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Acces Industrie optimise la location de nacelles
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Acces Industrie optimise la location de nacelles

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Le loueur de nacelles et chariots élévateurs Acces Industrie continue de performer dans un secteur de niche dopé par la réindustrialisation et la multiplication des projets de parcs énergétiques. L’ETI lot-et-garonnaise met en avant un modèle à haute rentabilité qu’elle continue d’étendre, en France comme à l’export, sur des marchés émergeants et stratégiques.

Pascal Meynard et Lionel Buzet, directeurs généraux de l’ETI lot-et-garonnaise Acces Industrie — Photo : Romain Béteille

La patience a payé. En 2015, alors qu’il réalisait 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, le loueur de nacelles et chariots élévateurs lot-et-garonnais Acces Industrie, qui était alors présent au Maroc, au Portugal et en Espagne, s’est désengagé de l’international et notamment de sa filiale espagnole. "Nous ne pouvions pas tout mener tout de front. La crise était majeure, il n’y avait plus de chantiers en Espagne. Nous avons quitté le pays et laissé des machines aux équipes sur place qui ont monté la société Uping", raconte Pascal Meynard, directeur général de l’entreprise regroupant 615 salariés et 42 agences en France. En 2022, le vent a tourné : avec 122,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, Acces Industrie a racheté la société espagnole Uping qu’elle entend transformer en agence et faire passer de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 à 8 millions l’an prochain. Elle a réinvesti l’Espagne où elle possède trois agences en Catalogne et une agence madrilène, ouverte en septembre. Sa croissance y atteignait 35 % l’an dernier, et elle est déjà en discussion pour revenir au Portugal et s’ouvrir à la Belgique.

Stratégie de longue durée

C’est qu’entre-temps, l’ETI a su s’armer pour conquérir un marché en perpétuel développement et soumis à une concurrence forte (Kiloutou, Loxam…). En 2020, le fonds d’investissement Equistone en est devenu le premier actionnaire (à 46,3 %), faisant de lui le troisième fonds à soutenir le groupe après Butler et Parquest depuis sa reprise en 2016 par Pascal Meynard et le financier Eric Lacombe. "Depuis notre reprise, la société fait en moyenne +15 % par an, période Covid incluse", se réjouit le directeur général. Disposant aujourd’hui d’un parc de 11 000 machines, la société loue autant aux industriels qu’aux logisticiens ou aux supermarchés. Une performance solide dans un marché de location de plateformes élévatrices mobiles toujours dynamique (+9 % en France selon l’IPAF, la fédération internationale des plateformes et nacelles élévatrices) malgré des incertitudes. "Le taux d’utilisation de notre flotte est de 70 %. Nous avons encore une marge de croissance par rapport à des pays en avance comme le nord de l’Europe ou les États-Unis", assure Pascal Meynard.

L’ETI lot-et-garonnaise Acces Industrie évalue son parc locatif à 11 000 machines et son taux d’utilisation à 70 % — Photo : Romain Béteille

Ayant misé au départ sur de la location courte durée (en croissance de 18 % en 2022), plus flexible, Acces a mis en place depuis 2018 une offre de LLD (location longue durée), elle aussi en plein boom (+15 %), avec 1 000 nouveaux contrats espérés en 2024 (contre 700 prévus en 2023) pour environ 20 % de son chiffre d’affaires. "Nous connaissons bien les machines et nous avons mis en place une force de vente dédiée aux contrats longue durée". Duralex, Aigle, Bénéteau ou Gifi ont notamment signé pour ces derniers. "À chaque fois que nous louons une nacelle pour construire un bâtiment, nous savons que six mois après, il y aura de la manutention à faire ensuite. À nous de mettre en place la bonne synergie entre les équipes pour croître sur les deux activités. Nous décrochons toujours 150 à 200 nouveaux clients par mois."

Constructeur d’usines

Les secrets de la bonne santé du groupe sont multiples. Le premier est sans doute la diversité de marchés qu’il adresse, ne le rendant dépendant d’aucun. Installant des machines autant dans le commerce que sur les bases logistiques ou même dans la viticulture, Acces est aussi un témoin privilégié de la multiplication des projets de rénovation énergétique, notamment dans le photovoltaïque. "Nous avons installé jusqu’à une centaine de machines pendant un an pour réaliser les ombrières du parking de Disneyland Paris. Les projets se développent partout en France et tractent notre développement."

Même chose pour la construction d’usines, gigafactories ou non. Les machines d’Acces se retrouvent ainsi dans la construction des usines de l’allemand Bauder (1,079 Md€ de CA en 2022, 1 400 salariés) dans le Bas-Rhin, de Kolmi Hopen et de son usine de gants dans la Sarthe ou de plusieurs grosses usines de batteries pour véhicules électriques comme Envision à Douai ou ACC à Douvrin (Hauts-de-France). "C’est un nouveau marché pour nous. Il y a cinq ans, nous n’en faisions pas. Certaines agences ont une vision de ces chantiers jusqu’en 2030", certifie le porte-parole du groupe.

Niche rentable

Pour décrocher ces marchés stratégiques, Acces Industrie muscle son organisation interne. Elle investit une trentaine de millions d’euros pour renouveler chaque année une partie de sa flotte de machines depuis son siège social de Tonneins, qui dispose aussi d’une équipe assurant la continuité de la relation client en complément des agences territoriales, qui devraient continuer à se multiplier. Dans ce sens, elle a effectué trois croissances externes en France depuis 2018 : Matelev à Orléans, Novelis et Point 6 en Vendée et, en octobre dernier, Watine Manutention (environ 2 M€ de CA, cinq salariés) à Joué-lès-Tours pour s’étendre sur le secteur tourangeau. "Nous étudierons d’autres opportunités", poursuit le responsable.

Second atout, moins visible : depuis mars dernier, grâce à un investissement d’environ 300 000 euros, Acces a mis en place un nouveau système de prix intégrant l’intelligence artificielle. "Le prix pratiqué par nos agences tient compte du type de clientèle ou du taux d’utilisation. En fonction du chiffre d’affaires réalisé et du potentiel client, il va chercher l’ensemble de nos données d’affaires sur un an et ajuste les prix en fonction. Le système est révisé régulièrement et nous permet à la fois d’aider nos commerciaux et de tenir compte de l’inflation." Couplé à l’expertise de Gatien Joly, en charge de l'optimisation des prix, recruté l’an dernier et issu du groupe Accor, cette politique renforce une rentabilité déjà forte avec un EBITDA de 40 % sur 2022 (33 % en 2015).

Les bonnes performances d’Acces ne semblent pas près de s’arrêter, tant ses investissements se multiplient : il va doubler l’an prochain la surface des locaux de son siège (de 1 300 à 2 600 m2), situé sur une ancienne friche de la Seita (manufacture de tabac) et cherche déjà à recruter une cinquantaine de personnes.

Le reconditionnement, un atout extensible

Acces Industrie veut doubler dès 2025 la surface de son bâtiment dédié au reconditionnement des nacelles et chariots élévateurs, situé à deux pas de son siège de Tonneins (Lot-et-Garonne) — Photo : Romain Béteille

Acces Industrie a un autre atout dans sa manche : le reconditionnement. Elle emploie 18 personnes, dont un motoriste, dans un centre dédié de 2 000 m2 à quelques minutes de son siège lot-et-garonnais, qui réparent et remettent en circulation environ 250 véhicules par an sur son parc locatif, essentiellement des grosses machines de plus de 16 mètres, pour des questions de rentabilité.

Cet équipement, mis en place au début des années 2000, l’entreprise le considère comme un véritable avantage concurrentiel pour effectuer des interventions trop lourdes (y compris sur les moteurs) pour ses agences, "qui ne peuvent pas faire des interventions de plus de huit heures". Dans l’atelier, une grosse nacelle est en train d’être démontée. "Un chariot élévateur comme celui-là, c’est un mois de travail", confirme Lionel Buzet, directeur général et technique d’Acces Industrie.

Ce centre de réparation vient d’investir 450 000 euros dans deux nouvelles cabines de peinture et de préparation et s’apprête à doubler de surface, après avoir l’avoir déjà doublée en 2017. L’objectif est clair : "augmenter la capacité de reconditionnement des machines de notre parc", poursuit Lionel Buzet.

"C’est un investissement de 3 millions d’euros au minimum. Le début des travaux devrait intervenir en milieu d’année prochaine pour une exploitation début 2025 si tout va bien. L’effectif devrait augmenter pour atteindre au moins une trentaine de personnes", détaille ce dernier.

"L’atelier nous sert aussi à faire des check-up de machines arrivant en fin de contrats longue durée, qui durent quatre à cinq ans en moyenne. C’est un type de prestations qui se développe fortement chez nous. Ces machines sont reconditionnées pour être réintroduites dans le parc via des contrats de location de courte durée. Ça nous évite de revendre les machines à des brokers et ça va dans le sens de notre politique de réemploi."

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