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Carl Zeiss Vision : « Les traumatismes sont derrière nous »
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Carl Zeiss Vision : « Les traumatismes sont derrière nous »

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Fini le verre ophtalmique traditionnel. L'industriel fougerais, filiale du groupe allemand Carl Zeiss AG, finalise sa mutation pour le haut de gamme. Une transformation qui a coûté cher sur le plan social. Mais qui permet cette année de renouer avec un résultat positif.

— Photo : 85Fifteen / Unsplash

Du balai les plans de départs volontaires! Carl Zeiss Vision, le spécialiste de l'optique haut de gamme de Fougères (filiale de l'Allemand Carl Zeiss AG) ne veut plus regarder dans le rétroviseur. Il préfère allègrement chausser les verres ophtalmiques qu'il fabrique pour imaginer un avenir plus radieux. En 2009 et 2010, 85 salariés avaient en effet dû quitter l'entreprise. Perte de clients oblige, le chiffre d'affaires restait stable depuis trois exercices (2011 compris). Autour de 80 millions d'euros. Plus grave, le résultat de l'industriel était même en légère perte sur 2010.

85 départs en deux ans

Alors face à cette mauvaise passe, le directeur général de Carl Zeiss Vision France, Nicolas Sériès, n'a pas eu d'autres choix que de mettre en oeuvre une réorganisation industrielle, avec une réduction des charges. À la clef: deux plans de départs importants (55 en 2009 et 30 en 2010). «C'était une entreprise qui était à un tournant difficile, commente Nicolas Sériès. Avec une fabrication traditionnelle. Mais elle a réussi sa mutation industrielle pour se tourner vers le haut de gamme, et ainsi se distinguer sur le marché français. C'est une entreprise qui a connu pas mal de traumatismes. Mais aujourd'hui, c'est derrière nous.» La roue semble en effet tourner. Et Carl Zeiss Vision est désormais plus à même d'ouvrir ses portes au monde extérieur. «Sur les six premiers mois de cet exercice, nous sommes en légère croissance, confie le directeur général. Avec, surtout, un résultat positif.»

Maîtrise des coûts

Sur le plan social, ces quelques signes positifs ne sont évidemment pas suffisants pour faire repartir la "machine à recruter". «On n'est pas dans une période de création d'emplois, même si on a renforcé notre call-center de huit personnes», précise Nicolas Sériès. Un DG pour lequel la stratégie est désormais clairement définie: «On veut que l'entreprise soit dans le même type de croissance que le marché, dans une bonne maîtrise de ses coûts.»

Aujourd'hui, la filiale française vit dans un marché hexagonal qui croît à vitesse réduite, suivant la courbe de vieillissement de la population. Ses clients: les opticiens. 2 400 des 11 000 opticiens français se fournissent aujourd'hui chez Carl Zeiss Vision. Des professionnels, au passage, qui rencontrent de sérieuses difficultés. «Le chiffre d'affaires annuel moyen d'un magasin est de 493 000 euros, précise Nicolas Sériès. Et il est en légère baisse chaque année.» La raison? «Il y a de plus en plus de magasins car de plus en plus d'écoles d'optique. 2 000 nouveaux opticiens en sortent chaque année en France. »

Des verres... en plastique

Actuellement, Carl Zeiss Vision livre quotidiennement 11.000 verres partout en France. "Verres" entre guillemets serait-on tenté de dire. Car aujourd'hui, 98% d'entre eux sont fabriqués à partir de matières plastiques organiques, comme le polycarbonate. Au-delà de la fourniture de verres au marché français, l'industriel vend également à l'export, comme au Maroc ou en Tunisie. Le site de Fougères produit aussi pour d'autres entités commerciales du groupe qui n'ont pas d'usines à proximité, comme en Grande-Bretagne. Ce volume dit "intercompagnie" représente 15 % de sa production totale.

Et puis à côté de la fabrication de verres haut de gamme, l'entreprise se démarque de ses concurrents en concevant des instruments de mesure, commercialisés auprès des opticiens, tels que le Relaxed Vision Terminal. «Ils leur permettent de mieux prendre les mesures des verres», explique le directeur général. L'objectif étant ainsi d'apporter un service le plus personnalisé au client final. À ce jour, Carl Zeiss Vision a déployé 1.200 de ses machines chez les opticiens français.

Fougères, un handicap ?

Près de soixante ans après la création de la première usine, la filière optique de Fougères semble donc encore solide. Et ce malgré une succession incroyable d'actionnaires étrangers. Les fortifications du château médiéval, non loin de là, auraient-elles contribué à cette pérennité? Le directeur industriel du site, Christophe Belin, y voit des raisons plus contemporaines. «D'un point de vue industriel, la localisation à Fougères n'est pas pénalisante. On arrive à sortir des coûts à des prix intéressants. Et au départ de Fougères, on arrive à livrer aussi bien que si on était à Paris. »

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