sur les recettes, pas sur les fabricants, » explique Emmanuel Dumaire. La parapharmacie possède, elle, plusieurs marques affichées en haut de page, mais sous la forme de publicités payantes.




Outils et logistique complexes

Les e-commerçants morbihannais se confrontent à des contraintes techniques spécifiques à l'outil numérique, comme la compatibilité du site aux smartphones et tablettes. Le gérant de Vitalya a dû « former les salariés en interne et travailler sur des process en informatique. » D'autant que sur Internet, tout va très vite. « Nous sommes à la merci de l'algorithme de Google. Demain, si le référencement change, nous aurons moins de ventes. »




Activité complémentaire

La vente en ligne suppose également une certaine logistique. Alexandre Autrou dispose ainsi de 60 m² d'espace pour stocker, préparer et livrer ses produits. Si, comme Benjamin Duquesne, il dispose d'une équipe de salariés, Emmanuel Dumaire s'occupe seul de la plate-forme et de l'expédition, pour « trois à quatre commandes par jour. » Mais il sait que la priorité demeure la livraison des produits aux clients, avec des délais raccourcis. « On s'engage à cuire dès le matin même de l'expédition, et on envoie avant 17 h. » L'arrivée de l'e-commerce pourrait amorcer le déclin des boutiques physiques. Au contraire, elles sont complémentaires. « 60 % de la clientèle en ligne correspond à celle du magasin, » précise le cogérant de KerJeanne, qui ne réalise que 4 % de son chiffre d'affaires dans la vente en ligne (500.000 ? en 2014). Une situation inverse pour Vitalya (1,35 million d'euros), qui effectue 85 % de ses ventes sur Internet, même si Alexandre Autrou s'est laissé « séduire par le fait que la boutique pouvait amener de la sécurité à mon commerce. » Histoire de pérenniser son activité, alors que l'e-commerce n'est pas encore arrivé à trouver un modèle stable. En témoigne, Benjamin Duquesne, avec sa société « qui a bien marché pendant cinq ans, » avant de stagner. « Le marché de niches devient plus difficile, » reconnaît-il.
Contact : fédération E-commerce 56, Laure Le Maréchal : 06 01 91 79 12

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