Marsaudon Composites : Changement de cap
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Marsaudon Composites : Changement de cap

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Après avoir démarré grâce aux moules composites, Marsaudon à Lorient veut se dédier aux multicoques. Échaudé par de mauvaises expériences comme sous-traitant, il tente aujourd'hui de lancer une série avec le monocoque MC 34 Patton.

— Photo : Xavier Eveillé

De beaux projets pour passer l'année. Mais insuffisants pour vraiment être serein. L'épisode de la défection de son client Alliaura a quelque peu plombé Marsaudon Composites. «Alors que nous étions à trois millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011, nous ne serons plus qu'à deux millions d'euros en 2012 à cause d'Alliaura», note Samuel Marsaudon, dirigeant de Marsaudon Composites. Heureusement, le constructeur basé à Lorient Keroman vient de débuter la construction d'un catamaran de luxe de 31mètres, pour un budget de 250.000euros. Une commande qui survient quasi simultanément avec la fabrication du pont d'un "cata" de croisière de 85pieds élaboré par le chantier JFA à Concarneau. Un volant de 15 à 20.000 heures de travail. «Au départ, j'avais réalisé un chiffrage pour les chantiers américains Derecktor, avec qui le client final ne s'est finalement pas entendu», explique Samuel Marsaudon. «Ils sont ensuite tombés d'accord avec JFA, nous avons été mis en relation grâce à Marc Lombard.»

La série pour le MC 34 Patton

Cet architecte naval est aussi responsable des plans du MC 34 Patton. Sur ce dernier dossier, Marsaudon Composites se lance un peu dans l'inconnu. Souhaitant enclencher la fabrication en série de ce monocoque. «Il serait commercialisé 230.000euros TTC. Si j'en vends cinq, je serais content», remarque Samuel Marsaudon. Tout dépendra de ses résultats dans des régates comme le Spi Ouest-France, où il n'a pour l'instant fini que huitième. Alors Samuel Marsaudon passe de longues minutes au téléphone avec son frère Vincent, dirigeant de l'entreprise voisine Lorima, pour améliorer le mât du MC 34 Patton et lui permettre d'atteindre un jour la première place. Depuis 2004, Marsaudon Composites a en tout cas vendu une quinzaine de bateaux sous sa marque, à chaque fois avec un mât Lorima, sur une fourchette de 350.000euros à troismillions d'euros de budget.

Problème des pays à bas coût

Mais l'avenir reste néanmoins très incertain. «L'époque n'est pas facile, avec la concurrence de plus en plus forte des pays à bas coûts du Maghreb, de Chine ou d'Europe de l'Est», constate Samuel Marsaudon. «Un bateau de croisière de luxe, c'est 50% de main-d'oeuvre. Or en France, elle est facturée en moyenne 38euros de l'heure quand ce tarif descend à neuf euros en Pologne, pour les mieux payés. En Chine, c'est trois euros. En France, nous n'arrivons à sortir du lot qu'avec moins d'heures de production. Grâce aussi aux finitions, aux techniques de composite et aux plans des bateaux. Notre architecture navale reste la meilleure au monde, à égalité avec les Anglais.» Samuel Marsaudon sait qu'il ne pourra plus vendre ses moules à Catana, Archambault, Fontaine-Pajot. Et doit donc se recentrer vers les bateaux entiers et tenter la série. Au moins le carnet de commandes est-il plein pour un an.

«Alliaura et les syndicats»

Aujourd'hui, Samuel Marsaudon se dit même prêt à reprendre quelques-uns des 25 salariés de Catlantech, qui avait été récemment rachetée par le P-dg d'Alliaura Mathieu Burthey. Les 70 salariés d'Alliaura ne sont en revanche pas les bienvenus. « Nous avons subi quelques mauvais coups là-bas », souligne Samuel Marsaudon. «Nous n'étions pas les bienvenus. Alliaura est une boîte où les syndicats avaient pris trop d'ascendant. Chef d'entreprise comme chefs d'équipes ne pouvaient plus faire la moindre remarque sur le travail effectué. Chez Alliaura, il faut 20.000 à 25.000 heures de travail pour faire un Privilège 615 alors que nous mettons 8.000 heures pour un Catana 52, un bateau qui est à peine plus petit. »

Samuel Marsaudon ne se reconnaissait pas dans l'ambiance de travail chez Alliaura. «En tant que sous-traitant, on m'y a interdit de travailler entre midi et deux.Ce n'est pas ma conception de l'entreprise. Ma boîte, je la gère comme une équipe et c'est un ancien handballeur de haut niveau qui le dit. Nous sommes tous dans le même bateau pour travailler, nous demeurons avant tout une entreprise familiale. » Famille qui, sous l'impulsion du patriarche Dominique Marsaudon, avait quitté Saint-Brieuc en 2001 pour devenir une des pierres angulaires du renouveau de Keroman.

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