Haut-Rhin
L’industriel Pierre Schmitt continue d'investir dans les fibres naturelles
Haut-Rhin # Textile # Investissement

L’industriel Pierre Schmitt continue d'investir dans les fibres naturelles

S'abonner

L’industriel Pierre Schmitt investit 12 millions d'euros dans les matières composites biosourcées dans ses usines Emanuel Lang, à Hirsingue, et Velcorex, à Saint-Amarin, dans le Haut-Rhin. Cette décision fait suite à celle d'installer en 2020 d'une filature de lin au sein d'Emanuel Lang.

— Photo : ©Simon Pages

Pierre Schmitt continue de miser sur les matières naturelles. Après avoir relancé la filière du lin en Alsace, l’industriel à la tête de quatre usines textiles dans le Haut-Rhin (Velcorex et Tissage des Chaumes à Saint-Amarin et à Sainte-Marie-aux-Mines, et Emanuel Lang et Philea à Hirsingue) récidive. Grâce à un investissement de 12 millions d’euros sur cinq ans, il se lance sur le marché des tissus techniques à base de matières composites biosourcées, le lin et le chanvre.

« Nous pouvons surfer sur la montée en puissance des matières naturelles, dont nous maîtrisons les fondamentaux », explique Pierre Schmitt, qui ne jure que par la constitution de filières. À elles quatre, ses usines réalisent un chiffre d’affaires consolidé de 30 millions d’euros pour 150 salariés.

Le tissu industriel local mis à contribution

Sur les 12 millions d’euros investis, cinq seront destinés à Emanuel Lang (CA : 1,8 M€, 30 collaborateurs), alors que l’usine a installé en 2020 une filature au sec, peu consommatrice d'eau et dédiée à la fabrication de fil de lin pour un million d’euros. Cette nouvelle somme lui permettra de compléter ce premier investissement avec de nouvelles machines plus modernes. S’y ajoutera ensuite une nouvelle filature au mouillé, consommatrice d'eau mais nécessaire pour la fabrication de matériaux composites. Cinq autres millions d’euros seront destinés à Velcorex (CA : 20 M€, 100 collaborateurs) afin d’adapter les machines de ce fabricant de tissu.

Encore une fois, Pierre Schmitt travaille avec l'industrie locale. Les machines ont été commandées au guebwillerois N. Schlumberger (CA : 45 M€, 230 collaborateurs), déjà en charge de l’installation de la filature. Les travaux devraient commencer dans les deux usines à partir de 2021. Les deux derniers millions d’euros seront destinés à la formation et aux coûts relatifs aux partenaires comme les deux laboratoires mulhousiens avec lesquels Pierre Schmitt travaille sur ces matières composites biosourcées : l’École Nationale Supérieure d’Ingénieurs Sud-Alsace (ENSISA) et l’École Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse (ENSCMu).

Doubler le chiffre d’affaires en cinq ans

Avec ces investissements, l’industriel alsacien compte doubler le chiffre d’affaires de ses quatre usines, passant ainsi à 60 millions d’euros annuels d’ici cinq ans. Ces matières souples seront destinées au bâtiment ou à la mobilité urbaine, car « elles permettent d’alléger les matériaux comme le polyuréthane, le PVC ou la fibre de verre », décrit Pierre Schmitt. L’ennoblissement, c’est-à-dire la transformation finale du tissu, sera réalisé par Ennoblissement Technique de Cernay (CA : 2,5 M€, 32 collaborateurs).

Alors que le lin est produit en Normandie par la coopérative Terre de lin et le chanvre dans l’Aube par la coopérative La chanvrière, Pierre Schmitt relance donc ainsi la filière des matières naturelles. « C’est une première. Nous faisons travailler le textile, le monde agricole, la construction de machines et la recherche ensemble », se réjouit-il. Sa stratégie se voit confirmée par la crise sanitaire, « qui a relancé le débat sur les relocalisations et la dépendance à l’étranger ». En 2021, l'industriel alsacien devrait recruter une dizaine de personnes, en priorité pour Emanuel Lang et Velcorex et ce, même si cette dernière usine a été touchée par la crise et a fait appel à un prêt garanti par l’État (PGE) de 2,5 millions d’euros.

Haut-Rhin # Textile # Investissement