Aerospace Valley diagnostique les forts besoins en main-d’œuvre de l’aéronautique et du spatial
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Aerospace Valley diagnostique les forts besoins en main-d’œuvre de l’aéronautique et du spatial

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Le pôle de compétitivité Aerospace Valley s’est chargé d’un diagnostic des filières aéronautique et spatiale sur les deux régions qu’il couvre, l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine. Les résultats, présentés ce 16 janvier, sont sans appel : 10 000 nouvelles recrues par an sur la prochaine décennie. Pour y répondre, l’offre de formations va nécessairement devoir appuyer sur l’accélérateur.

Yoann Ducuing, Bruno Darboux et Eric Giraud, respectivement directeur délégué du pôle formations, président et directeur général du pôle de compétitivité Aerospace Valley — Photo : Romain Béteille

Des besoins colossaux en main-d’œuvre, de plus en plus tournée vers une production automatisée et numérisée. C’est, en substance, le bilan des deux diagnostics effectués par le pôle de compétitivité de la filière aérospatiale Aerospace Valley (862 membres dont 600 PME), présent en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. Ces derniers ont été menés dans le cadre du plan de relance France 2030 sur les filières aéronautique et spatial et ont mobilisé un grand nombre d’acteurs, y compris industriels, des deux secteurs.

Virage vert

L’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine rassemblent ainsi 39 % des emplois nationaux de ces deux secteurs : 108 000 salariés (plus de 80 % en Occitanie) dans l’aéronautique, soit l’équivalent de la situation avant Covid, et 22 000 dans le spatial (60 % des emplois nationaux). Ces deux bassins d’emplois s’attendent ainsi à une importante évolution des effectifs d’ici 2035.

Les deux rapports estiment entre 25 000 et 30 000 les besoins en recrutement d’ici à 2025, qu’il s’agisse d’opérateurs, de techniciens ou d’ingénieurs, autant à cause de la hausse des commandes que des avions plus verts (anciens avions adaptés ou nouveaux). Ces nouveaux appareils devraient mobiliser à eux seuls 40 000 salariés d’ici 2025, contre 2 000 estimés en 2022. Au total, le rapport prévoit une croissance d’effectifs de 24 à 47 % d’ici à 2035 dans l’aéronautique.

30 000 emplois pourraient être dédiés à l’avion bas carbone en 2030 dans le Sud-Ouest, 39 000 en 2035 — Photo : NAE

Côté spatial, si la majorité des emplois (13 000) sont liés à la production, les recrutements sont estimés entre 1 200 et 2 600 personnes par an sur les deux régions, autant sur la partie industrielle (la fabrication de satellites ou de véhicules spatiaux, par exemple) que sur les métiers annexes.

10 000 recrues par an

Les enjeux de ressources humaines sont forts des deux côtés, avec une nécessité de maintenir l’attractivité dans l’aéronautique comme dans le spatial, ce secteur rencontrant une problématique supplémentaire de renouvellement de la pyramide des âges, 25 % de l’effectif des grands groupes ayant plus de 56 ans.

La tendance globale sur dix ans est très ambitieuse, suivant la dynamique nationale : 10 000 recrues supplémentaires par an. "Cette prévision est sujette à aléas, suivant les crises ou prises de marchés respectives mais reste une tendance assez lourde. Les gisements de jeunes recrues étant de plus en plus faibles et l’industrie globalement pas très attractive, ça ne se fera pas sans se bouger", alerte Bruno Darboux, président d’Aerospace Valley.

Les priorités de chacune des filières se recoupent sur les enjeux écologiques : production d’avions et carburants verts pour l’aéronautique, production française des véhicules spatiaux et émergence d’un "champion national de l’utilisation des données spatiales" pour le spatial ou réglementation et acceptation sociétale pour la filière drones.

Attirer les talents

Face aux besoins accrus, l’offre de formations est, sans surprise, très fournie : plus de 360 spécialisées et plus de 830 généralistes. Un vivier sur lequel Aerospace Valley pose deux interrogations : leur attractivité et leur capacité à élargir leurs promotions.

Aerospace Valley a quantifié et détaillé les besoins en main-d’œuvre de l’aéronautique dans le Sud-Ouest. La production et la R & D concentrent les besoins — Photo : Aerospace Valley

"La formation initiale traite d’un grand nombre de sujets. La formation continue, elle, est adaptable très rapidement par rapport aux nouveaux besoins de compétences - de plus en plus tournées vers l’impact social et environnemental pour l’aéronautique et vers les systèmes et le traitement de la donnée pour le spatial - et intéresse les industriels pour son agilité. Sur l’attractivité, la situation est assez disparate. L’Isae-Supaero attire, c’est moins le cas pour des organismes plus confidentiels", abonde Yoann Ducuing, directeur délégué au pôle formations (Bricks) d’Aerospace Valley. Il évoque aussi un enjeu de féminisation et d’uniformisation des programmes pour répondre au volet "compétences et métiers d’avenir" de France 2030, dont les besoins en subventions de l’État "dépassent la centaine de millions d’euros sur les deux territoires pour nos filières", confirme Bruno Darboux.

"Plus la formation devient spécialisée, plus il est difficile de remplir les promotions, les étudiants ayant peur de s’enfermer dans une spécialisation sans avenir", termine Michel Bousquet, président de l’ISSAT (Institut au service du spatial, de ses applications et technologies).

Preuve supplémentaire - s’il en fallait une - du dynamisme actuel : Aerospace Valley a accompagné, en 2023, 142 projets d’innovation, dont 52 financés par des fonds publics régionaux, nationaux ou européens à hauteur de 85 millions d’euros.

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