Une poignée de start-up strasbourgeoises revient de Boston avec des perspectives d’Amérique dans les valises. Cinq medtechs strasbourgeoises se sont rendues en octobre aux États-Unis, en clôture d’un programme de préparation durant l’été 2019 pour savoir comment aborder le marché américain afin de s’y implanter ou d'y lever des fonds.
Si Boston et Strasbourg vont fêter, en 2020, les 60 ans de leur jumelage, la métropole alsacienne ne s’arrête pas à l’aspect culturel de l’événement. Dans le monde des technologies médicales, la ville de Boston est en effet considérée comme la nouvelle Silicon Valley et figure dans le radar de l’Eurométropole (EMS) pour sa stratégie de développement économique. « Notre stratégie économique à l’international est pragmatique. Elle permet aux entreprises étrangères de considérer le potentiel d’implantation dans l’EMS et aux start-up locales d’être plus compétitives », expose Delphine Krieger, responsable innovation et stratégie internationale à l’EMS. Sous l’impulsion de l’EMS, l’écosystème de l’innovation strasbourgeois, à travers l’incubateur du Semia, la Satt Conectus et Biovalley France, a identifié des start-up au potentiel américain.
Nouvelle Silicon Valley
Pour se préparer à ce marché et à la prospection, les medtechs Visible Patient, Defymed, Dianosic, SC Medica et Fizimed ont ainsi payé une formation de 150 heures dispensée par la structure Innouvo, à la fois accélérateur de start-up et fonds d’investissement en devenir. Sur un budget de 15 000 €, les medtechs ont reçu une enveloppe de 5 à 10 000 euros de l’EMS.
Depuis Strasbourg, c’est le « serial investisseur » Michel Hussherr qui co-pilote Innouvo suite à sa rencontre avec Alistair Schneider, alsacien expatrié à Boston pour le compte de groupes pharmaceutiques comme Merck. Celui-ci a initialement monté cet accélérateur pour les start-up américaines et le marché américain. « Le public et le privé ont travaillé ensemble pour créer la cohorte accompagnée par Innouvo. C’est du gagnant-gagnant efficace pour préparer les entrepreneurs en amont face aux investisseurs », estime Michel Hussherr. C’est en tout cas l’avis partagé par l’une des participantes du programme. Séverine Sigrist, présidente de Defymed, medtech de dix personnes spécialisée dans les dispositifs médicaux dans le cadre de la recherche contre le diabète, précise : « nous n’étions pas dans une approche de tourisme d’affaires, l’objectif était de nous challenger. Innouvo est tombé quand nous en avions besoin. La façon de présenter à l’américaine va nous permettre d'accélérer notre levée de fonds de 5 M€ en cours sur le marché européen ».
Catherine Trautmann, vice-présidente de l’EMS en charge du développement économique, souligne quant à elle que : « la stratégie internationale de l’EMS est également tournée vers le Japon, Israël et le Québec. Nous ne nous sommes pas trompés de cibles car Boston a les mêmes ».
Parmi la délégation alsacienne, six porteurs de projets de l’économie créative identifiés dans le cadre du programme Tango & Scan étaient également présents à Boston. Occasion pour l’ensemble de la délégation de mieux se connaître et de tisser des coopérations locales en attendant de prévoir l’accueil de leurs homologues de Boston en 2020.
