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Le Port de Colmar, cheville ouvrière de l’après Fessenheim
Colmar # Production et distribution d'énergie

Le Port de Colmar, cheville ouvrière de l’après Fessenheim

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Dans la reconversion du territoire de Fessenheim, le port de Colmar aura un rôle à jouer. Alors que la centrale nucléaire doit fermer ses portes à l'été 2020, une nouvelle zone d’activité, EcoRhéna, doit voir le jour. Le Port de Colmar-Neuf-Brisach - toujours en quête d'un gestionnaire privé - avance ses pions pour profiter de cette nouvelle dynamique.

Une nouvelle grue, d’une capacité de levage de 1000 tonnes, vient d'être installée au Port de Colmar-Neuf-Brisach. Elle préfigure la création future d’un véritable terminal colis lourd qui pourra accompagner le développement de la future zone d'activité EcoRhéna — Photo : © Adelise Foucault

Les contours de l’après Fessenheim se précisent. Alors que le dernier comité de pilotage pour l’avenir du territoire de Fessenheim, qui s’est tenu fin septembre, a établi le calendrier de fermeture de la centrale nucléaire, qui s’échelonnera de février à juin 2020, un certain nombre de projets ont été actés pour accompagner la reconversion du territoire. Le développement économique est au cœur de la feuille de route de ce vaste programme conduit dans un cadre franco-allemand, consacré dans le traité d’Aix-la-Chapelle de janvier 2019.

220 hectares à aménager en bord du Rhin

Une nouvelle zone d’activité, dénommée EcoRhéna, va voir le jour au nord de l’actuelle centrale nucléaire et pourrait accueillir ses premières entreprises en 2021. Cet espace d’environ 220 hectares en bord de Rhin fait l’objet d’une promotion par l’agence d’attractivité d’Alsace et l’Adira (Agence de développement d'Alsace), ainsi que par Business France pour les investisseurs étrangers et les grands comptes. La Société d’économie mixte (SEM) franco-allemande qui sera chargée de son aménagement dans une logique d’écologie industrielle, va être créée d’ici la fin de l’année.

Cette SEM réunira la Région Grand Est, le Département du Haut-Rhin, la Communauté de communes Pays Rhin-Brisach, Mulhouse Alsace Agglomération, la commune de Fessenheim, la ville de Breisach, la ville de Freiburg-im-Breisgau, l’IHK Südlicher Oberrhein, la Banque des territoires, EDF et la CCI Alsace Eurométropole.

Le port en quête d’un gestionnaire privé

Le dynamisme de cette future zone est notamment lié au développement du Port de Colmar Neuf-Brisach, qui vient d’inaugurer une activité colis lourds. Cette plateforme multimodale est appelée à s’étendre avec la création d’un nouveau quai, de deux bâtiments logistiques et l’aménagement de foncier destiné à des amodiations industrielles. Ce port, qui emploie 30 personnes, est actuellement le septième port fluvial français avec un transit annuel d’environ 1,5 million de tonnes de marchandises à l’année.

« Cette nouvelle infrastructure est un atout de taille pour favoriser l’implantation de nouvelles entreprises sur ce territoire qui va connaître une profonde reconversion industrielle », s’enthousiasme Gérard Hug, président du syndicat mixte ouvert (SMO) du port.

Ce SMO, créé en mars 2018, préfigure un nouveau mode de gouvernance dans le cadre de l’arrivée à échéance en fin d’année de la concession de la CCI Alsace Eurométropole, gestionnaire des ports alsaciens depuis 50 ans. Cinq partenaires sont aujourd’hui au sein de la SMO : la CCI, la Région Grand Est, Colmar Agglomération, la Communauté de communes de Neuf-Brisach et VNF. « Demain c’est une SEMOP qui exploitera le port », indique Gérard Hug. Cette Société d’économie mixte à opérateur unique – dont la SMO sera un des actionnaires - reste cependant à l’état de projet tant qu’un gestionnaire privé ne se sera pas positionné. La procédure de recrutement lancée il y a un an n’a pour le moment pas abouti.

Une grue à colis lourd installée au port de Colmar

La nouvelle installation, une grue d’une capacité de levage de 1 000 tonnes fabriquée par un industriel bien implanté localement – le groupe Liebherr - préfigure la création d’un véritable terminal colis lourd. « C’est un des plus gros engins de levage mobile installé en France », se félicite Christiane Roth, présidente de la délégation de Colmar de la CCI Alsace Eurométropole. Si le port a investi plusieurs centaines de milliers d’euros pour adapter ses infrastructures en vue de l’arrivée de cette grue, son installation est le fruit d’une démarche privée portée par le logisticien spécialisé dans le transport de colis hors-norme Scales (siège à Cergy Pontoise, 100 personnes, 20 M€ de CA) pour le compte d’un de ses clients, l’usine General Electric de Belfort (4 300 salariés). Là sont fabriquées des turbines à gaz de moyenne et grande puissance, « dont les dimensions et le poids ne cessent d’augmenter, pouvant dépasser les 400 tonnes », pointe Sébastien Patard, directeur des activités logistiques de General Electric Power France. Le site, qui exporte 95 % de sa marchandise, a été contraint de revoir l’ensemble de sa logistique et peut désormais, grâce à l’installation, gagner deux jours de trajets maritimes et réduire les nuisances générées sur le réseau routier.

Scales met également la grue à destination des entreprises du territoire, afin de rentabiliser au mieux l’investissement, qui s’élève à 7 M€ pour la grue elle-même. Liebherr est un de ses premiers utilisateurs. L’industriel a ainsi procédé à un report modal de ses expéditions. L’équivalent de 1 000 camions/jours transite désormais par barges au port d’Anvers.

Lors de l'inauguration de l'équipement, les élus locaux ont réaffirmé leur soutien au développement de l'infrastructure portuaire. « On va se laisser du temps pour créer un intérêt auprès d’un gestionnaire privé », commente Gérard Hug. Les avancées du projet EcoRhéna pourraient rassurer d'éventuels opérateurs sur le potentiel commercial du Port de Colmar-Neuf-Brisach.

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