Coronavirus : les éditeurs des Hauts-de-France alertent les pouvoirs publics sur leur situation
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Coronavirus : les éditeurs des Hauts-de-France alertent les pouvoirs publics sur leur situation

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Depuis la mise en place du confinement lié au coronavirus Covid-19, la chaîne du livre est à l'arrêt dans les Hauts-de-France. L'association des éditeurs régionaux tirent la sonnette d'alarme.

— Photo : Pixabay

Depuis le début du confinement provoqué par le coronavirus Covid-19, la chaîne du livre est à l’arrêt. Dans les Hauts-de-France comme ailleurs, les librairies gardent leur porte close et les manifestations culturelles, tels que les salons du livre, sont toutes annulées. « C’est un coup de frein énorme pour les éditeurs de la région, qui n’ont pas la trésorerie nécessaire pour passer un tel cap », commente Dominique Tourte, président de l’association des éditeurs Hauts-de-France et dirigeant des éditions Invenit, basées à Lille. « D’autant qu’une maison d’édition n’est pas, en règle générale, un interlocuteur très soutenu par les banques », souligne-t-il. « Si ma banque semble prête à me concéder un prêt pour passer cette période, beaucoup de confrères n’ont jamais réussi à obtenir de prêt digne de ce nom pour soutenir leur développement ».

Les Hauts-de-France comptent quelque 70 éditeurs. Le chiffre d’affaires généré par cette activité reste modeste dans la région, la majorité des maisons d’édition ne dépassant pas les 100 000 euros de chiffre d’affaires. Pour le tiers des éditeurs régionaux, la vente en librairies représente 30 % du chiffre d’affaires.

820 000 euros de chiffres d’affaires en moins

Pour alerter les pouvoirs publics sur cette situation, l’association a lancé une étude auprès de ses 55 adhérents, afin de mettre en avant l’impact de la crise du Covid-19 sur leur activité. 44 maisons d’édition y ont répondu. Il en ressort que « sans un accompagnement fort à très court terme, c’est tout un pan de l’industrie culturelle en région qui pourrait bien s’effondrer ». Une situation alarmante pour la filière livre, d’autant qu'« un éditeur fait aussi travailler auteurs, traducteurs, graphistes, correcteurs, imprimeurs… ». Les maisons d’édition répondantes estiment en effet qu’elles vont perdre au total 820 000 euros de chiffre d’affaires, sur la période allant du 1er mars au 31 mai 2020, dont 630 000 euros en lien avec la fermeture des librairies et 190 000 euros en raison de l’annulation des manifestations. 29 emplois directs sont par ailleurs menacés.

« Si certaines aides directes sont déjà en place, elles devraient être reconsidérées de façon plus conséquente et versées rapidement, car quelques maisons d’édition seront au bord du gouffre dès le mois de juin », prévient Dominique Tourte. Selon lui, la situation actuelle est plus grave pour la chaîne du livre que la crise de 2008 : « À cette époque tout le monde a souffert, mais si les livres se vendaient moins, ils continuaient tout de même à se vendre… » En fin de semaine dernière, l’association a envoyé les résultats de cette étude à ses interlocuteurs au niveau de la Région et de l’État.

Quant à la reprise, les perspectives sont loin d’être rassurantes. La filière du livre était déjà dans une situation tendue, voire précaire, avant cette crise, et se maintenait en grande partie grâce aux aides apportées par l’État et la Région. « Quand les librairies ouvriront de nouveau, les éditeurs ne percevront les recettes des livres vendus qu’au bout de 90 jours. Le pire scénario consisterait en une réouverture des librairies cet été, car c’est une période durant laquelle elles ne prennent pas de nouveautés aux éditeurs », explique Dominique Tourte.

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