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En Alsace, l'épidémie n'a pas grippé l'émergence de start-up
Bas-Rhin # Création d'entreprise

En Alsace, l'épidémie n'a pas grippé l'émergence de start-up

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Alors que la crise sanitaire est venue toucher le Grand Est de plein fouet, ses conséquences immédiates sur l’économie n’ont pas refroidi certains entrepreneurs qui ont maintenu le cap en poursuivant leur projet de création d'entreprise.

— Photo : © Adrien Berthet

Malgré la pandémie de coronavirus, l'envie d'entreprendre est toujours là. C’est ce que constate l’antenne alsacienne de Réseau Entreprendre. Durant le confinement, l’association a toujours continué à recevoir des demandes de créateurs et de repreneurs d’entreprise désirant être accompagnés, à la fois financièrement (par des prêts d’honneur) et humainement (par un des 180 chefs d’entreprise bénévoles du réseau). Celle-ci reçoit environ 250 demandes par an pour 25 lauréats sélectionnés. Au plus fort de la crise sanitaire, le flot de dossiers a certes ralenti, mais ne s’est pas interrompu. Selon le président de Réseau Entreprendre Alsace, Alain Renck, « pour un entrepreneur dans l’âme, qui a l’intention de créer, le confinement aura été une période à mettre à profit pour affiner son dossier et le rendre présentable ».

Prendre le temps de sourcer

C’est cet état d’esprit qui semble animer Lisa Werlé. Cette jeune alsacienne s’est découvert une passion pour les cosmétiques lors de stages en marketing auprès de grandes marques du secteur. Ayant participé à la finale mondiale d’un start-up week-end en juin 2019, la jeune femme décide de créer Lao, qui propose une gamme de shampoings naturels, respectueuse de l’environnement et produite en France.

Le 1er avril, en plein confinement, la créatrice au statut d’étudiant-entrepreneur dépose les statuts de son entreprise. Même si la période est propice au doute, Lisa Werlé estime que la crise sanitaire peut s’avérer porteuse pour sa jeune pousse : « Les consommateurs vont comprendre l’utilité d’acheter français et en circuit court dans la tendance du consommer moins mais mieux. C’est la valeur transmise par nos produits ». D’ailleurs, la jeune femme a constaté que pendant le confinement, ses prospects comme les réseaux de magasins bio, « étaient davantage disponibles et à l’écoute. Ce temps a également été mis à profit pour affiner les formules et sourcer les bons ingrédients ». Prospecter tout en étant confiné n’est donc pas une mission impossible.

Maintenir les embauches prévues

Certains ont donc tiré profit de ce « temps suspendu » pour avancer autrement sur un projet de création, d’autres ont dû adapter leurs prévisions à la situation. À l’image de la société Embers. Ce studio strasbourgeois de création de jeux vidéos a déposé ses statuts le 14 février. À peine un mois après, la jeune société a été confrontée au confinement. Damien Dessagne, cofondateur du studio de création, en est à sa quatrième création d’entreprise. « D’expérience, les profils compétents dans le domaine de la création de jeux vidéos sont difficiles à recruter. Avec le lancement d’Embers, nous avions prévu cinq embauches pour avril. Nous les avons validées malgré le contexte car le processus de recrutement s’est fait en amont depuis de long mois ». Pour ne pas risquer de voir filer les talents retenus et pour sécuriser leur prise de poste, les embauches ont été maintenues. Pour autant, Embers a activé le chômage partiel et va reprendre ses activités d'ici la fin du mois.
Face à la crise économique, Embers estime que le lancement de son premier produit prendra un trimestre de retard « ce qui n’est pas un signal positif lancé à nos éditeurs », reconnaît Damien Dessagne. Pour autant, entre les fonds propres, les prêts bancaires en cours de négociation et la possibilité de faire appel à un fonds national pour la création de jeux vidéos, l’entrepreneur estime « avoir une sécurité de plus de 24 mois de développement devant eux ». Le président de Réseau Entreprendre, ancien directeur export chez Bpifrance, en est ainsi convaincu : «l’esprit entrepreneurial ne va pas s’arrêter avec la crise ».

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