Les technologies connectées se mettent au service de la filière équine
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Les technologies connectées se mettent au service de la filière équine

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La Normandie est la seule région à accueillir sur son territoire l’ensemble des familles de la filière équine, mais aussi près de 6 500 entreprises ayant un lien avec les équidés. Avec 18 000 emplois, le cheval constitue une véritable filière économique à part entière : 22 % du chiffre d’affaires équin des entreprises industrielles de la filière équine française est réalisé par des entreprises normandes.

Horsecom : grâce à une oreillette connectée, le cavalier peut diffuser de la musique à son cheval — Photo : Horsecom

A l’instar de la quasi-totalité des autres secteurs d’activité, la filière équine surfe également sur la vague des nouvelles technologies. « C’est un secteur très dynamique. Nous recevons chaque année environ deux cents projets d’innovation », confirme Audrey Aussibal, directrice du Pôle Hippolia, pôle de compétitivité dédié au domaine du cheval. Créé en 2005 et installé à Colombelles, aux portes de Caen, le pôle – unique en France – fédère un réseau de plus de 200 membres, de la start-up au grand groupe, sur l’ensemble du territoire. Il labellise entre 15 et 20 projets chaque année.

« Nous avons eu une forte poussée de start-up depuis 2014, mais cela commence un peu à se stabiliser. Paradoxe : la majorité des projets incubés n’étaient pas basés en Normandie au départ, ils ont fini par s’y installer, car le marché est ici plus qu’ailleurs. » En matière de nouvelles technologies, la France a clairement pris une longueur d’avance. « Au dernier CES, sur les quatre projets équins présentés, trois étaient français », confirme la directrice.

Boitiers connectés

Les objets connectés ont fait une apparition massive dans la filière depuis deux ans. Chevaux, cavaliers, entraîneurs bénéficient maintenant d’une technologie 2.0. Et beaucoup de ces entreprises sont normandes : le caennais Zakaria Antar vient récemment de développer une des premières sangles connectées avec sa société Seaver. Dotée de capteurs, la sangle donne en temps réel des flux d’information sur la condition physique du cheval. Une innovation qui a bénéficié d’une levée de 1,8 M€ auprès de GO Capital, Normandie Participation, Crédit Agricole Normandie, Normandie Business Angels, Horse Angels et d’investisseurs privés.

Képhyre : la guêtre connectée Kavale est capable de détecter une anomalie dès que le cheval sort de sa zone auparavant prédéfinie dans l’application — Photo : Képhyre

Dans le même ordre d’idée, la société Képhyre, qui a choisi de s’implanter en Normandie le 29 décembre dernier, a développé un boitier connecté dénommé « Kavale » qui assure la sécurité du cavalier et du cheval : « Grâce à Kavale, en cas d’accident, la chute est détectée et la position géographique est automatiquement remontée aux secours et aux proches. Le cheval est vite retrouvé grâce à l’émetteur GPS fixé sur la selle. De même, lorsque le cheval reste au pré sans surveillance, l’objet est capable de détecter une anomalie dès que le cheval sort de sa zone auparavant prédéfinie dans l’application », explique Anaïs Sorin, présidente de Képhyre. Kavale a remporté le prix public 2017 des Trophées de l’Innovation au dernier salon du cheval de Paris.

Casque audio et coach virtuel

La musique adoucit les mœurs, mais elle murmure également à l’oreille des chevaux, au sens littéral avec Horsecom : la société caennaise a inventé un bonnet audio qui s’adapte aux oreilles du cheval. Grâce à une oreillette connectée, le cavalier peut ainsi diffuser de la musique à son cheval. A cette fin, HorseCom mandate des artistes pour produire de la musique adaptée à chaque type d'entrainement.

Selon Hugo Kajdas, fondateur de Horsecom, « la musique favorise le bien-être du cheval en diminuant son stress et optimise son temps de récupération ». Le projet développé avec des experts en éthologie équine a été validé par deux ans de recherche scientifique : il a bénéficié d’une levée de fonds de 1,5 M€ en 2015 et commercialisé depuis juin 2016.

« La musique favorise le bien-être du cheval en diminuant son stress. »

Pour les entraînements, la start-up caennaise Nowkey propose une appli pédagogique qui, via une analyse vidéo de la séance, permet « une meilleure compréhension de la locomotion du cheval et de la posture du cavalier. »

Nowkey propose une appli pédagogique qui, via une analyse vidéo de la séance, permet une meilleure compréhension de la locomotion du cheval et de la posture du cavalier — Photo : Houdart-dollar

Wetod, quant à elle, a inventé le premier coach vocal virtuel qui propose des séances d’entrainement conçues par des experts.

Les objets connectés se trouvent aussi dans les carrières, les boxes, dans les vans : « On peut savoir combien d’eau le cheval a bu, gérer l’impact de la lumière sur le cheval, ou mettre des capteurs qui permettent de suivre l’hydrométrie de la carrière. »

A la pointe de la santé équine

La Normandie est également à la pointe de la technologie en matière de santé équine. Avec près de 400 collaborateurs, le Pôle d’analyses et de recherche Labéo de Saint-Contest (Calvados) est reconnu comme le 1er laboratoire européen en matière de diagnostic et de recherche sur la santé équine. Ses travaux sur les maladies équines sont à la pointe de la recherche internationale. Il souhaite développer dans l’avenir de nouveaux axes de recherche sur la résistance aux antibiotiques, l’asthme du cheval, l’avortement.

Le Centre d'Imagerie et de Recherche sur les Affections Locomotrices Equines (CIRALE), annexe de l’école vétérinaire d’Alfort, accueille près de 1 100 chevaux chaque année — Photo : Houdart-dollar

A Goustranville (Calvados), le Centre d'Imagerie et de Recherche sur les Affections Locomotrices Equines (CIRALE), annexe de l’école vétérinaire d’Alfort, accueille près de 1 100 chevaux chaque année. D’ici 2023, les activités équines de l’ensemble des écoles vétérinaires de France devraient être rapatriées sur le site normand : « si l’Etat ouvre cinq postes sur le site », précise le président de Région Hervé Morin qui négocie avec le Ministre de l’Agriculture, « Maisons-Alfort a promis de dégager quatre postes mais il en manquera cinq. Nous attendons la décision de l’Etat pour les cinq postes restants, sinon nous arrêtons le projet. Ce serait dommage car nous débloquons 30 millions d’euros dans ce projet qui doit transformer cette structure en plateforme équine de référence nationale.»

Des travaux de plus de 10 millions d’euros sont programmés sur le site afin d’y aménager une extension du bâtiment d’imagerie, des locaux cliniques complémentaires, une piste, une carrière d’expérimentation, un centre de physiothérapie et rééducation fonctionnelle, équipé d’une piscine panoramique pour chevaux.

Enfin, à L’Aigle (Orne), le groupe IMV Technologies est considéré comme le leader mondial sur le marché des biotechnologies de la reproduction. La société est à l'origine des principaux développements et applications liées à l'insémination artificielle et au transfert embryonnaire, notamment en matière équine. Chaque année, plus de 250 000 juments sont mises à la reproduction à l'aide des technologies d’IMV Technologies.

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