La décision a été prise fin décembre par le comité syndical du Syndicat mixte ouvert (SMO), gestionnaire du port rhénan de Colmar-Neuf Brisach. Le nouvel exploitant du port sera une Société mixte à opération unique (Semop). Son actionnaire majoritaire à 51 % sera CFNR Transport (50 millions d'euros de chiffre d'affaires), filiale française du groupe allemand Rhenus (CA : 5,5 Md€, 33 000 collaborateurs) basée à Uckange (Moselle) et spécialisée dans le transport fluvial, l’exploitation et la gestion portuaire. Le reste du capital sera détenu par le SMO (34 %) et la Banque des Territoires (15 %).
Un ancrage local affirmé
« C’est une expérience nouvelle », indique Jean-Marc Thomas, le directeur général de CFNR Transport, alors qu’une tentative du même type devrait voir le jour dans le sud Alsace et a été abandonnée le long de la Moselle en Lorraine. « Avec ce port, notre ancrage local se trouve affirmé. Nous avons la possibilité de nous appuyer sur le réseau et la densité commerciale du groupe Rhenus », ajoute le directeur général alors que CFNR Transport est également en charge de la gestion et maintenance des ports de Metz Mazerolle, du nouveau port de Metz et de Thionville-Illange.
Le lancement de la Semop qui exploitera le port rhénan de Colmar-Neuf Brisach pendant trente ans devrait avoir lieu au premier trimestre 2021. La démarche a commencé en 2018 avec la création du SMO composé de Voies navigables de France, de la Région Grand Est, de la CCI Alsace Eurométropole, de Colmar Agglomération et de la communauté de communes Pays Rhin-Brisach. Aujourd’hui, le port emploie 28 personnes pour un chiffre d’affaires qui a dépassé les 3,5 millions d’euros en 2020. Cette année-là, 1,35 million de tonnes de vrac et 4 325 conteneurs équivalent vingt pieds sont passés par ses quais, faisant de lui le plus petit port alsacien en volume.
27 millions d’euros d’investissement
Un programme d’investissement de 27 millions d’euros devrait permettre au port de Colmar-Neuf Brisach de se moderniser et de s’étendre sur la future zone d’activités (Zac) EcoRhéna prévue dans le cadre de la relance post-Fessenheim. Sur les 80 hectares de la Zac, le port devrait bénéficier de 25 hectares. « Nous prévoyons d’abord d’aménager la zone nord d’EcoRhéna pour y déplacer l’activité de colis lourds lancée à l’automne 2019 au port. Un stockage à destination des matières agricoles suivra ensuite », explique Jean-Claude Riedel, futur président de la Semop et représentant de la délégation de Colmar-Centre Alsace de la CCI Alsace Eurométropole.
Le financement de ces travaux sera assuré par des subventions de l’État et de la Région Grand Est, des fonds propres, un financement bancaire syndiqué de la Caisse d’Épargne Grand Est Europe et de la Banque populaire Alsace Lorraine Champagne, ainsi qu’un prêt intragroupe apporté par Rhenus. Le SMO ne souhaite pas communiquer sur la répartition. « Nous avons une stratégie de croissance raisonnable de 3 à 5 % par an, développe Jean-Marc Thomas. Le Rhin est un fleuve variable avec des années très bonnes et des cycles de baisse. L’hypothèse de croissance est fondée sur le fonctionnement du port qui est sain, visible et prévisible. »
