Pour vérifier leur impact sur les patients et les opérateurs, les centres médicaux sont tenus de contrôler une fois par an leurs scanners de diagnostic. Un rythme jugé non satisfaisant en matière de santé publique par la société Alara (6 millions d’euros de chiffre d’affaires, 100 collaborateurs), basée à Entzheim (Bas-Rhin), qui a développé une sentinelle dosimétrique mesurant en temps réel l’exposition du patient pour prévenir ainsi toute dérive. L’entreprise alsacienne a aussi élaboré des tests biologiques qui permettent d’évaluer, en amont d’une radiothérapie, la sensibilité des patients aux rayonnements. Deux innovations que la PME veut désormais déployer en France mais aussi à l’étranger grâce à la levée de fonds de 6 millions d'euros qu'elle a réalisée auprès de Crédit Mutuel Equity en novembre 2022
18 brevets, 3 start-up
Alara a été créée en 2005 par Philippe Frey et Fanny Carbillet, une spécialiste de la radiophysique médicale, pour accompagner les établissements de santé utilisant des appareils à rayons X dans le management de leurs risques. Cette activité historique, qui occupe aujourd’hui une soixantaine de salariés sur tout le territoire national, a progressivement amené la PME sur le terrain de la recherche et de l’innovation. “L’enjeu était de trouver des solutions aux problèmes que nous rencontrions sur le terrain. On a croisé des doctorants qui travaillaient sur la mesure des rayonnements et on a créé avec eux une première structure, en 2014, sur la dosimétrie”, retrace Fanny Carbillet, présidente d’Alara. En 2019, les fondateurs rachètent les actifs d’une entreprise partenaire en mauvaise passe, pour permettre aux études cliniques qu’elle porte au sujet de la radiosensibilité des tissus sains de se poursuivre. Le groupe est aujourd’hui constitué d’une société mère (Alara) et de trois start-up (Fibermetrix, Spin Up et Neolys). Il est détenteur au niveau international de 18 familles de brevets qu’il compte bien valoriser et développer.
De nouveaux locaux en septembre 2023
La récente levée de fonds doit permettre à Alara de mener de front son développement en France – qui dépend, pour ce qui est des tests de sensibilité, de leur prise en charge par l’Assurance maladie – et à l’étranger, en particulier dans l’Union européenne, l’Amérique du Nord, le Moyen-Orient et le nord de l’Afrique. Objectif : atteindre 30 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2028. Pour ce faire, la société prévoit de recruter cette année une vingtaine de collaborateurs, sur différents profils, et finalisera à la rentrée prochaine une extension de ses locaux (1 500 m2 au total, dont 500 m2 de laboratoires, contre 450 m2 actuellement). Elle espère d’ici deux ans produire ses dosimètres en interne, pour ne plus être dépendante d’un sous-traitant unique, comme c’est le cas aujourd’hui.
“Il est important de bien s’entourer dans ses efforts de commercialisation, pour savoir quelles sont les démarches à suivre. Le fait d’être lauréats du programme Next French Health Care en 2022 a par exemple facilité notre ouverture sur le marché nord-américain. On peut aussi compter sur un écosystème régional très aidant et ouvert au partage”, indique Fanny Carbillet. La scientifique regrette en revanche la lenteur des démarches d’autorisation de mise sur le marché et de remboursement en France. Seule une quinzaine de centres médicaux français sont aujourd'hui équipés de dosimètres élaborés par Alara. Quant aux tests de sensibilité, ils ne font pas encore partie de la routine médicale, faute de remboursement.