Son doctorat en biologie cellulaire et moléculaire ne devait logiquement pas l’amener à diriger Tequilarapido ni aucune autre agence de communication. Preuve que rien n’est écrit, dès lors que l’on suit ses appétences. "J’ai beaucoup aimé la recherche", explique Mimi Ferhat, "mais un peu moins le contexte des chercheurs, peu ouverts sur la société et les applications concrètes qu’elle peut avoir."
Pas de plan de carrière
De fil en aiguille, la jeune femme devient directrice de cabinet adjointe de la présidence de l’Université Nice Sophia Antipolis alors qu’arrive la loi LRU, relative à l’autonomie des Universités. "J’ai dit oui pour six mois maximum, j’y suis restée six ans. Cela a été une belle et riche expérience. L’Université est un acteur légitime, autonome, apolitique, qui fédère de façon naturelle des projets dans la société, dans la santé ou toute autre discipline. C’est un catalyseur très fort."
Lorsque le président quitte son poste, Mimi Ferhat part rajouter une ligne à son CV avec un MBA Finance "très formateur pour appréhender les enjeux d’une entreprise, comprendre le code des marchés, la finance…". Elle doit alors effectuer un stage en entreprise. Ce sera au sein de Tequilarapido, l’agence de communication créée à Nice en 1989. "Tequilarapido avait alors besoin de grandir dans son organisation et d’être accompagnée dans sa croissance, avec des outils et des méthodes de travail nouveaux. Je ne m’imaginais pas rester aussi longtemps et devenir directrice générale. Je n’ai pas fait de plan de carrière. Ce qui m’intéresse est de me mettre concrètement au service du projet." Mimi Ferhat dirige aujourd’hui près de 80 collaborateurs. L’agence travaille avec le groupe Renault, fait des campagnes pour les laboratoires Pierre Fabre, des sites corporate pour Bouygues, Sanofi ou Dassault Aviation.
Donner du sens à long terme
Mais en ces temps troublés par la pandémie de Covid, cela ne suffit plus. La dirigeante voit plus loin et veut donner plus de sens et de perspective à la communication. Cela prend la forme, en mars 2020, d’un think tank baptisé "Covidemain". Cette plateforme pluridisciplinaire met en lumière les initiatives et les données positives nées de la crise sanitaire. Elle permet aussi à des experts -philosophe, anthropologue, physicien, professeur en cardiologie ou data scientist -, de livrer leurs réflexions. "Cela donne un vrai recul car, par le prisme scientifique, on élabore des stratégies, des ouvertures. Qu’on le fasse dans la recherche ou dans l’entreprise, la question est la même : Comment monter une vraie stratégie sur des éléments factuels pour essayer de donner un maximum de projections et d’utilité ? On peut être à la fois très productif, exigeant, performant, rigoureux et aussi se poser la question du sens que l’on donne à tout cela, à moyen et long terme."
Tequilarapido n’en est pas moins impactée par la crise avec un chiffre d’affaires en baisse de 30 % (6,2 M€ avant Covid). Mais la directrice a choisi de maintenir l’emploi (+13 % depuis 2018) et ses investissements dans l’innovation afin de pouvoir diversifier son offre. "Ce qui compte aujourd’hui n’est plus la taille de l’entreprise mais son projet", plaide la dirigeante. En plus d’accompagner de grands noms du CAC 40, l’agence niçoise s’ouvre ainsi sur son territoire azuréen.
