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UPM-Chapelle d'Arblay : Le plan de la dernière chance
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UPM-Chapelle d'Arblay : Le plan de la dernière chance

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Le papetier finlandais UPM-Kymmene envisage de fermer la ligne 3 de son site de Grand-Couronne, dédiée à la production de papier journal. Les cadres et les salariés ont jusqu'à la fin mai pour démontrer que des alternatives crédibles existent.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Après l'annonce en novembre dernier de la mise en oeuvre d'un plan de sauvegarde au niveau européen qui allait entraîner la disparition de 196 emplois sur le site de Grand-Couronne (ex-Chapelle d'Arblay), le papetier finlandais UPM-Kymmene a accepté de différer sa mise en oeuvre de trois mois pour permettre aux représentants des cadres et des salariés du site de faire des propositions sur l'avenir de la ligne concernée. Le couperet final tombera, quoi qu'il arrive, fin mai !




Lobbying intense des élus

Face à leur détermination, largement relayée par un intense lobbying des élus locaux -le président de région Nicolas Mayer-Rossignol (PS), le député Guillaume Bachelay (PS), le sénateur Didier Marie (PS), le président du département Nicolas Rouly (PS) et le président de la Métropole Frédéric Sanchez (PS)- le papetier a accepté l'idée d'envisager une reconversion de l'outil concerné, voire de céder la « ligne 3 » de son usine de fabrication de papier journal à un futur exploitant qui n'entrerait pas en concurrence avec ses autres sites européens.




Une étude à 140.000 euros financée par les collectivités

Une hypothèse qui tient la route ? C'est ce que doit déterminer une étude en cours. Étude dont les élus locaux réunis en groupe de travail le 6 mars dernier au Conseil régional de Haute-Normandie ont validé le financement à hauteur de 80 % sur un coût total de 140.000€. Dans le détail, 40 % du montant sera pris en charge par la région Haute-Normandie, 20 % par le département et 20 % restants par la Métropole Rouen Normandie.




UPM réduit la voilure en Europe

En novembre 2014, le groupe finlandais avait annoncé un plan d'économie portant sur près de 150 millions d'euros qui devait être mis en oeuvre avant la fin de l'année 2015. Ce plan prévoit notamment la fermeture de plusieurs unités en Europe, dont la ligne 3 du site de Grand-Couronne. La réduction totale d'effectif en Europe doit au final toucher 550 personnes dont 196 à Rouen.



Un chiffre qui dépend aujourd'hui grandement de l'accueil qui sera fait par le groupe aux propositions développées dans l'étude. Pour le site de Grand-Couronne, la chute de la consommation de papier journal en Europe (-3 % en 2014) pèse lourd dans la balance. C'est l'unique site du groupe en France à produire du papier journal à partir de papier recyclé. Une production engagée dans les années 1980 pour faire face, déjà, à une crise du secteur. UPM compte notamment parmi ses clients le Figaro (« pages saumon ») et le quotidien régional Paris-Normandie. Depuis la fusion en 1996 entre UPM et Kymmene, le groupe a pourtant investi lourdement sur le site : 90 M€ en 1999 et de nouveau 86 M€ en 2007 pour sa chaudière biomasse. Ironie du sort, l'unité aujourd'hui menacée de fermeture a elle aussi bénéficié ces dernières années d'un investissement de près de 3 millions d'euros

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Chute de la consommation sur les marchés matures

Résultat des courses, « c'est une des plus belles unités du groupe », estime Arnaud Dauxerre, Responsable régional matières premières et membre de la commission industrielle chargée de faire des propositions pour l'avenir du site. Un site tourné vers l'export à 60 % qui pâtit essentiellement « d'un contexte de surcapacité mondiale et de baisse de la consommation sur les marchés matures » auxquels s'ajoute un ralentissement de la croissance dans les pays émergents jusque-là grands consommateurs de papier journal.




Nom de code : « Innoparc »

Alors que faire ? Pour les cadres et salariés concernés, pas question de se résigner. « Nous avons engagé une réflexion pour pousser le groupe à la pollinisation de notre site », explique Arnaud Dauxerre. Entendez : permettre l'éclosion d'activités alternatives, internes ou externes au groupe. Concrètement, le projet « Innoparc Chapelle d'Arblay » s'articule autour de six axes de transformation qui se déclinent à travers une dizaine de projets industriels (NDLR : lire ci-contre) qui vont de la valorisation des déchets à la production d'énergie en passant par la création d'un pôle maintenance qui s'appuierait sur les compétences des personnels. Ce qui est certain, c'est que l'unité en question n'accueillera pas de production de papier pour emballage sacherie. Le groupe s'y opposera, assure Arnaud Dauxerre, tant il nécessiterait de lourds investissements. Une option plus sérieuse passerait par l'utilisation d'une des deux chaînes de désencrage du site pour produire de la pâte pour du papier « ramette », voire la modification du centre d'affinage en centre de tri des flux fibreux issus des collectes. Des pistes que le groupe serait en mesure d'accompagner... Mais pas avant d'avoir achevé la réorganisation du site en « monomachine » telle que prévue dans le PSE. « Soit pas avant la fin du 1er voire du 2F semestre 2016 », estime Arnaud Dauxerre.





Guillaume Ducable

Rouen