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Dominique Lecomte : « Six années intenses de travail pour la CCI des Côtes-d'Armor »
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Dominique Lecomte : « Six années intenses de travail pour la CCI des Côtes-d'Armor »

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Président de la CCI des Côtes-d'Armor de 2010 à 2016, Dominique Lecomte tirera sa révérence dans quelques jours. Bilan d'un mandat aussi passionnant qu'éprouvant.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Pas déçu finalement de ne pas repartir pour un troisième mandat ?

Dominique Lecomte : « Au départ, nous étions partis sur un mandat de 5 ans rallongé finalement d'une année, et je dois avouer que six ans c'est long. Toutefois, je savais dès le départ, car j'en avais posé la condition, que ma mission se limiterait à un seul exercice de la présidence. J'aurai passé 12 ans à la CCI 22. Rempiler cinq années de plus n'avait pas de sens vis-à-vis des chefs d'entreprise, des politiques locaux et aussi de moi-même. »

De quelle manière pouvez-vous résumer ces six ans passés à la tête de la CCI 22 ?

D.L. : « J'ai eu la chance d'avoir des élus impliqués et solidaires tout au long du mandat, et ce, malgré cette année supplémentaire. Nous avons commencé à 50 pour finir à 42. La régionalisation nous a, par exemple, imposé un train d'enfer. Nous avons été performants et présents lors des nombreuses réunions régionales pour défendre nos intérêts. La fatigue s'est fait ressentir dans cette dernière ligne droite. En terme de fonctionnement, la gestion s'est, dans cette logique, toujours effectuée de manière collégiale. Cette dynamique a été une véritable force. »

Nourrissez-vous quelques regrets ?

D.L. : « À la CCI des Côtes-d'Armor, nous étions des régionalistes convaincus. Le résultat à la sortie n'est pas celui que l'on attendait car nous en voulions plus. Cette situation est née de dissensions, parfois fortes, entre pro en anti région tout au long du mandat. La fin de la mandature a démontré que des mutualisations sont possibles. Au final, la question de la répartition des ressources est un épiphénomène qui a exacerbé les postures de certains. Nous aurions pu faire plus pour nos ressortissants. »

Et sur le plan opérationnel ?

D.L. : « J'avais dans mes ambitions la mise en oeuvre d'un outil lié au financement des entreprises avec une vocation régionale. En associant le secteur bancaire et tous les partenaires liés au financement de l'activité économique, la CCI Bretagne aurait eu un rôle de coordinateur. »

La démission, fin 2015, de la présidence de la région d'Alain Daher, votre prédécesseur, n'est-elle pas une déception également ?

D.L. : « Je vais être clair sur le sujet. Alain Daher était une carte forte, un atout pour notre territoire. À ma connaissance, fin 2015, il a consulté au moins trois personnes au sein la CCI des Côtes-d'Armor pour évoquer ce sujet. J'en faisais partie et tous, nous lui avons donné la même réponse. Il n'avait aucune raison de démissionner. Nous n'avons pas compris ce choix. Dans le contexte où l'on était, on ne donne pas sa démission. »

Son départ n'a rien changé ?

D.L. : « Son départ a aplani certaines dissensions d'ego personnel. Mais cela n'a pas résolu tous les problèmes. Quand on est à cette fonction, on a une obligation d'assumer et d'aller jusqu'au bout. Personne ne l'obligeait à démissionner. C'est son choix, je le respecte et le regrette. Après il faut en tirer toutes les conséquences. Donner sa démission, ce n'est pas neutre. »

Au niveau local, quelle réussite a marqué votre mandat ?

D.L. : « L'une des grandes satisfactions reste le renouvellement de la délégation de service public des ports. Quand on a commencé à bosser le sujet en 2012, rien n'était gagné d'avance. Les collaborateurs se sont particulièrement impliqués sur ce dossier. Dix ans, c'est un peu court peut-être mais si les grands projets que l'on a inscrit dans notre dossier voient le jour, ce sera parfait. Certains ont déjà été réalisés. Je pense à l'extension de la criée d'Erquy, aux aménagements du port du Légué, à l'extension de pontons plaisance à Saint-Cast, etc. Perdre la DSP aurait été une catastrophe. Nous avons pris nos responsabilités. »

Une prise de responsabilités qui a concerné le syndicat mixte de gestion de l'aéroport de Lannion...

D.L. : « Il faut avoir les moyens de ses ambitions. Quand on me demande de dépenser des sommes phénoménales, et que dans le même temps nos ressources diminuent, il faut faire des choix. J'ai préféré jouer la carte de l'emploi local dans nos antennes. En effet, en début de mandat, la TFC perçue était de 6,3 millions d'euros. En 2017, la TFC prévisionnelle est de 4,1 millions d'euros. Pour un trégorrois, qui prenait souvent l'avion à Lannion quand j'étais en activité professionnelle, ce n'est pas facile d'aller dire à ses confrères qu'on ne va plus soutenir l'aéroport. Nous avons eu du mal à convaincre nos partenaires du bien-fondé de notre raisonnement. »

La CCI n'a-t-elle pas finalement, sous la pression budgétaire, fait preuve de davantage d'ouverture que par le passé ?

D.L. : « Nous avons initié des sujets majeurs au service des entreprises. Souvent dans une logique partenariale. Notre réflexion autour de l'arrivée du BGV a permis de lancer la démarche de club que l'on connaît aujourd'hui. Nous avons réalisé un groupe de travail sur les éoliennes qui a débouché sur un cluster régional Breizh'EMR. Au niveau de la défense, je pense au cluster Eden que nous avons porté à bout de bras. »

Mais encore...

D.L. : Sur l'aménagement numérique, nos initiatives, avec L'Armor est dans le web, ont permis de démocratiser l'usage et les pratiques auprès de nombreuses entreprises. Cette politique de groupe de travail est une véritable satisfaction car elle a permis à la CCI de faire travailler des gens de tout horizon. Je ne peux juger de l'efficacité de cette démarche mais je pense que c'était la bonne. Tout comme notre volonté de soutenir des initiatives comme Les Cafés de la création ou les Oscars de l'économie. »

Des relations nouvelles se sont établies également avec les collectivités locales ?

D.L. : « Cette politique collaborative s'est également renforcée avec les collectivités territoriales. Nous avons signé de nombreuses conventions qui ont permis, là aussi à la chambre de commerce et d'industrie, de mieux travailler avec ses partenaires publics et d'anticiper les effets de la loi NOTRe qui leur confère davantage de prérogatives en matière de développement économique. La CCI peut venir en soutien des EPCI sur de nombreux domaines. Nous pouvons travailler en bonne intelligence avec les territoires qui le souhaitent. Ce sera d'autant plus facile que leur nombre va passer à 8 dans les Côtes-d'Armor. Nous avons également eu la chance pendant cette mandature d'avoir une bienveillance des services de l'État. Les trois préfets, mais aussi les sous-préfets, ont toujours répondu à nos demandes. »

Quels conseils donneriez-vous aux futurs élus ?

D.L. : « Je n'ai pas de conseils à donner aux futurs élus. Il y a des sujets où il faudra rester droit dans ses bottes. La CCI 22 va fêter ses 200 ans en 2019. Cette longévité est la démonstration de notre utilité. Les Côtes-d'Armor n'ont pas à rougir du point de vue du développement économique. Notre territoire dispose d'entreprises exceptionnelles et je pense que la chambre consulaire y a contribué. »

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