« Nous connaissons tous dans notre entourage, quelqu’un qui n’est pas heureux dans son travail, mais pour autant, qui ne le quitte pas », lance Ludovic de Gromard, le fondateur de Chance, start-up spécialisée dans l’orientation professionnelle et la PsyTech (psychologie associée à la technologie, NDLR), avec 25 salariés et dont le siège social est à Beauvais. Ce constat, le trentenaire l’a également fait dans son travail de recruteur, lorsqu’il réalisait des centaines d’entretiens « face à des gens qui ignoraient pourquoi ils faisaient leur métier, raconte-t-il, notamment quand j’ai été chargé de recrutement pour une usine du verrier Saverglass à Dubaï ».
Germe alors, en 2014, l’idée de créer une plateforme permettant de suivre un parcours de coaching digital d’orientation professionnelle, « pour choisir le travail qui vous rendra heureux et donc engagé et plus performant ». Le Picard vit à San Francisco, baigne dans l’univers de la technologie et suit un master de psychologie appliqué. « Je me suis dit qu’il fallait combiner le pouvoir de la technologie et de la psychologie pour permettre à chacun de déterminer qui il est et ce qu’il peut faire dans la vie. C’est la PsyTech, et nous en sommes les pionniers dans le monde concernant l’orientation professionnelle », assure-t-il.
Un Prix Nobel de la paix comme président d’honneur
Pour faire voir aboutir son idée, Ludovic de Gromard a su s’entourer d’experts du domaine. Il rencontre Muhammad Yunus, père du microcrédit, fondateur de la Grameen Bank, au Bangladesh, qui devient le président d’honneur de Chance. Il convainc aussi le ponte de la programmation neurolinguistique, Robert Dilts. Cinq ans de R & D sont nécessaires pour mettre au point un programme, pour un investissement de 5 millions d’euros, financé notamment par des bourses et partenariats avec Google impact challenge et Facebook France.
« Chance » est donc un parcours de 3 mois en ligne, avec de l’auto-coaching, le coaching par la machine, basé sur des data sciences et le vidéo-coaching, avec un coach professionnel. Le programme démarre par une phase d’introspection, puis d’exploration, et enfin de validation pour définir un métier, un environnement de travail, des impératifs géographiques et financiers. La personne peut ainsi mieux cibler ses recherches de reconversion et se sent plus légitime lors d’entretiens d’embauche.
Forte demande pendant le confinement
En avril dernier, la start-up réalise une levée de fonds de 5,6 millions d’euros, dont 1 million d’euros en provenance du ministère du Travail. Chance est reconnue comme éligible au CPF, compte personnel de formation. « 75 % des gens qui font appel à nous se financent grâce au CPF, indique le dirigeant. On a eu une forte demande pendant le confinement, beaucoup de cadres qui ont eu le temps de réfléchir et qui se sont remis en question. » 5 000 personnes ont déjà fait appel à la plateforme, suivies par une centaine de coachs. Dans les dix-huit mois à venir, la start-up compte se développer en Angleterre et aux États-Unis, et pour cela, elle envisage de tripler ses effectifs.
