Cocolico : « Le jour du dépôt des fonds, mon investisseur s’est rétracté »
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Cocolico : « Le jour du dépôt des fonds, mon investisseur s’est rétracté »

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Muriel Thuillier a créé en 2014 Cocolico une société spécialisée dans les vêtements de luxe pour enfants basée à Montauban. L’aventure a tourné au cauchemar quand le principal business angel du second tour de table s’est désisté à la dernière minute...

— Photo : Cocolico

En avril 2014, Muriel Thuillier crée la marque de vêtements pour enfants Cocolico. Le succès est immédiat, les collections se vendent au Japon et en Chine en quelques mois. Tout d’abord, grâce à une bonne connaissance du marché asiatique, puis à l’aide d’une première levée de fonds de 280 000 euros, réalisée auprès de 22 business angels et de proches.

En 2015-2016, Cocolico réalise plus de 250 000 euros de chiffre d’affaires et son effectif croît à dix collaborateurs. Malheureusement, c’est au moment de réaliser une seconde levée de fonds que le ciel s’assombrit pour Muriel Thuillier... « Nous voulions lever 250 000 euros pour asseoir la marque Cocolico au niveau international et ouvrir un magasin à Paris », explique la jeune femme.

Un sauvetage avec humour

Au vu de l’objectif, le tour de table peut être acté à partir d’un montant minimum de 220 000 euros. Or, début juillet 2016, la start-up a déjà récolté 40 000 euros auprès du réseau toulousain d’investisseurs Capitole Angels, et 120 000 euros via la plateforme de financement participatif Wiseed. Un bon début. « Nous avions convaincu un dernier gros investisseur indépendant d’ajouter 100 000 euros supplémentaires. Mais à la fin de l’été, le jour du dépôt des fonds, il s’est rétracté, confie Muriel Thuillier. Il m’a expliqué qu’il aurait préféré nous rejoindre au début de l’aventure – pour s’octroyer une part plus conséquente du gâteau. »

« Quitte à couler, autant le faire avec le sourire ! »

En septembre, c’est donc la catastrophe. L’entreprise, qui n’a pu amasser que 160 000 euros n’atteint pas le seuil critique des 220 000 euros. Impossible de débloquer le moindre centime. Muriel Thuillier ne sait pas comment elle va réussir à payer salaires et charges à la fin du mois... Elle lance alors un appel au secours sur la plateforme européenne de financement participatif Ulule.

« Quitte à couler, autant couler avec le sourire ! s’exclame-t-elle. Toutes les salariées de Cocolico et moi-même avons tourné des vidéos parodiques des publicités Coco Chanel, Kenzo World, Air France... Une vidéo par jour et si vous voulez que ça s’arrête, aidez-nous ! L’opération a beaucoup intéressé les médias et nous a permis de récolter 30 000 euros. Beaucoup de Montalbanais ont aussi donné, car notre société était vue comme génératrice d’emploi ». Grâce à cette opération humoristique, la jeune pousse finit par clore sa levée de fonds et compte alors 40 actionnaires.

La Chine plombe la start-up

Tous les voyants semblent au vert. Mais, « en juillet 2017, la marque a été refusée en Chine. Ce pays représentait 95 % de notre chiffre d’affaires. Cocolico se prononce en chinois comme une marque de lessive hongkongaise et une autre de chaussures pour femmes », relate Muriel Thuillier.

L’entreprise de 23 salariés ne se relèvera jamais de cet épisode. Cocolico est placée en liquidation judiciaire. « J’aurais préféré que la société coule à notre premier coup dur, pas après avoir surmonté toutes ces épreuves et pour une raison aussi bête », souffle Muriel Thuillier. Elle coache aujourd’hui les start-up au sein de l’accélérateur WeSprint Toulouse.

# Textile # Capital # Levée de fonds # International