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Chez Fives ECL, l'activité redémarre après des années difficiles
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Chez Fives ECL, l'activité redémarre après des années difficiles

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L'équipementier lillois, qui fabrique des machines destinées aux producteurs d'aluminium, respire mieux depuis la fin 2016. Après plusieurs années de crise dans ce secteur, la demande redémarre enfin, même si l'embellie est envisagée avec prudence.

— Photo : Fives ECL

Enfin le bout du tunnel pour Fives ECL. L'entreprise, qui fabrique des machines à destination des industriels produisant de l'aluminium, a été largement touchée par la crise qui a frappé le secteur entre 2012 et 2016. Entre la baisse de la demande, la montée des stocks et la chute des prix, et l'émergence des acteurs Chinois, l'aluminium a connu des années très difficiles, qui commencent à s'estomper. Laissant derrière elles un paysage largement redessiné, et une industrie, circonspecte.

Nouveau positionnement

Fondée en 1947 à Ronchin, ECL est passée entre les mains de Péchiney, avant que le groupe ne soit avalé par Alcan puis par Rio Tinto, en 2007. Avec l'entrée en crise, le groupe australien cherche à se séparer de sa filiale, rachetée par le groupe Fives, désormais parisien. « Comme beaucoup d'entreprises du secteur, on a connu depuis 2012 des moments de passage à vide, très douloureux, » retrace Sébastien Gauguier, le directeur général de Fives ECL depuis 2016. « Avec le rachat par Fives, on a pu adopter un positionnement différent. Auparavant, nous étions un équipementier qui travaillait quasiment exclusivement pour la maison-mère, Rio Tinto. Désormais, nous sommes une entreprise à part entière, qui adresse tout le marché. »

Retour en pleine charge

Cette ouverture à de nouveaux marchés, conjuguée à la reprise qui a commencé à se faire sentir en 2016, a peu à peu placé Fives ECL dans une position « bien plus confortable », glisse Sébastien Gauguier. « Les donneurs d'ordre se sont mis à réinvestir, que ce soit pour renouveler leur équipement ou pour ouvrir de nouvelles lignes de production. Les carnets de commandes recommencent à se remplir à nouveau, on est repassé en pleine charge au début de 2017, après avoir arrêté le chômage partiel fin 2016. En ce début 2018, on est à un niveau d'activité deux fois supérieur à celui de 2016. On a recommencé à embaucher aussi, après de nombreux départs non-remplacés. On a recruté 11 personnes en 2017, et on prévoit à peu près la même chose en 2018. »

De 38 à 65 M€ de chiffre d'affaires

Aujourd'hui, Fives ECL compte 370 salariés, dont 150 en ateliers, quand elle employait 450 personnes personnes avant la crise, et réalisait un chiffre d'affaires de 150 M€. En 2017, elle a réalisé 65 M€ de chiffre d'affaires, contre 38 M€ en 2016. Sébastien Gauguier prévoit un chiffre d'affaires entre 70 et 80 M€ en 2018, reposant à 95% sur l'export, entre le Moyen-Orient, le Canada, l'Inde et l'Amérique du Sud.

Deux principaux pôles d'activité

L'entreprise répartit son activité entre trois grands pôles, et tout d'abord, la conception et la fabrication de machines pour les fonderies d'aluminium. « Nous fabriquons des machines capables de soulever et manipuler des charges extrêmement lourdes, dans un environnement soumis à de très fortes charges électromagnétiques. Nos produits représentent de lourds investissements pour nos clients, mais la demande redémarre: nous avons signé en 2017 un gros contrat concernant 12 machines à Barhein, et nous avons un programme bien chargé pour les 18 prochains mois. » Ce premier coeur de métier représente 50 % de l'activité de Fives ECL, l'autre activité principale de l'entreprise étant l'entretien et la maintenance du parc installé chez ses clients. « On est capable de refaire à neuf n'importe laquelle des machines qu'on a installées depuis 70 ans, mais nous proposons aussi de les moderniser, dans la mesure du possible. C'est une activité beaucoup plus résiliente que la production et la vente de machines neuves, et comme nous avons la plus grosse base installée du secteur, ça nous garantit du volume... c'est d'ailleurs une activité qui nous a permis de nous maintenir pendant la crise. »

Le bénéfice de la diversification

Les 10% restants sont des contrats décrochés par Fives ECL dans des domaines où ses machines peuvent répondre à des besoins spécifiques, comme la sidérurgie ou le ferroviaire. « Historiquement, l'activité chez ECL a toujours été très diversifiée. C'est avec la hausse des cours et de la demande dans l'aluminium, au début des années 2000, qu'elle s'est spécialisée de fait. Le retour à davantage d'activités alternatives pourra nous permettre de compenser de nouvelles chutes des cours de l'aluminium à l'avenir », estime Sébastien Gauguier, moins optimiste que d'autres acteurs du secteur... et notamment que les britanniques de Liberty House, qui se proposent de racheter Aluminium Dunkerque à Rio Tinto, tablant sur une très forte hausse de la demande européenne en aluminium ces prochaines années.

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