Chômage : Hollande a-t-il gagné son pari ?
# Ressources humaines

Chômage : Hollande a-t-il gagné son pari ?

S'abonner

L'ancien président de la République François Hollande avait promis d’inverser la courbe du chômage avant la fin de son mandat. Pari gagné selon la dernière enquête publiée par l'Insee. Pari perdu selon les chiffres de Pôle Emploi. Explications.

— Photo : Le Journal des Entreprises


Et si François Hollande ne s’était pas trompé ? L’ancien président de la République avait promis qu’il réussirait à inverser la courbe du chômage. A en croire les chiffres de l’Insee, il semble que l’ancien locataire de l’Elysée ait gagné son pari. Au deuxième trimestre 2017, le taux de chômage a en effet retrouvé le niveau qui était le sien au début de l’année 2012. Selon cette enquête, le taux de chômage s’établit désormais à 9,5% de la population active, la France comptabilisant désormais 2,7 millions de chômeurs. Après des pointes à 10,5% en 2013 et en 2015, la baisse est continue depuis deux ans. Cela semble confirmer qu’après un démarrage chaotique, les mesures prises durant la seconde partie du mandat de François Hollande ont été plus efficaces sur le plan économique. Notamment le CICE et le Pacte de responsabilité.

Le problème, c’est que les chiffres de Pôle Emploi ne valident pas du tout ce succès posthume. Pôle Emploi recense 2,9 millions de chômeurs de catégorie A en juin 2012 et… 3,4 millions cinq ans plus tard ! Bilan du quinquennat Hollande : 500.000 chômeurs de plus. Compliqué dans ce cas de parler d’évolution de courbe…

700.000 vrais ou faux demandeurs d'emplois ?

Pourquoi une différence de 700.000 personnes dans la mesure du chômage ? D’une part, parce que les méthodes de calcul sont différentes. L’Insee s’appuie sur une enquête statistique réalisée auprès d’un échantillon de 108.000 personnes. Pôle Emploi se base sur ses propres données administratives, à savoir les personnes qui se sont inscrites à ses services.

D’autre part, la définition même du chômage diffère entre les deux organismes. Pour mesurer le taux de chômage, l’Insee se base sur les critères du Bureau international du travail. Selon cette définition, un chômeur est une personne qui dit « ne pas avoir travaillé au moins une heure durant la semaine de l’enquête, être disponible pour prendre un emploi dans les quinze jours et avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ». La définition du chômage de Pôle Emploi diffère un peu... Est considérée comme un demandeur d’emploi de catégorie A, la catégorie qui fait référence, une « personne sans emploi, tenue d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi ».

Ces différences font qu’un demandeur d’emplois de catégorie A peut ne pas être un chômeur au sens du BIT. Et vice et versa. Pôle Emploi ignore ainsi les personnes qui ne font pas appel à ses services. Rien que dans le département du Nord, 45.000 jeunes au RSA ne sont pas par exemple comptabilisés en tant que demandeur d’emplois… L’Insee a aussi ses limites : les demandeurs d’emploi qui ne sont pas disponibles sous quinze jours ne sont ainsi pas pris en compte.

Calcul du chômage : à qui se fier ?

Données statistiques ou données administratives ? Insee ou Pôle Emploi ? Alors à qui se fier ? Une commission d’enquête sénatoriale s’est penchée sur la question l’an passé. Ses conclusions sont sans appel. Les études de Pôle Emploi présentent des anomalies. Certaines personnes font partie des statistiques alors qu’elles exercent une activité (celles inscrites en catégorie C) ; d’autres ne sont pas comptabilisées parce que non inscrites… Cette commission sénatoriale estime que malgré ses limites, les statistiques de l’Insee constituent une meilleure mesure du chômage.

Si on s’en tient à ces conclusions, François Hollande semble avoir gagné son pari et inversé la courbe du chômage. Reste à savoir si cela sera suffisant pour réhabiliter son bilan, rejeté en bloc par une écrasante majorité de Français.

# Ressources humaines