Domaines Skiables de France : « On ne lâchera rien »
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Alexandre Maulin président de Domaines Skiables de France Domaines Skiables de France : « On ne lâchera rien »

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Président de Domaines Skiables de France, l’organisation professionnelle représentant 412 adhérents (1 Md€ de recettes, 18 000 emplois directs et 120 000 emplois indirects) basée à Porte-de-Savoie, en Savoie, Alexandre Maulin déplore une décision « incompréhensible » du gouvernement sur la fermeture des remontées mécaniques en station. Pour autant, alors que les discussions semblent continuer entre l’exécutif et les organisations professionnelles, il maintient la pression.

— Photo : Tiphaine Buccino

Comment avez-vous réagi aux annonces du président de la République le 24 novembre, alors que vous étiez encore en discussion avec le gouvernement pour une reprise de l’activité avant Noël ?

Alexandre Maulin : Nous sommes choqués et abasourdis que le ski soit condamné alors qu’on ne nous laisse pas le temps d’attendre de voir quelle sera la situation dans les hôpitaux. Nous comprenons que la situation sanitaire et la saturation des hôpitaux soient des priorités. Mais on nous refuse la possibilité de réexaminer notre cas en fonction de l’évolution de la situation sanitaire dans une dizaine de jours, d’autant qu’elle s’améliore. C’est incompréhensible. Il ne faut pas oublier que les domaines skiables sont le poumon économique du territoire. Fermer les remontées mécaniques n’a pas de sens puisque plus de 80 % des vacanciers en station viennent pour skier. Vous imaginez à quoi vont ressembler les stations, sans bars, sans restaurants et sans activité ski ?

Les échanges avec le gouvernement continuent-ils depuis ? Sur quoi portent-ils ?

Alexandre Maulin : Nous attendons d’avoir un échange avec le Premier ministre pour qu’il nous explique pourquoi le délai de 10 jours promis n’a pas été respecté. Nous essayons encore aujourd’hui de les convaincre. On ne lâchera rien. L’incohérence, c’est aussi la possibilité laissée aux Français de partir à l’étranger dans des conditions sanitaires certainement inférieures à celles que l’on trouve en France et à celles que l’on avait mises en place en montagne !

Que demandez-vous aujourd’hui concrètement ?

Alexandre Maulin : De pouvoir travailler dans des conditions sanitaires renforcées. Nous étions les seuls en France à avoir réfléchi à des solutions à l’échelle du territoire avec des protections supplémentaires, comme la mise en place de centres de tests dans chaque station. On a l’impression d’être le trophée qui illustre l’action sanitaire du gouvernement.

Vous avez le sentiment de ne pas être écouté ? Pensez-vous qu’une adaptation est envisageable ?

Alexandre Maulin : Lundi (le 23 novembre, NDLR), le gouvernement nous dit qu’il prenait le temps de la réflexion pendant 10 jours pour voir l’évolution des chiffres. Soit. Le lendemain, le président de la République annonce l’inverse. Il faut qu’on m’explique. De même, on nous annonce une coopération européenne sur le sujet alors que l’Autriche, l’Espagne et Suisse restent ouverts…

Entendez-vous l’argument de la tension du système hospitalier ?

Alexandre Maulin : Bien sûr, nous comprenons que la situation des hôpitaux est délicate. Mais pourquoi cette précipitation ? Nous aurions pu avoir le temps d’étudier tout cela, sans précipitation. Pourquoi annoncer cela le 24 novembre alors qu’on pouvait attendre jusqu’au 8 décembre et étudier l’état de l’offre hospitalière à ce moment-là ?

Quelle est votre position aujourd’hui ?

Alexandre Maulin : On ne lâchera rien. Nous avons été de manière pragmatique dans la discussion, nous ne cherchons pas à être des tribuns mais s’il faut en devenir, nous le deviendrons.

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