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Cristal Union et Jimmy Energy planchent sur l’installation d’un petit réacteur nucléaire près de Reims
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Cristal Union et Jimmy Energy planchent sur l’installation d’un petit réacteur nucléaire près de Reims

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Le groupe coopératif Cristal Union étudie la possibilité d’implanter un petit réacteur nucléaire sur le site de Bazancourt, dans la Marne, pour décarboner ses procédés. Si "aucun accord n’a été signé", la solution développée par la start-up Jimmy Energy fait "l’objet d’une étude de faisabilité".

L’usine Cristal Union de Bazancourt (Marne) fait partie des 50 sites français les plus émetteurs de CO2 — Photo : Jean-Marie Leclère - Cristal Union

Producteur de sucre, d’alcool et de bioéthanol pesant 1,8 milliard d'euros de chiffre d’affaires et employant 2 300 salariés, le groupe coopératif Cristal Union étudie "toutes les pistes possibles pour décarboner ses activités". Et parmi les pistes explorées figure l’installation d’un petit réacteur nucléaire, développé par la start-up industrielle Jimmy Energy.

Un site très émetteur de CO2

Basé à Villette-sur-Aube, dans l'Aube, le groupe coopératif confirme que cette solution fait "l’objet d’une étude de faisabilité au long cours", sur l’hypothèse "d’une implantation proche du site de Bazancourt", situé près de Reims dans la Marne. L’usine Cristal Union de Bazancourt fait partie des 50 sites français les plus émetteurs de CO2 et a déjà bénéficié de 4 millions d’euros pour alimenter ses fours de déshydratation à partir de biomasse et mettre en service, en avril 2022, une plateforme de stockage assurant l’approvisionnement en combustible bois. "Cette initiative permettant une économie de 65 000 tonnes de CO2 par an a été soutenue par l’État, dans le cadre du plan France Relance", précise le groupe.

Un groupe engagé dans la décarbonation

Les engagements de l’industriel de l'agroalimentaire mettent la barre très haut : en 2030, Cristal Union veut en effet avoir réduit de 23 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2019, sur l’ensemble des scopes 1, 2 et 3 du bilan carbone, soit les émissions directes, indirectes ainsi que celles liées à ses approvisionnements en matière première. À plus long terme, soit 2050, le groupe vise la production de sa "propre énergie pour rendre nos sucreries autonomes et notre sucre totalement décarboné", précise le directeur industriel de Cristal Union, Pascal Hamon, dans le dernier rapport RSE du groupe. Au cours des deux dernières années, Cristal Union a investi un total de 180 millions d'euros dans ses sites de production.

100 millions d'euros investis par Jimmy Energy au Creusot

De son côté, la start-up industrielle parisienne Jimmy Energy, créée en 2020 par Antoine Guyot et Mathilde Grivet, a annoncé le 14 février dernier, un investissement de 100 millions d’euros au Creusot, en Saône-et-Loire, pour produire en série des petits réacteurs nucléaires, ou SMR, destinés à remplacer les chaudières de l’industrie. "Jimmy développe des générateurs thermiques industriels, qui produisent de la chaleur décarbonée et compétitive grâce à un micro-réacteur nucléaire", précise Godefroy Daubin, le responsable des affaires publiques de la jeune pousse, qui confirme une "étude de faisabilité pour une installation de ce type sur le site de Bazancourt-Cristanol". Les développements de Jimmy ont été soutenus par l’État à hauteur de 32 millions d’euros, dans le cadre du plan France 2030.

Une instruction "longue"

L’entreprise, qui indique connaître une "traction commerciale importante" indiquait en février dernier avoir "validé" un premier client qui "sera livré à la fin d’année 2026". Selon toute vraisemblance, il s’agirait de Cristal Union. Utilisant la technologie HTR, pour High Temperature Reactor, le petit réacteur développé par Jimmy Energy sort de l’eau à 450°C pendant 20 ans, à raison d’une recharge tous les dix ans, grâce à l’utilisation d’Uranium, le tout dans un bâtiment de 20 mètres de côté. Les données fournies par la start-up estiment que l’utilisation de ce type de réacteur permet d’éviter jusqu’à 700 000 tonnes de CO2. "Conformément à la législation, Jimmy prévoit de déposer une demande d’autorisation de création d’ici la fin du mois auprès des autorités compétentes. Ce dépôt initiera une longue démarche d’instruction par les autorités", souligne Godefroy Daubin. Un accent mis sur la sécurité et le respect des procédures qui résonne du côté de Cristal Union, où la communication indique que "toutes les garanties de sûreté et autorisations doivent être apportées avant toute prise de décision".

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